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Lepénisme, polémiques et poursuites judiciaires : qui est Jean-François Jalkh, éphémère patron par intérim du FN ?

Encarté depuis quarante-trois ans, ce député européen, peu habitué à la lumière, n'est resté que quatre jours à la tête du Front national. En cause : des propos négationnistes qu'il aurait tenus en 2000, même s'il nie les avoir prononcés.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Jalkh arrive avec Marine Le Pen et Florian Philippot à l'Elysée, à Paris, le 15 mai 2014, pour une consultation sur la réforme territoriale. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Quatre petits jours et puis s'en va. Vendredi 28 avril, Louis Aliot a annoncé que Jean-François Jalkh, le président par interim du Front national, était remplacé par le maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois. Jean-François Jalkh avait pris la tête du parti après que Marine Le Pen se soit temporairement mise en retrait de la direction du FN pour se consacrer à l'élection présidentielle, lundi 24 avril. Un poste que cet élu discret, fin connaisseur de l'appareil, n'aura occupé que quatre jours. Voici ce qu'il faut savoir sur ce fan de Tintin, d'équitation et de phaléristique.

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C'est une figure historique du FN

Jean-François Jalkh rejoint le Front national en 1974, à l'âge de 17 ans, deux ans seulement après la naissance du parti. Originaire de Seine-et-Marne, il se fait élire député dans son département en 1986, lors des législatives marquées par l'arrivée tonitruante de 35 frontistes et apparentés au Palais Bourbon. Son mandat ne dure que deux ans, en raison de la dissolution décidée par François Mitterrand en 1988.

L'ancien benjamin du groupe FN à l'Assemblée devient conseiller régional d'Ile-de-France en 1992, un siège qu'il occupe jusqu'en 2010. Cette année-là, il devient, pour cinq ans, le président du groupe FN au conseil régional de Lorraine. 

Jean-François Jalkh est désormais député européen, après avoir été élu en troisième position sur la liste menée par Florian Philippot dans l'Est en 2014. Au sein du FN, où peu peuvent se vanter d'une telle longévité, il est membre du comité central, du bureau politique, de la commission nationale d'investitures et du bureau exécutif.

Il a géré le départ de Jean-Marie Le Pen

Bien que lepéniste de longue date, Jean-François Jalkh a eu pour délicate mission d'organiser l'après-Jean-Marie Le Pen. C'est lui qui a été chargé de mettre sur pied le congrès de Tours, en 2011, lors duquel Marine Le Pen a succédé à son père. C'est lui aussi qui, en 2015, en l'absence de Marine Le Pen et de Florian Philippot, s'est retrouvé à présider le bureau exécutif du FN à l'issue duquel Jean-Marie Le Pen a été exclu du parti.

"Il est l'un des rares lepénistes historiques, avec Louis Aliot, à avoir réussi la transition mariniste, indique au Parisien le chercheur Gilles Ivaldi. Il bénéficie d'un profil très 'conseil', pas clivant, contrairement à d'autres comme Florian Philippot."

Il a pris des positions controversées sur la seconde guerre mondiale

En 1991, cet homme de l'ombre a participé au quarantième anniversaire de la mort du maréchal Pétain, comme en témoigne un article du Monde de l'époque. La cérémonie a été célébrée en l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris, par un évêque intégriste qui a appelé les participants "à continuer à œuvrer pour la restitution de l'honneur outragé" du maréchal Pétain.

En 2000, cité dans un article de la chercheuse Magali Boumaza, il a considéré qu'il était, "d'un point de vue technique""impossible" d'utiliser le gaz Zyklon B dans des "exterminations de masse", comme dans les camps d'extermination nazis. Contacté par un journaliste de La Croix, le frontiste nie avoir tenu de tels propos.

Il fait l'objet de poursuites judiciaires

Jean-François Jalkh a été mis en examen, en mai 2015, dans l'enquête sur le financement des campagnes électorales du parti. Il est poursuivi, en tant que secrétaire général du micro-parti Jeanne, pour des soupçons d'escroqueries et d'abus de confiance lors des législatives de 2012. Il nie toute "intention frauduleuse" dans ce dossier, pour lequel il devra malgré tout comparaître en correctionnelle.

Le vice-président du Front national est également visé par une plainte pour avoir, avant les municipales de 2014, en tant que directeur des publications du parti, donné son aval à une brochure interne préconisant la "priorité nationale" dans l'attribution de logements sociaux. Dans ce cadre, son immunité parlementaire a été levée par le Parlement européen en novembre 2016.

Enfin, comme le rappelle Le Figaro, il est indirectement concerné par l'affaire des assistants parlementaires du FN au Parlement européen. Jean-Marie Le Pen est visé par une procédure de recouvrement pour l'avoir "indûment" rémunéré en tant qu'assistant parlementaire, entre 2009 et 2014, tandis qu'il occupait le poste de secrétaire général du parti.

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