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Frontières fermées, cas contacts isolés... Comment la France tente d'endiguer la diffusion du variant Omicron

Comme ses voisins européens, la France se retrouve lancée dans une course contre la montre pour contrôler sa propagation sur le territoire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Covid-19 : la nouvelle menace du variant Omicron inquiète les autorités et les scientifiques (Capture d'écran France 2)

Découvert le 25 novembre, le nouveau variant Omicron inquiète déjà le monde entier. En France, "huit cas possibles" de cette nouvelle souche du Sars-CoV-2 – le virus responsable du Covid-19 – ont été détectés, dimanche 28novembre, chez des personnes ayant voyagé récemment en Afrique australe. Ces cas doivent encore être confirmés par un séquençage des tests actuellement en cours, selon le ministère de la Santé. Face aux risques de contagion et en pleine cinquième vague de l'épidémie, le gouvernement tente d'endiguer la diffusion du variant Omicron. Franceinfo fait le tour des mesures prises. 

En suspendant les vols depuis certains pays

L'annonce de la découverte du nouveau variant a provoqué un vent de panique mondial et de nombreux pays, dont la France, ont décidé en quelques heures d'interdire sur leur territoire l'arrivée des voyageurs en provenance d'Afrique australe.

Dès le vendredi 26 novembre, Paris a suspendu tous les vols en provenance d'Afrique du Sud, du Lesotho, du Botswana, du Zimbabwe, du Mozambique, de la Namibie et de l'Eswatini (anciennement appelé le Swaziland). Cette suspension devait d'abord durer 48 heures, mais ces destinations resteront finalement fermées jusqu'au 1er décembre à minuit, a précisé le ministère de la Santé dans un communiqué (PDF).  

Pour le moment, cette mesure ne s'applique qu'aux pays d'Afrique australe. "On va attendre de voir l'évolution de la situation, mais en Europe nous n'avons jamais fermé complétement les frontières et on ne va pas fermer les frontières à l'intérieur de l'Europe", a assuré le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, sur France Inter. 

En renforçant le dépistage des voyageurs

Sur la même radio, Clément Beaune a aussi promis qu'un "protocole sanitaire renforcé" serait mis en place à destination des passagers en provenance de ces zones et qui transitent dans les aéroports français, estimant "qu'on ne peut pas vivre à 100% de suspensions de vols, car nous avons des ressortissants français qui ont le droit de rejoindre le territoire". Et d'ajouter :

"Il faut qu'il y ait un protocole très strict, de tests, d'isolement, de toutes les personnes qui reviennent de ces pays à fort risques."

Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes

sur France Inter

Outre ce renforcement, le gouvernement français a annoncé que les territoires ultramarins de La Réunion et Mayotte étaient eux aussi étroitement surveillés, en raison de leur "lien direct ou indirect" avec les pays d'Afrique australe. Depuis le 28 novembre, toute personne partant ou arrivant d'un de ces deux départements d'outre-mer doit être munie d'un résultat de test ou d'examen de dépistage négatif réalisé moins de 48 heures avant l'embarquement. Et ce, même si elle est vaccinée. 

En isolant les cas contacts même vaccinés 

Au-delà de la question des voyages, les mesures sanitaires sont également renforcées pour tenter de contenir la diffusion d'Omicron, en attendant d'être fixé sur la nature de ce variant, notamment sur sa dangerosité. Ainsi, dès qu'un cas possible de contamination au variant Omicron est identifié, et avant même la connaissance des résultats du séquençage, la personne atteinte est contactée par l'Assurance-maladie afin d'être isolée le plus rapidement possible.

Les personnes identifiées comme "cas possible" sont celles qui se sont rendues en Afrique australe dans les 14 derniers jours, soit entre le 14 et le 28 novembre, et ayant un résultat de test positif avec un criblage négatif pour les mutations retrouvées dans les autres variants préoccupants (Alpha, Bêta, Gamma, Delta). 

Cette mise en quarantaine concerne également l'ensemble des individus ayant été en contact avec un "cas possible", quel que soit leur statut vaccinal. Celles-ci doivent être également testées et suivies par l'Assurance-maladie et les ARS.

En passant au crible les tests positifs

De nombreuses incertitudes entourent encore la dangerosité et la transmissibilité du variant Omicron. Du fait de ses "mutations qui pourraient conférer un potentiel d'échappement à la réponse immunitaire tout comme possiblement donner un avantage en termes de transmissibilité", l'Organisation mondiale de la santé estime qu'il présente "un risque très élevé" de diffusion au sein de la population mondiale. Même si, "à ce jour, aucun décès associé au variant Omicron n'a été rapporté", souligne l'OMS. 

En France, des travaux sont en cours pour approfondir les connaissances sur ce variant comportant "32 mutations", précise Santé publique France sur son site. La communauté scientifique se questionne sur l'éventuelle résistance d'Omicron aux vaccins existants et sur la gravité des symptômes qu'il peut engendrer. En attendant, la surveillance est renforcée afin de repérer tout signal épidémiologique, comme une hausse de l'incidence, qui pourrait constituer une alerte.

Tous les tests positifs sont systématiquement criblés afin de détecter ceux suspectés de présenter le génome du variant Omicron. Tous les tests suspects feront ensuite l'objet d'un séquençage complet afin de confirmer ou non la présence d'Omicron. Pour détecter la présence d'Omicron en France, en plus du criblage, "nous réalisons entre 6 000 et 12 000 séquençages par semaine", a assuré le ministre de la Santé.

En élargissant la dose de rappel à tous

"A l'heure à laquelle je vous parle, qu'il y ait ou non un ou deux ou dix cas de personnes contaminées par ce variant en circulation en Europe, voire en France, n'impacte pas le profil de la vague épidémique que nous connaissons. C'est une vague qui est déjà liée à un variant très contagieux, le variant Delta", a fait valoir Olivier Véran dimanche soir. Pour faire face à cette cinquième vague, le gouvernement a annoncé que tous les adultes âgés de 18 ans et plus étaient éligibles à une dose de rappel.

Cette troisième dose pour les personnes n'ayant jamais eu le Covid-19 (ou la deuxième pour ceux l'ayant déjà contracté) doit être administrée au minimum cinq mois après la dernière injection de vaccin (Pfizer-BioNTech, Moderna ou AstraZeneca) et quatre semaines après l'injection unique de Janssen. S'il est encore trop tôt pour savoir si la protection conférée par les vaccins fonctionne aussi sur Omicron, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a tout de même appelé les citoyens européens à faire leur rappel d'ici à trois semaines dans l'optique d'enrayer la propagation du variant.

"Il ne faut pas attendre", confirme le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil. Selon ce spécialiste de la vaccination, interrogé par franceinfo, "l'arrivée d'un nouveau variant est une indication à faire cette dose supplémentaire" puisqu'en recevant une dose supplémentaire de vaccin, "on va mobiliser des populations particulières et on va permettre d'induire un taux d'anticorps assez élevé". Il rappelle ainsi que "cette troisième dose a un effet immunologique beaucoup plus large".

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