Inceste : le témoignage d’une ancienne victime

Son traumatisme, Delphine Delaunay l’a écrit noir sur blanc. Un premier livre qui raconte l’inceste dont elle a été victime enfant, et les conséquences sur sa vie. "Avant, j’étais en mode survie. Je luttais constamment par rapport à ces souffrances que je ne connaissais pas. Aujourd’hui je suis plutôt dans le mode combat, pour apprendre à vivre", dit-elle. Il y a quatre ans, sa vie basculait. Sa sœur aînée lui annonce qu’elle a été abusée sexuellement par leur père. Des souvenirs lui reviennent alors soudainement. 

L'amnésie traumatique 

"J’ai pu enfin me croire", assure-t-elle. Avant cette révélation, cette femme de 46 ans a vécu l’amnésie traumatique. Son cerveau a comme enfoui ses souvenirs, et elle a vécu dans un malaise perpétuel. Comment éviter ces années d’errance ? Dans son rapport, la Commission indépendante sur l’inceste préconise notamment un parcours de soins psychologique et psychiatrique bien défini : 20 à 30 séances, financées par la solidarité nationale. 

"Les coûts directs et indirects liés aux psychotraumatismes et la durée de leurs conséquences sont tellement élevés que l’on a intérêt, nous, société, à investir de l’argent pour rétablir au plus vite ces personnes, pour qu’elles retrouvent une place dans la société", analyse le Pr. Louis Jehel, chef du service Psychiatrie et Psychologie médicale au CHU d’Amiens (Somme).