Bilan de l'année 2023 et perspectives de l'année 2024 au Royaume-Uni et en Allemagne

Le club des correspondants s'intéresse aux faits qui ont marqué l'année 2023 et aux dossiers qui occuperont l'année 2024 à Londres et à Berlin.
Article rédigé par Richard Place, Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Fin de l'année 2023, quelles perspectives pour 2024 ? Photo d'illustration. (GUOYA / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

À la fin de l'année 2023, l'heure des bilans approche. Nous partons au Royaume-Uni et en Allemagne pour savoir ce qui a caractérisé l'année qui se termine et savoir ce qui sera au centre des préoccupations en 2024. Au Royaume-Uni, l'année 2024 sera celle des élections générales et le parti conservateur au pouvoir n'est pas en bonne position dans les sondages. En Allemagne, les crises économiques et politiques se sont succédé et de nombreuses incertitudes planent sur le pays pour 2024.

Royaume Uni : le Premier ministre a du mal à rassembler

L’année 2023 aura, bien sûr, été marquée, par le couronnement d’un nouveau monarque, Charles III, le 6 mai. Mais d’un point de vue politique, ce qui marque c’est l’explosion en plein vol de la majorité. Le Premier ministre, Rishi Sunak, a dû mouiller la chemise pour faire passer un vote à la chambre des Communes sur un projet de loi pour lutter contre l’immigration clandestine. Tiraillé d'un côté par une frange dure qui trouve que le texte ne va pas assez loin et de l’autre côté par des élus soucieux de ne pas aller trop loin et notamment de ne pas renier des engagements internationaux. En poste depuis un an et trois mois, Rishi Sunak a succédé à Liz Truss et Boris Johnson, qui avaient été éjectés par leur propre camp. L’actuel Premier ministre a hérité d’une situation compliquée, avec en plus deux prédécesseurs qui lui mettent des bâtons dans les roues dès qu’ils le peuvent.

Si l’on regarde quelques chiffres, Rishi Sunak obtient des résultats. Sur l’immigration clandestine, les bateaux qui traversent illégalement la Manche, une véritable obsession chez certains conservateurs, ce chiffre est à peu près redescendu au niveau de 2021, après une année record en 2022. Et l’inflation se situe aujourd’hui à 3,9%, jamais elle n’a été aussi basse depuis plus de deux ans. Elle s’élevait à 11,1% quand il s’est installé à Downing Street. Mais le pays reste fragile, les inégalités économiques se sont accrues, l’énergie coûte très cher et les taux d’intérêt s’envolent.

Le parti conservateur au pouvoir regarde d’autres chiffres, ceux des sondages en vue des élections générales qui auront lieu en 2024. Et ils ne sont pas bons du tout, en moyenne, les conservateurs accusent 20 points de retard sur les travaillistes. Un écart "impossible à rattraper", jurent la plupart des observateurs. C’est le Premier ministre qui décidera de la date des élections, sans doute en mai ou en octobre. Octobre pourrait lui donner du temps pour essayer de redresser la barre, notamment pour que les électeurs remarquent les baisses d’impôts qu’il vient de décider. Mais si la situation devient ingérable, en particulier si la pression de ses députés se maintient voire augmente, il pourrait déclencher le scrutin plus tôt.

D’un point de vue électoral, Rishi Sunak essaie ces derniers mois de trouver des points flagrants de désaccords avec l’opposition. Il y en a deux principalement. Sur les moyens de lutter contre l’immigration illégale, il montre les muscles, affirmant que son adversaire n’aurait pas suffisamment de poigne à sa place. Et sur la protection de l’environnement, le conservateur joue la carte du bon sens qui voudrait que les changements soient mesurés. Il fustige l’écologie punitive, les restrictions. Il est d’ailleurs revenu sur plusieurs engagements en la matière. Les conservateurs sont au pouvoir depuis maintenant 13 ans et ils essaient de s’y accrocher.

Allemagne : montée de l'extrême de droite et pénurie de main-d’œuvre

Le mot choisi par la société de la langue allemande pour l'année 2023 résume la situation : c’est "krisenmodus", un mot-valise qui signifie "mode crises". D'abord une crise gouvernementale avec les trois partis au pouvoir qui se déchirent et un gouvernement plus impopulaire que jamais. Il dégringole dans les sondages alors que l’extrême droite fait le chemin inverse. Désormais deuxième force politique du pays, l’AfD a remporté plusieurs scrutins symboliques, dans des villes ou des régions de l’ex Allemagne de l’Est.

L’autre crise est budgétaire, elle est liée à une intervention de la cour constitutionnelle qui a annulé le montage financier que prévoyait le gouvernement. Par conséquent, l’Allemagne doit combler un déficit de 60 milliards d’euros. Économiquement, l’année a été marquée par la prise de distance de l’Allemagne vis-à-vis de Pékin. Berlin ne considère plus la Chine uniquement comme un partenaire commercial incontournable mais désormais aussi comme un concurrent. Il n'est plus question, pour Berlin, de s’enfermer dans une trop grande dépendance vis-à-vis de Pékin et de reproduire la même erreur qu’avec la Russie et son gaz. Économique, il y a deux bonnes nouvelles pour l'Allemagne. D'une part le ralentissement de l’inflation, qui est trois fois plus faible qu’il y a un an. Et d'autre part des réserves de gaz remplies à 94%, ce qui permet de passer l’hiver sans risque de pénurie.

De nombreuses incertitudes planent sur l'année 2024. Tout d'abord la montée de l'extrême droite, l'AfD pourrait confirmer son ascension, dans trois de ses bastions (Saxe, Thuinge et Brandebourg), lors des trois scrutins régionaux de l'été. Ensuite l'avenir du Deutschlandticket, le passe mensuel à 49 euros qui permet de voyager dans toute l’Allemagne. Ce ticket coûte cher à l’Etat et aux régions qui doivent débattre de son financement et décider probablement d’augmenter son prix. Et surtout, l'Allemagne fait face à une pénurie de personnel qualifié qu'elle n'est pas sûre de résorber. Près de deux millions de postes sont vacants et Berlin a pris des mesures pour faciliter l’arrivée de main-d’œuvre étrangère.

Beaucoup d’interrogations mais une certitude, l’Allemagne accueille, à partir du 14 juin, l’Euro de football. La Mannschaft, la sélection nationale, est loin d’être au mieux de sa forme en ce moment, et c’est un euphémisme. Mais les Allemands espèrent un rebond pour oublier, au moins pendant un mois, les autres problèmes du pays.

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