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Emploi : ces préjugés qui ont la vie dure sur le recrutement des seniors

Cette semaine reprennent les concertations entre le gouvernement et les partenaires sociaux autour de l’emploi des seniors. Qu’est-ce qui empêche les entreprises d’embaucher des seniors ? Réponse : certains préjugés qui sont démentis par les chiffres.

Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un senior fait toujours de la mécanique à 67 ans, faute de repreneur de son garage à Laumesfeld (Moselle). (PIERRE HECKLER / MAXPPP)

Si on a fait des progrès en matière d’emploi des seniors, on est encore loin de pays comme l’Allemagne ou la Suède. Là-bas, le taux d’emploi des 60-64 ans est de 70%, alors qu’en France, seul un actif sur trois de cet âge est au travail. Pourquoi une telle différence et pourquoi les entreprises renâclent-elles à embaucher des seniors ? C’est ce qu’a cherché à savoir la plateforme d’emploi Indeed.

Résultat : les problèmes de santé et la fatigue arrivent en tête des raisons invoquées. Or, il ne s’agit là que d’une perception des recruteurs, qui n’est pas confirmée par le terrain. On peut, pour le savoir, se reporter sur le baromètre "Absentéisme" de Malakoff Humanis, mené chaque année depuis 2016. Il nous dit que l’absentéisme est beaucoup plus fort chez les jeunes que chez les plus de cinquante ans : 46% d’absentéisme chez les 18-34 ans contre 34% chez les seniors.

Parmi les autres préjugés les plus courants, les seniors sont soupçonnés d’avoir de plus fortes attentes en matière de rémunération et d’avoir davantage de mal à s’approprier les outils numériques. Autres reproches qui leur sont faits : avoir du mal à se faire aux nouveaux modes d’organisation et rechigner à se faire diriger par des managers plus jeunes qu’eux.

Mettre en place un "index senior" peut être la solution

Or, les véritables freins sont ailleurs : ils touchent notamment à la formation continue des seniors. Les plus de cinquante ans ont quatre fois moins eu accès à une formation diplômante que les actifs de 30 à 44 ans. En revanche, ils participent davantage que les plus jeunes à des formations non-diplômantes.

Si on jouait sur ce décalage, on pourrait rendre les seniors plus désirables par les recruteurs et éviter les mises au placard. Ces mises à l’écart concerneraient 200 000 personnes et coûteraient 10 milliards à l’économie chaque année, d’après la dernière note publiée par l’Institut Montaigne.

Autre piste évoquée dans les négociations, celle d’un "index senior" pour chaque entreprise, comme il existe un index qui suit les différences salariales entre les hommes et les femmes. Un outil qui a prouvé son efficacité, mais dont le Medef a déjà dit ne pas vouloir dans sa version "seniors".

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