Pass sanitaire au travail : "Est-ce aux chefs d’entreprise d’exercer" des "pouvoirs de police ?", interroge le président délégué du Medef
Perplexe face à ce projet du gouvernement, Patrick Martin estime sur franceinfo qu'"il faudrait mettre en œuvre des équipes de contrôle à l'entrée de ses bureaux".
"D'une certaine manière, l'État reporte sur les chefs d'entreprise une décision ou des mesures qu'il ne veut pas prendre lui-même à titre général, c'est-à-dire l'obligation vaccinale", explique Patrick Martin, le président délégué du Medef, invité ce dimanche de franceinfo, alors que le gouvernement évoque un possible pass sanitaire en entreprise.
"Le risque pour le chef d'entreprise, s'il ne fait pas face à ses responsabilités, c'est 45 000 euros d'amende et un an d'emprisonnement", explique-t-il. "Est-ce aux chefs d'entreprise d'exercer d'une certaine manière des pouvoirs de police en s'exposant à des peines très lourdes ?", interroge-t-il.
Patrick Martin évoque également les problèmes pratiques qu’engendrerait cette mesure : "Je vais vous donner simplement un exemple pour ma propre entreprise. En l'occurrence, j'ai plusieurs centaines de salariés qui sont des commerciaux itinérants et qui se rendent dans leur bureau une à trois fois par mois. Comment va-t-on contrôler que ces salariés qui sillonnent la France ou l'étranger se conforment à l'obligation ?", déclare-t-il. "Il faudrait mettre en œuvre des équipes de contrôle à l'entrée de ses bureaux", ajoute le président délégué.
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"Ne faisons pas porter à l'entreprise le chapeau de politiques publiques"
De plus, il émet des inquiétudes sur l’acceptation des mesures pour les personnes qui refuseraient de présenter un pass valide. "Ça n'a pas été véritablement le cas pour les secteurs qui sont déjà soumis à ce pass, comme dans les cafés, hôtels, restaurants, alors que l’on craignait des tensions très fortes. Mais là, on changerait d'échelle, on changerait d'organisation".
"Les entreprises se conformeront à la législation comme elles scrupuleusement depuis mars 2020", rappelle-t-il, à la veille d’une réunion avec la ministre du Travail, Elisabeth Borne : "On sera évidemment constructif. Mais ne faisons pas porter à l'entreprise le chapeau de politiques publiques qui sont nécessaires, mais qui ne sont pas forcément de sa responsabilité".
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