"On ne supportait plus de rester cloîtrés" : ils ont décidé de quitter Paris après le confinement
Après deux mois de confinement pour cause de coronavirus, de nombreux habitants de la capitale et de la banlieue parisienne ont décidé de déménager pour vivre en région. "On a pris 1 000 euros de plus au mètre carré", constate un agent immobilier de Tours.
C'est une nouvelle vie à Champtocé-sur-Loire, près d'Angers dans le Maine-et-Loire, pour Stéphanie, Mathieu, leur bébé Elliot, Noha âgé de 15 ans, et surtout pour Neige. "C'est mon chat, qui est peut-être le plus heureux du changement de vie. C'était un chat d'appartement qui avait peur de sortir, qui regardait les oiseaux dans la rue à Montreuil, et maintenant elle peut aller les chasser. Donc elle est très heureuse", sourit Mathieu.
Sept mois après le début du confinement, la famille a totalement changé de vie. Ils font partie des nombreux Français que cette cette longue période d'isolement dû à l'épidémie de Covid-19 a poussé à l'introspection. Beaucoup de citadins enfermés dans un appartement ont rêvé de campagne, de maison avec jardin. Cette famille a concrétisé ce rêve.
"On a l'impression de vivre en vacances"
Depuis le 8 août, Neige peut donc chasser. La famille, originaire de Montreuil, s'est installée définitivement dans sa nouvelle maison. Mathieu a toujours vécu en Île-de-France. Stéphanie, infirmière, avait depuis quelques années le désir de partir. Le confinement a scellé cette envie et accéléré leur départ.
On n'a très vite plus supporté de rester cloîtrés dans la même ville, de faire tous les jours la même balade. Et puis quand on en a marre de quelque chose, on ne voit que les défauts.
Stéphanieà franceinfo
À partir de là, tout va très vite pour le couple. "On a trouvé la maison assez rapidement, donc on a pu se projeter", explique Stéphanie. "Surtout que pendant le confinement, on a pu avoir le temps de chercher", renchérit Mathieu. Ils ont trouvé une jolie maison, avec du lierre qui court sur la façade et des volets bordeaux. "La cuisine et le salon, ça fait 50m². C'était la taille de notre ancien appartement avant", s'extasie Mathieu. "Depuis le 8 août, on a l'impression de vivre en vacances quand on sort. Il y a la Loire à deux kilomètres, qui est magnifique, plein de châteaux dans le coin, les vignes... Avant, je me levais pour aller au travail. Aujourd'hui, je me lève pour aller au grenier et télétravailler avec la vue sur la vallée de la Loire."
Les biens se raréfient, les prix grimpent
Ça fait rêver, et d'autres Français ont franchi le pas comme cette famille. Helianthe Patte est agent immobilier depuis vingt ans à Tours. Depuis le déconfinement, il n'a plus rien à proposer en résidence principale et secondaire. Ses clients sont sur liste d'attente.
C'est l'explosion. Moi, en ce moment, je n'ai rien. Les notaires qui travaillent n'ont absolument rien. Il y a beaucoup de monde qui arrive tout d'un coup.
Helianthe Patteà franceinfo
Tout a été acheté très rapidement par des habitants de banlieue ou des Parisiens, confie l'agent immobilier, qui constate que "l'arrivée de toutes ces personnes fait monter le marché de façon très importante. On a pris 1 000 euros de plus au mètre carré. Maintenant, pour quelque chose de convenable, on est plutôt sur du 4 000 euros le mètre, et puis ça peut même être encore au dessus." Cette hausse des prix a des conséquences pour les habitants locaux et les primo accédants, qui sont obligés d'acheter un peu plus loin maintenant pour trouver une maison.
Les prix qui augmentent sont aussi révélateurs d'une tendance à la migration. Christine Fumagalli, présidente du réseau Orpi, commence à dessiner une première cartographie des déplacements. "Le Perche, qui a toujours été une destination de résidence secondaire, évolue aujourd'hui avec des catégories plutôt de cadres supérieurs", analyse-t-elle. "On a également Saint-Amand-Montrond, dans le Cher, qui suit la même voie, la même logique, puisqu'on a des prix en augmentation de 14% dans cette ville."
On a toujours nos grandes villes de province comme Nantes, Tours, Angers, Orléans, Évreux, Toulon, qui ont presque explosé en sortie de confinement.
Christine Fumagallià franceinfo
"On s'est demandé si les projets allaient rester au stade de projet. Mais là, ça passe à des concrétisations. On a des personnes qui achètent", témoigne-t-elle.
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