Nucléaire iranien : le sénateur LR Roger Karoutchi déplore "l'absence d'unité diplomatique européenne"
Roger Karoutchi, sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine, était l'invité du "19h20 politique" de franceinfo mercredi 9 mai.
Au lendemain de la décision de Donald Trump de retirer les États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, le président français Emmanuel Macron, s'est entretenu par téléphone avec son homologue iranien Hassan Rohani. "La position française n'est pas claire", a estimé, mercredi 9 mai sur franceinfo, Roger Karoutchi, sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine. "Si on veut intégrer les missiles balistiques, la tentative d'hégémonie de l'Iran sur la région", Paris doit demander "un nouvel accord", a-t-il ajouté. "Ce qui n'est pas normal c'est l'absence d'unité diplomatique européenne", déplore encore le sénateur.
franceinfo : Que pensez-vous de la réaction de la France après l'annonce de Donald Trump ?
Pour moi, la position française n'est pas claire. Soit on dit qu'on est pour le maintien de l'accord actuel, soit on demande un nouvel accord. Si on veut intégrer les missiles balistiques, la tentative d'hégémonie de l'Iran sur la région, c'est un nouvel accord. Est-ce que les Iraniens ont réellement donné leur accord au président de la République [Emmanuel Macron] pour dire qu'ils sont prêts à discuter y compris sur les problèmes d'équilibre dans la région. Si c'est vrai, tant mieux. Si ce n'est pas le cas, on perd du temps.
Quel peut être le rôle de l'Europe dans le dossier du nucléaire iranien ?
L'Europe semble vouloir préserver les intérêts de ses entreprises et c'est compréhensible. L'Europe n'a pas de positions dogmatiques, théoriques sur l'équilibre des forces au Proche-Orient et ce n'est pas normal. Ce qui n'est pas normal, c'est l'absence d'unité diplomatique européenne. Ce qui est anormal aussi, c'est qu'il n'y ait pas eu de position uniforme des États-Unis et de l'Europe dès le départ. L'Europe doit peser aussi. Je constate l'absence totale de la France au Proche Orient. Nous ne sommes pas considérés comme des partenaires. Nous ne pesons plus suffisamment. Si nous pesions davantage au niveau européen, peut-être serions-nous plus écoutés.
Le premier volet de la réforme des institutions a été présenté en conseil des ministres mercredi. Les sénateurs sont hostiles à la manière dont le gouvernement entame ses démarches. Les parlementaires vont-ils voter cette réforme ?
Bien sûr que non, aussi bien à gauche qu'à droite. Il y aura peut-être En Marche, sur ordre, qui votera. Emmanuel Macron n'aura pas [la majorité des 3/5]. Il n'y a qu'une seule solution : s'en remettre à la sagesse du Parlement pour modifier des éléments et avancer. Je n'ai jamais vu un exécutif aussi fort que celui de la Ve République dire qu'il veut réduire le pouvoir d'amendement des parlementaires, la capacité de débattre. Moi, je leur conseille de s'en remettre au Parlement. Je suis très étonné de la manière dont sont menées les discussions sur cette réforme constitutionnelle. C'est une réforme fourre-tout. On a l'impression que le gouvernement fait cette réforme en voulant y mettre tout ce qui passe. Il n'y a pas d'unité dans cette réforme. Quand on voit le texte constitutionnel et quand on voit le texte de la loi organique qui va avec - qui est devant le Conseil d'État et sera soumis au conseil des ministres le 23 mai - on se dit que le Parlement est perdant.
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