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Couvre-feu : pourquoi les déplacements ne sont-ils pas interdits entre les différentes régions ?

Emmanuel Macron a pris de nouvelles mesures restrictives mercredi soir. Pourtant, il a confirmé le choix du gouvernement d'inciter les Français à se déplacer pendant les vacances de la Toussaint. On vous explique ce paradoxe.

Article rédigé par franceinfo
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Des passagers en gare Montparnasse (Paris), le lendemain du déconfinement, le 12 mai 2020. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

L'objectif du gouvernement est clair : réduire le nombre de contaminations quotidiennes au coronavirus. Emmanuel Macron a martelé, dans son interview télévisée mercredi 14 octobre, que le gouvernement doit prendre "des mesures plus strictes" que celles prises ces derniers mois pour réduire les contaminations "par jour de 20 000 (actuellement) à 3 000 ou 5 000".

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Pourtant, malgré un couvre-feu en Ile-de-France et dans huit autres métropoles qui concerne environ 20 millions de Français, les déplacements entre les différentes régions ne sont pas interdits comme ce fut le cas pendant le confinement. Pour quelles raisons ?

Parce que les vacances approchent

Le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a incité lundi 12 octobre les Français à "réserver" leurs vacances de la Toussaint, qui débutent samedi 17 octobre. Interrogé sur cet apparent paradoxe lors de son interview, Emmanuel Macron a assumé la prise de parole de son ministre. "On sait que quand on est dans des espaces qui sont ouverts, on peut prendre l'air. On sait que quand on est justement dans des lieux où on peut sortir, on lutte plus efficacement contre le virus" , a-t-il justifié.

"Donc demander aux gens de rester chez eux dans un appartement et de ne pas aller dans un lieu de vacances, honnêtement, ce serait disproportionné et parfois contre-intuitif."

Emmanuel Macron

sur TF1 et France 2 

"Je ne vais pas dire aux gens 'on vous empêche de bouger de votre ville, on vous empêche 3 jours avant de partir en vacances'. Là vous me diriez 'vous infantilisez les gens'", a conclu le chef de l'Etat.

Parce que l'épidémie touche toute la France

A la différence du printemps et du confinement, où l'épidémie était très vive en Ile-de-France et dans le Grand-Est, le virus est désormais présent sur tout le territoire, mais circule désormais moins vite, avancent les autorités sanitaires et le gouvernement. 

Une mesure justifiée, selon Pascal Crépey, épidémiologiste à l'Ecole des hautes études en santé publique, interrogé par Le Parisien (article payant). "Le virus est déjà partout, il n'y aura pas de risque d'exportation, estime-t-il. Le problème n'est pas le déplacement mais le brassage de population. Il faudra toujours, où l'on se trouve, limiter ses contacts, respecter les gestes barrières."

Parce que les métropoles sont plus peuplées

Un autre argument du gouvernement est de réduire la densité dans les grandes métropoles en permettant les mouvements des habitants des grandes villes vers les zones moins peuplées. Ainsi, les zones très denses deviennent moins à risque car moins peuplées. "C'est un peu ce que l'on avait vécu au début du confinement. Est-ce que pour autant, on a eu du virus qui s'est mis partout ? Non", a justifié le président, en référence notamment aux déplacements des Parisiens vers la province pendant le confinement. 

Parce que c'est difficile à mettre en place

Un autre paramètre est à prendre en compte : la faisabilité d'une telle mesure. "Comment voulez-vous mettre en place des restrictions de déplacement quand les mesures sont prises au niveau des métropoles ou même d’une région ?" souligne ainsi l’épidémiologiste et modélisateur Mircea Sofonea, interrogé par Le Monde. "ll faudrait remettre en place des contrôles systématiques sur les grands axes routiers. Ce serait extrêmement coûteux et pas tellement efficace, puisque l'essentiel du territoire n'est pas soumis à ce type de restrictions", développe-t-il.

Parce que "la règle des six" s'applique partout

A son domicile ou sur son lieu de vacances, pas question de relâcher ses efforts. Pour la première fois, le chef de l'Etat a d'ailleurs demandé aux Français de limiter leurs contacts à six personnes. Cette règle s'applique même pendant les vacances, a souligné le président de la République : "On dit 'vous pouvez partir en vacances parce que ce serait disproportionné de vous empêcher de le faire'. Mais si vous allez en famille, si vous allez avec les grands-parents, si vous allez avec des membres de votre famille qui sont fragiles, il est impératif de respecter les règles d'usage, c'est-à-dire même dans le cadre familial, de mettre vos masques si vous ne venez pas d'être testé."

Pour autant, il n'est pas question pour l'instant d'inscrire cette règle dans un texte de loi. "Ce n'est pas des règles qu'on va mettre dans des décrets, des protocoles partout. Ce sont des règles dont je voudrais que chaque citoyenne et citoyen se les approprie pleinement parce que ces réflexes sont importants."

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