Royaume-Uni : après le limogeage de Braverman et le retour de Cameron, le parti conservateur reste divisé à l'approche des élections
Mais où va le parti conservateur ? À la recherche d'un nouveau souffle à quelques mois des élections, le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a remanié le gouvernement. Tout a commencé dans la matinée du lundi 13 novembre par le renvoi de la ministre de l'Intérieur Suella Braverman. C'est une tribune qu'elle avait publiée dans le Times qui a scellé son sort. Elle y décrivait un "deux poids, deux mesures" de la part de la police : "Les manifestants de droite et nationalistes qui se livrent à des agressions se heurtent à juste titre à une réponse sévère. Mais des foules pro-palestiniennes affichant un comportement presque identique sont largement ignorées."
Un texte que Downing Street n'avait pas validé. Une position qui n'était donc pas partagée par le Premier ministre. Rishi Sunak a décidé de sévir. Suella Braverman est une habituée des déclarations chocs. Elle avait notamment expliqué que renvoyer des demandeurs d'asile vers le Rwanda "était son rêve et son obsession" et assimilé le fait de vivre à la rue à un "mode de vie". Elle plaît aux conservateurs les plus radicaux et à l'extrême droite. Son éviction aujourd'hui ne met pas fin à sa carrière politique. Au contraire, elle pourrait devenir une sérieuse rivale de Rishi Sunak et viser la tête du parti.
Un come-back surprise et une majorité fragilisée
Pour la remplacer, le ministre des Affaires étrangères James Cleverly est nommé à l'Intérieur laissant la place au come-back inattendu de David Cameron. Le nouveau ministre des Affaires étrangères avait disparu de la vie politique il y a sept ans après le référendum sur le Brexit. L'ancien Premier ministre avait quitté le pouvoir en 2016 après la victoire du "Leave" lors du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, à laquelle il était opposé.
Un étonnant choix donc de la part de Rishi Sunak qui veut incarner le renouveau d'un parti rongé par des querelles internes et qui fait du neuf avec du vieux. Ces dissensions sont menées par l'ex-Premier ministre Boris Johnson et ses fans, persuadés qu'il a été victime d'un complot et qu'il est toujours l'homme du peuple. Des querelles conduites aussi par Liz Truss et ses adeptes dont les décisions économiques ont semé le chaos mais qu'elle défend toujours. Et maintenant, la fronde est menée par Suella Braverman, égérie de l'extrême droite qui rejoint les rangs des ennemis de l'intérieur du parti au pouvoir.
Une situation qui fragilise encore plus la majorité. Il y a moins de quatre ans, les conservateurs écrasaient les élections générales et s'offraient une très large majorité. À l'approche du scrutin en 2024, minée par ces querelles internes et l'absence de solutions pour réduire le coût de la vie, pour empêcher les arrivées illégales de réfugiés ou pour faire fonctionner le Brexit, ils sont aujourd'hui donnés perdants dans tous les sondages.
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