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Pourquoi il faut regarder la conférence de presse de François Hollande

L'exercice réussit en général au président de la République. Mais son message pourrait être parasité par le livre de Valérie Trierweiler.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
François Hollande lors de sa précédente conférence de presse à l'Elysée, le 14 janvier 2014. (ALAIN JOCARD / AFP)

Un grand oral pour tourner la page d'une rentrée cauchemardesque. Jeudi 18 septembre, deux jours après le discours de politique générale du Premier ministre, François Hollande reçoit les journalistes à l'Elysée pour la quatrième conférence de presse de son mandat.

Au plus bas dans les sondages, atteint par les affaires touchant le gouvernement, les mauvais résultats économiques, la fronde au sein du PS et les révélations de son ex-compagne, le président de la République a la lourde tâche de conclure sur une bonne note une séquence très compliquée. Voici pourquoi vous devez suivre cette conférence de presse, que vous pouvez regarder en direct sur francetv info.

Parce que Hollande compte dessus pour redorer son blason

Les dernières apparitions publiques de François Hollande n'ont pas toutes été une réussite en matière de communication, l'image du président détrempé par la pluie sur l'île de Sein lors des commémorations de la Libération restant particulièrement en mémoire. Tombé à 13% d'opinions favorables, selon le baromètre Ipsos/Le Point du 15 septembre, Hollande a peut-être une chance d'inverser la tendance, ou au moins de la stopper. "L’exercice réussit plutôt au président de la République", estime-t-on en effet à l'Elysée. Sa première conférence de presse, en novembre 2012, semble lui avoir permis de ralentir sa baisse dans les sondages, et il avait même connu une petite embellie après la seconde, en mai 2013. La dernière, en janvier 2014, n'avait cependant pas eu le même effet.

Signe de confiance, l'Elysée veut que cette conférence soit vue du plus grand nombre : c'est pour cela que l'horaire de début a été repoussé d'une heure, à 17 heures. Le nombre de téléspectateurs augmente fortement à mesure que l'on se rapproche des journaux télévisés, et, selon Europe 1, l'Elysée tablerait sur une audience de 2 millions de personnes à 17 heures et de 4 millions à 18 heures. Les conseillers du président croisent les doigts pour que les journalistes commencent par les questions gênantes sur la vie personnelle de François Hollande, pour terminer, au moment du pic d'audience, par l'international, son point fort.

Parce qu'il sera assailli de questions sur le livre de Trierweiler

François Hollande n'a pas de chance avec le timing. En janvier dernier, sa conférence de presse avait été parasitée par la publication, par Closer, des photos révélant sa liaison avec Julie Gayet. "Les affaires privées se traitent en privé", avait répondu le président aux questions sur le futur de Valérie Trierweiler comme Première dame. Mais celle-ci a depuis publié sa version de l'affaire, Merci pour ce moment, qui décrit un François Hollande froid et n'aimant pas les pauvres, qu'il surnommerait les "sans-dents". L'ouvrage s'est vendu à plus de 300 000 exemplaires en deux semaines.

Mais contrairement à l'affaire Gayet, les attaques de son ex-compagne touchent aussi Hollande sur le plan politique. Il y a déjà réagi deux fois, en marge d'un sommet de l'Otan, puis dans le Nouvel Observateur. Concernant son supposé mépris des pauvres, il a évoqué "un mensonge qui [le] blesse". Jeudi, il aura plus de mal à parler d'"affaire privée".

Pour guetter les prémices du duel avec Nicolas Sarkozy

Après un discours qui devrait durer une vingtaine de minutes, le président de la République devra répondre, pendant deux heures, aux questions des journalistes. Impensable que François Hollande échappe, jeudi, aux questions sur son ex- et futur rival, Nicolas Sarkozy, qui devrait faire son retour en politique le lendemain même de son intervention, dimanche au plus tard. La réponse du chef de l'Etat pourrait donner le ton du duel à distance qui pourrait rythmer le reste du quinquennat. D'autant plus que Sarkozy, s'il prend la parole pour son retour, ne manquera sans doute pas, lui, d'évoquer la performance de Hollande.

Du côté du Parti socialiste, certains ne verraient pas d'un mauvais œil le retour d'un leader à droite qui permettrait de recentrer le débat sur un clivage gauche-droite, et non plus sur les divisions de la gauche. Le secrétaire d'Etat Jean-Marie le Guen expliquait, le 10 septembre sur LCP, souhaiter ce retour de Sarkozy. "Ça fait maintenant deux ans que nous sommes seuls sur le ring. On va écouter la différence", expliquait celui qui mène la bataille contre des députés frondeurs, qui accusent le gouvernement d'appliquer une politique de droite.

Parce qu'il n'est pas exclu qu'il fasse des annonces importantes

Huit mois seulement après la précédente conférence de presse, l'allocution du président devrait être prudente sur le plan des annonces. "Il ne va pas faire de virage tous les six mois, cela donnerait le tournis", expliquait un de ses proches à l'AFP. Les annonces ne sont "ni obligatoires, ni interdites", explique l'Elysée, qui a décliné au Monde un programme très classique : "Mise en perspective de ce qui a été fait depuis le début du quinquennat, retour sur la séquence récente, puis prospective et programme de travail des prochains mois". Dans le quotidien, un "habitué" de l'Elysée se montre plus direct : "Il n'a rien à annoncer. Il va subir."

Sur le plan économique, c'est Manuel Valls qui s'est chargé, mercredi, d'annoncer la réforme de l'impôt sur le revenu, laissant peu de marge à François Hollande. Des surprises ne sont pas pour autant à exclure. Lors de sa précédente conférence de presse, le 14 janvier, Hollande avait précisé le contenu du pacte de responsabilité, et annoncé la réforme territoriale ainsi qu'une loi sur la fin de vie.

Un thème paraît incontournable : l'international, domaine privilégié des présidents de la République, sur lequel Hollande peut se montrer sous un meilleur jour. Il évoquera forcément le rôle de la France en Irak, où il se trouvait il y a une semaine, mais aussi, sans doute, l'épidémie d'Ebola.

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