Édito
Élections européennes : pourquoi Emmanuel Macron insiste pour débattre avec Marine Le Pen

À deux semaines des élections européennes, Emmanuel Macron a proposé un débat télévisé à Marine Le Pen qui a décliné son offre. Les autres opposants s'indignent.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron le 6 mai 2024 à Paris et Marine Le Pen à Boulogne-Billancourt, le 18 September 2023. (LUDOVIC MARIN,MIGUEL MEDINA / AFP)

Si Emmanuel Macron veut s'engager à ce point dans la campagne des élections européennes, c'est pour "démasquer le RN" dont "les idées menacent l’Europe", a-t-il répété dimanche 26 mai en Allemagne, lors de sa visite d’État. Bien sûr, s’il piaffe de monter sur le ring, c’est que la liste de Valérie Hayer est en difficulté, alors que Jordan Bardella caracole en tête des sondages. Il s’agit de mobiliser la base électorale de la majorité.

Mais Emmanuel Macron veut surtout démonter les tête-à-queue du parti d’extrême droite sur l’Europe, l’euro ou encore l’espace Schengen. À l’en croire, le projet du RN conduit toujours au Frexit, mais il ne l’assume plus. À l’Élysée, on a même trouvé une formule pour qualifier le double langage de Marine Le Pen : elle pratiquerait la "taqiya", cette tactique de dissimulation utilisée par certains islamistes pour cacher leurs convictions intégristes.

Pourquoi Marine Le Pen se défile

Marine Le Pen a refusé cette offre de débat. Après l’avoir longtemps réclamé, elle a trouvé un prétexte pour se défiler, elle exige que le président de la République s’engage à démissionner ou à dissoudre l’Assemblée, si la liste Renaissance n’arrive pas en tête le 9 juin. Marine Le Pen garde un souvenir cuisant de ses deux duels avec Emmanuel Macron en 2017 et 2022. Elle a aussi observé les difficultés de Jordan Bardella la semaine dernière face à Gabriel Attal, par exemple, pour tenter d’expliquer le fonctionnement de sa proposition de vraie-fausse "double frontière".

Surtout, les revirements de Marine Le Pen semblent jusqu’ici sans conséquence. La semaine dernière encore, après avoir voté le projet gouvernemental de dégel du corps électoral, elle a souhaité un quatrième référendum d’auto-détermination en Nouvelle-Calédonie. Elle n’exclut donc plus, à terme, l’indépendance de l’archipel, une rupture avec un demi-siècle d’histoire du FN qui n’a suscité aucune polémique. Pas question donc de prendre le risque d’un débat télévisé.

Raphaël Glucskmann et François-Xavier Bellamy s’indignent de la proposition du chef de l’État, et c’est normal qu’ils s’agacent de le voir tenter de leur piquer la vedette. Ils l’accusent même de faire la courte échelle au RN en voulant débattre avec lui. Même si certains, comme Raphaël Glucksmann sur France Inter, ont déjà débattu avec Jordan Bardella. Au fond, cette polémique illustre assez bien le climat politique actuel : le RN, même silencieux, dicte l’agenda des autres candidats. Et ceux-ci concentrent plus volontiers leurs flèches sur Emmanuel Macron plutôt que sur Jordan Bardella.

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