:
Édito
Pour Elisabeth Borne, le plus dur commence : gouverner sans recourir au 49.3
Deux projets de loi qui définissent la politique énergétique de la France arrivent coup sur coup au Parlement. Dans les deux cas, le gouvernement va avoir le plus grand mal à trouver une majorité pour les faire adopter… L'édito politique de Renaud Dély.
Pour Elisabeth Borne, le plus dur commence : gouverner sans recourir au 49.3. Rappelons qu’outre le budget de la Sécurité sociale et le projet de loi de finances, sur lesquels elle peut utiliser cet article à chaque lecture - comme elle l’a encore décidé mercredi 2 octobre pour l’ensemble du budget - la Première ministre ne peut dégainer cet article que pour un seul projet de loi par session. L’exécutif n’a donc plus qu’une seule cartouche et il préfère la garder pour le gros morceau législatif prévu au premier semestre 2023, la réforme des retraites. Résultat, les autres chantiers risquent de prendre du retard. A commencer par ce dossier énergétique pourtant jugé prioritaire au vu de la lutte contre le dérèglement climatique et des conséquences de la guerre en Ukraine.
Et c'est pour essayer de trouver une, et même deux majorités, que le gouvernement présente deux textes distincts sur la politique énergétique de la France : l’un qui porte sur le développement des énergies renouvelables, actuellement discuté au Sénat, l’autre sur la relance du nucléaire, présenté mercredi en Conseil des ministres.
L'immobilisme menace
Sur le premier, le gouvernement drague des soutiens à gauche. Mais, pour l’heure, pas question pour les socialistes ou les écologistes de voler au secours d’un texte qu’ils jugent trop peu ambitieux. Et évidemment, plus encore depuis que les sénateurs de droite l’ont détricoté en accordant un droit de veto aux maires pour s’opposer aux projets d’énergies renouvelables et en interdisant le développement de l’éolien à moins de 40 kilomètres des côtes. Pour faire passer l’autre texte, celui qui entérine la relance du nucléaire, et notamment le lancement de six EPR nouvelle génération, l’exécutif mise sur la bienveillance de la droite. Mais là non plus, les élus LR n’entendent pas faire de cadeau au chef de l’Etat et ils préfèrent fustiger sa volte-face sur le nucléaire.
Résultat : l’immobilisme menace, y compris sur un sujet aussi stratégique que l’énergie. Et qu’on l’attribue au cynisme de la majorité macroniste - qui recherche des alliés un coup à droite, un coup ailleurs - ou au sectarisme des oppositions, on voit que l’on est encore loin, très loin, du changement de culture démocratique et de la recherche de compromis à l’allemande, rêvé par certains au lendemain des législatives.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.