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"À partir du moment où ce second procès existe, il faut qu'il serve" : le procès en appel des attentats de janvier 2015 rouvre le dossier

Deux accusés, sur les quatorze condamnés lors du premier procès fin 2020, ont fait appel du procès des attentats de janvier 2015 : Charlie Hebdo, Montrouge et l’Hyper Casher, qui avaient fait 17 morts.

Article rédigé par Mathilde Lemaire - édité par Phéline Leloir-Duault
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un dessin de presse représentant Me Richard Malkda pendant sa plaidoierie lors du premier procès des attentats de janvier 2015. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Alors que le procès des attentats de Nice entre dans sa deuxième semaine, dans une salle toute proche au Palais de Justice de Paris s’ouvre lundi 12 septembre au matin le procès en appel des attentats de janvier 2015Charlie Hebdo, Montrouge et l’Hyper Casher, qui avaient fait 17 morts. Si les terroristes, les frères Kouachi et Ahmedy Coulibaly, avaient été tués, 14 personnes avaient été jugées et condamnées lors du premier procès fin 2020. Mais deux accusés ont fait appel et se trouveront donc dans le box.

La défense adopte une nouvelle stratégie

D'un côté, Amar Ramdani, ami d'Amedy Coulibaly, le terroriste de Montrouge et de  l’Hyper Casher. Ils se sont connus en prison et pour les juges, il ne pouvait pas ignorer l'adhésion de Coulibaly à l’idéologie de Daesh. Juste avant les attaques, il a beaucoup échangé par téléphone et de visu avec lui. Amar Ramdani a été condamné à 20 ans de réclusion en première instance, il est aujourd'hui rejugé pour "association de malfaiteurs terroristes".

De l'autre, Ali Rizat Polat : on l'a vu nerveux, volubile et provocateur lors du premier procès. Il avait été condamné à 30 ans de prison et est rejugé pour "complicité de crimes terroristes". Il est soupçonné d'avoir aidé Amedy Coulibaly à se procurer les armes ayant servi lors des attaques. Selon les juges antiterroristes, Ali Rizat Polat apparaît "à tous les stades de la préparation" des attentats. Juste après ces attentats, il avait tenté de fuir en Syrie. Pour ce deuxième procès, il a changé d'avocat et a choisi Me Moad Nefati, qui mise sa stratégie de défense sur des pièces du dossier délaissées, selon lui, "dans une enquête bâclée"

"Ce sont des pistes d'enquête qui n'ont pas été explorées et évidemment ça rebat un peu les cartes, en ce qui concerne la démonstration du ministère public. En réalité, on propose une nouvelle lecture du dossier à la Cour." 

Me Moad Nefati, avocat d'Ali Rizat Pola

à franceinfo

"On a des carnets, des répertoires téléphoniques d'Amedy Coulibaly, qui donnent des informations intéressantes : on a des personnes qui appellent sur des cabines téléphoniques, donc manifestement qui tiennent à leur anonymat, détaille-t-il.

"Un combat d'idées" toujours d'actualité

296 parties civiles leur feront face : des rescapés, des blessés et des endeuillés. Certains reviendront à la barre livrer leurs témoignages, d'autres non car c'est trop éprouvant à revivre. Les attentes varient selon les histoires et les besoins de chacun. Comme en première instance, il y aura une dimension politique et intellectuelle. La liberté d'expression, le droit au blasphème et le combat contre l’antisémitisme seront au cœur des débats et plaidoiries. Parmi les nouveaux témoins cités se trouvent le poète opposant syrien Omar Youssef Souleimane et la rabbin laïc Delphine Horvilleur. Pour l'avocat de Charlie Hebdo, Me Richard Malka, "à partir du moment où ce second procès existe, il faut qu'il serve".

"Mon devoir est d'essayer de creuser toujours plus loin dans l'analyse des causes de ces attentats et de comment faire pour les combattre. Parce que la réponse doit être judiciaire évidemment, mais ce n'est pas comme ça qu'on gagnera ce combat-là, qui est d'abord un combat d'idées."

Me Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo

à franceinfo

Selon lui, ce combat d'idées "est toujours d'actualité malheureusement" : il prend comme exemple l'attentat contre Salman Rushdie ou l'assassinat d'Yvan Colonna "parce qu'il a mal parlé du Prophète". Richard Malka avait publié sa plaidoirie de première instance en intégralité, et travaille déjà sur la seconde, attendue autour du 15 octobre. Le verdict tombera le 21 octobre.

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