Cet article date de plus de trois ans.

L'Europe du Nord, modèle pour l'accession des femmes au pouvoir

L'une est présidente, l'autre Première ministre : cette semaine, l'Estonie est devenue le premier pays au monde à être dirigé par deux femmes. Plus largement, l'Europe du Nord est un modèle de gouvernance au féminin.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Kaja Kallas, nouvelle Première ministre en Estonie, au Parlement à Tallinn, le 25 janvier 2021. (RAIGO PAJULA / AFP)

Cette semaine, pour la première fois de son histoire, l'Estonie s'est choisi comme cheffe de gouvernement une femme : Kaja Kallas, 43 ans.

Des trois pays baltes, l'Estonie est le plus au nord, en bordure du golfe de Finlande. Comme les autres, il partage sa frontière orientale avec la Russie. Pays de taille très modeste : à peine 1,3 million  d'habitants (moins que l'agglomération de Marseille-Aix-en-Provence).

Kaja Kallas, une libérale de centre-droit, est europhile (elle a été députée européenne de 2014 à 2018) et fille d'un ancien Premier ministre estonien. Cette ancienne avocate est par ailleurs passionnée d'innovation et de technologie numérique. Son pays est d'ailleurs déjà à la pointe dans ce domaine.

Et comme en Estonie le président est depuis 2016... une présidente, le pays est désormais la première république au monde où le sommet de l'État est 100% féminin (si l'on excepte la reine Elizabeth du temps où Theresa May était au 10 Downing Street, la souveraine ne remplissant qu'un rôle honorifique au Royaume-Uni).

Pays nordiques: six pays sur huit dirigés par des femmes

Le nord de l'Europe est un modèle du genre. Sur les huit pays nordiques, six sont dirigés par des femmes. Relativement jeunes : 45 ans de moyenne d’âge, qui représentent toutes les nuances de l’échiquier politique – sauf les extrêmes : une social-démocrate au Danemark, Mette Frederiksen ; une conservatrice en Norvège, Erna Solbergau pouvoir depuis huit ans ; une économiste en Lituanie, Ingrida Symonite. En Finlande, Sanna Marin, qui a eu régulièrement les honneurs de la presse, à la tête d'une coalition de cinq partis tous dirigés par des femmes. Hors UE, en Islande, une Verte féministe, Katrin Jakobsdottir.

Ne restent que la Lettonie (qui a déjà été dirigée par une femme) et la Suède, seule réelle exception au tableau.

C'est un vrai mouvement de fond.. mais qui reste cantonné au nord de l'Europe. Plus au sud ? Grèce, Espagne, Italie, Portugal et France ? C'est le vide intersidéral : zéro présidente, zéro Première ministre.

Plus à l'est ? En dehors de l'exceptionnelle longévité d'Angela Merkel en Allemagne, le tableau n'est pas brillant. Sur 27 États membres de l'UE, dix n’ont jamais nommé une femme cheffe de l’État ou du gouvernement.

Les femmes encore très minoritaires dans le reste du monde

À l'échelle mondiale, seuls 11% des pays sont dirigés par une femme. 

Et ce n'est pas une surprise, ce sont en général ceux qui sont les premiers à leur avoir accordé le droit de vote et la possibilité de se présenter aux élections. C'est le cas de la Finlande et de la Nouvelle-Zélande, qui a accordé aux femmes le droit de vote en 1893 (51 ans avant la France, deux générations !)

On peut aussi voir le verre à moitié plein, se dire que les femmes sont de plus en plus nombreuses dans les Assemblées nationales. Là encore si on fait une moyenne au niveau mondial (ce qui recouvre bien sûr de grandes disparités) elles représentent 25%, soit un quart des députés.

En 2020, de très sérieuses études conduites par "Forbes" et le "Guardian" ont montré que les pays qui maîtrisaient le mieux l'épidémie de coronavirus étaient les pays dirigés par... des femmes. Pas sûr toutefois qu'elles aboutiraient au même résultat en ce début d'année 2021, tant la pandémie a pris tous les dirigeants de court. Qu'ils soient hommes ou femmes !

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.