Édito
Législatives 2024 : le vrai vainqueur, c'est le front républicain !

Alors que bon nombre d'observateurs et d'acteurs politiques pensaient que le front républicain était dépassé, il s'est avéré très efficace, dimanche, pour empêcher le Rassemblement national d'arriver en tête.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des bulletins de vote, lors du second tour des élections législatives, le 7 juillet 2024. (MARC SALVET / MAXPPP)

Le succès de la gauche est un succès relatif, comme la majorité elle aussi toute relative qu’obtient le Nouveau Front populaire, 178 sièges, soit 27 de mieux que les 151 députés sortants de la Nupes. Mais loin, très loin de la majorité absolue de 289 sièges. Une victoire en trompe-l’œil, la gauche n’est pas en mesure de gouverner seule. Le vrai vainqueur, ce n’est ni le Nouveau Front populaire, ni le Front national, rebaptisé Rassemblement national, c’est le front républicain !

Édifié à la hâte, en moins de 48 heures, au sommet, avec les désistements réciproques de plus de 200 candidats de gauche ou de la majorité présidentielle, il a été massivement mis en œuvre par les électeurs dans les urnes. Le front républicain était enterré de longue date par le RN et par nombre d’observateurs qui reprenaient les éléments de langage lepénistes, il était supposé être inefficace : c’était faux, le front républicain a fonctionné dimanche à plein régime !

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Ce front républicain a causé la désillusion du Rassemblement national. Jordan Bardella se voyait déjà à Matignon, les électeurs l’ont congédié brutalement, reléguant le RN à la troisième place. Les électeurs de gauche, du centre, mais aussi une bonne partie d’électeurs de droite ont fait bloc, à des degrés divers, pour empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir. Pour Marine Le Pen, le constat est rude. Sa fameuse stratégie de "dédiabolisation" ne fonctionne pas, en tout cas pas aussi bien qu’elle le prétend. Cela fait 13 ans qu’elle a succédé à son père, elle a ravalé la façade du parti et en a changé le nom. Elle a choisi comme tête de gondole un jeune homme avenant qui enchaîne selfies et vidéos TikTok, Jordan Bardella. Pendant cette campagne, le RN s’est appliqué à enterrer, cacher, gommer, tout ce qui pouvait inquiéter dans son programme. Il a même reçu en renfort une caution venue de LR avec Éric Ciotti. Rien n’y fait : au moment décisif, les électeurs républicains de tous horizons convergent pour lui barrer la route du pouvoir.

Le RN en progression mais pas en tête

Le RN a tout de même progressé, il a conquis une quarantaine de sièges et une quinzaine pour ses alliés ciottistes. Jordan Bardella dénonce les "alliances politiciennes contre-nature" qui auraient, selon lui, empêché les Français de "choisir librement leur destin". Sauf que les faits sont là : quand ils se retrouvent au deuxième tour face à un choix crucial entre deux candidats, les électeurs se ruent aux urnes, d’où une participation record, et la plupart d’entre eux choisissent librement de repousser le prétendant du RN. Pour une nette majorité de Français, quoi qu’il en dise, et quoi qu’il fasse, au bout de 52 ans d’existence, le parti d’extrême droite n’est toujours un parti comme les autres.

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