Le Royaume-Uni est touché par une pénurie de tomates, l'Espagne refuse de porter le chapeau
Les britanniques manquent de tomates venues d'Espagne, quand ce n'est pas le cas d'autres pays européens comme la France ou l'Allemagne. Que se passe-t-il ?
Les producteurs espagnols refusent de porter le chapeau
La météo est en partie responsable : une production de tomates est arrivée plus tôt que prévue avec des températures plus douces que d’habitude fin 2022. Une autre production est arrivée plus tard, avec au contraire une vague de froid et un manque de soleil à partir de janvier. "Un produit qui pousse d’habitude en 90 jours comme une laitue par exemple, a besoin cette fois-ci de 110 ou 120 jours. Cela provoque une réduction de l’offre disponible. On parle d’une baisse d’entre 20 et 35%", explique Fernando Gómez, directeur général de l’association des producteurs et exportateurs de la région de Murcie, au sud-est de l’Espagne, qui fait partie de ce que l’on appelle le potager de l’Europe.
Mais les mêmes causes ne produisent pas des effets partout : certaines chaines de supermarchés britanniques ont négocié les prix en mai ou en juin 2022. Depuis, il y a eu six mois d’inflation en plus des problèmes météo. Dans ces conditions, il y a des clients qui ont accepté des hausses de prix, et d’autres non : "Dans une conjoncture où tout le monde perd une partie de sa production et où les prix montent, si on refuse d'assouplir ses conditions et d'accompagner son fournisseur dans la situation difficile qu'il affronte, alors il ne faut pas ensuite exiger qu'il résolve tous les problèmes. En réalité, certains supermarchés ont contribué au problème. Certains supermarchés ont décidé de ne pas proposer ces produits à leurs clients", détaille Fernando Gómez.
Il faut ajouter à cela le Brexit, qui fait augmenter les prix du transport et complique les démarches pour exporter.
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Le Royaume-Uni rationne ses tomates
Le Royaume Uni manque donc de tomates, au point que plusieurs supermarchés ont décidé de les rationner. C'est le cas chez Tesco, Morrison’s ou encore Aldi. Et il n'est pas rare que les tomates aient totalement disparu des rayons en fin de journée.
Le Brexit est en partie responsable de la situation : importer des fruits et légumes qui viennent du marché commun européen est devenu plus compliqué. Chaque camion doit remplir et présenter des documents à la douane. Le Brexit empêche également les maraîchers britanniques d’embaucher des travailleurs européens pour des tâches basiques comme la cueillette.
Mais le principal problème, c'est la météo, avec des températures froides cet hiver, dans des pays fournisseurs et aussi au Royaume-Uni, avec des périodes de gel très tardives. Cela a eu pour conséquence d’anéantir ou au moins de réduire les récoltes habituelles. Il s'agit souvent de cultures sous serre, qu'il faut chauffer. Or, le prix de l’énergie et donc du chauffage a explosé cet hiver et les agriculteurs se retrouvent avec des factures trop lourdes à supporter. Certains ont donc réduit leur production, pour ne pas vendre à perte.
Le Royaume Uni dépendait aussi beaucoup du gaz russe, il a donc fallu trouver d’autres sources et payer plus cher. C’est vrai aussi pour le carburant, avec un impact direct sur les productions agricoles puisqu’il faut utiliser des engins et faire le plein régulièrement. La production de tomates, salades et concombres est donc au plus bas. Un niveau jamais atteint depuis qu’il est mesuré, c’est-à-dire près de 40 ans.
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