Covid-19 : ces questions qui se posent avec la convocation d'Edouard Philippe devant la Cour de justice de la République
L’ancien Premier ministre Edouard Philippe est convoqué devant la Cour de justice de la République le 24 octobre pour répondre de sa gestion du Covid… L'édito politique de Renaud Dély.
L’ancien Premier ministre Edouard Philippe risque une mise en examen pour "mise en danger de la vie d’autrui" et "abstention volontaire de combattre un sinistre". Les magistrats de la Cour de justice de la République lui reprochent d’avoir réagi trop tard lors de l’apparition du virus début 2020, d’avoir mal géré les stocks de masques ou encore d’avoir maintenu le premier tour des municipales le 15 mars 2020, ce qui aurait pu accélérer la diffusion du virus, ce que personne ne pourra sans doute jamais prouver. Edouard Philippe "conteste vigoureusement ces accusations" et c’est vrai qu’elles peuvent surprendre…
>> Covid-19 : Edouard Philippe convoqué fin octobre devant la Cour de justice de la République
Alors, est-il logique qu’un ancien Premier ministre rende des comptes ? Bien sûr, d’abord devant les électeurs. Mais devant la justice, ce ne peut être qu’exceptionnel. Rappelons que la CJR composée de magistrats et de parlementaires, est la seule instance habilitée à juger des ministres pour des actes commis dans le cadre de leurs fonctions. Or, début 2020, le Covid, c’était un saut dans l’inconnu. Difficile d’accabler les politiques quand les scientifiques eux-mêmes ne savaient rien de ce nouveau virus et se déchiraient allègrement.
Qui est responsable ?
Ces associations de victimes, à l’origine de ces plaintes, recherchent légitimement des coupables. Mais il est dangereux que la justice en désigne aussi vite à la vindicte, sans tenir compte de la complexité de la gestion d’une période aussi incertaine. L’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, est déjà mise en examen, son successeur Olivier Véran devrait suivre.
Notre pays est un cas unique au monde. Au Brésil, par exemple, Jair Bolsonaro pourrait bien être réélu malgré un bilan de 700 000 morts. Et puis, chez nous, des élus comme Nicolas Dupont-Aignan, Florian Philippot ou d’autres ont pu vitupérer pendant des mois contre le masque ou le vaccin sans que la justice ne les accuse de "mettre en danger la vie d’autrui". Comme si le seul fait de ne pas être ministre autorisait un politique à tenir des propos irresponsables, et même franchement dangereux.
Le procès de l’affaire du sang contaminé il y a 30 ans a provoqué un vrai traumatisme chez les élus. Ces procédures liées au Covid risquent d’aggraver la tentation des politiques d’ouvrir le parapluie, et de se défausser, au moment de prendre une décision.
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