Cet article date de plus de deux ans.

Policiers, service d'ordre ou groupuscules d'extrême droite : qui assure vraiment la sécurité du candidat Eric Zemmour ?

Article rédigé par Antoine Comte
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Eric Zemmour, candidat à l'élection présidentielle, lors de son meeting de Villepinte (Seine-Saint-Denis), le 5 décembre 2021. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / AFP)

Les violences durant le meeting d'Éric Zemmour à Villepinte ont mis en lumière la défaillance du dispositif de sécurité du candidat. Mais qui est vraiment chargé d’assurer sa protection ? Le service de sécurité officiel du candidat ou les groupes de jeunes identitaires prêts à en découdre ?

"Merci d'être venus ! Sans vous, ça aurait été compliqué. Vous avez fait le job ! Maintenant, retournez au meeting." Dimanche 5 décembre, 17h15 à l'entrée du parc des expositions de Villepinte : un bénévole du service de sécurité d'Eric Zemmour s'adresse à une cinquantaine de jeunes hommes, très agités et pour certains encagoulés. Plusieurs membres du groupuscule néonazi ultraviolent Les Zouaves Paris, (identifiés par nos confrères de Politis), viennent de participer au passage à tabac d'une dizaine de militants de SOS Racisme en plein discours du candidat d'extrême droite. Une scène d'une violence inouïe et inédite dans une réunion publique en France. 

Quelques minutes auparavant, des journalistes avaient également été menacés et insultés par plusieurs identitaires bien connus par les services de police pour leur participation à des rixes et des attaques lors de rassemblements de militants d'ultragauche, notamment.

Un service de sécurité parallèle ?

L'ancien éditorialiste ferait-il appel à ces groupuscules violents et ouvertement xénophobes pour faire le ménage parmi les opposants politiques dans ses meetings de campagne ? Existerait-il un service de sécurité parallèle composé d'activistes d'ultradroite déterminés à se faire justice eux-mêmes ? 

Albéric Dumont, le Monsieur sécurité d'Eric Zemmour, dément en bloc. "Ce bénévole qui n'était pas du tout un cadre du service d'ordre a cru bien faire en parlant directement à ces individus très virulents. Il a dit ça dans le feu de l'action, c'était pour calmer le jeu", raconte l'ancien numéro deux de La Manif pour tous, en assurant qu'il n'y a "aucun lien entre ces individus dont nous condamnons les violences et le service de sécurité du candidat"

Recruté par le polémiste depuis le 1er septembre, Albéric Dumont explique que la sécurisation des événements du candidat est assurée selon deux niveaux de dangerosité.

Une sécurité assurée par d'anciens militaires

Pour ce qui concerne sa protection rapprochée, six officiers de sécurité du ministère de l'Intérieur suivent ses faits et gestes lors de chacun de ses déplacements publics. Ce sont d'ailleurs ces mêmes policiers rattachés au Service de protection de la police nationale (SDLP) qui entouraient Eric Zemmour lorsque ce dernier a été agressé par un militant LR avant de monter sur la scène de Villepinte (Seine-Saint-Denis).

Pour tout le reste, c'est Ultreïa, la société d'Albéric Dumont, qui est responsable du bon déroulement des meetings et déplacements d'Eric Zemmour. Selon les informations de franceinfo, ce sont au total 204 personnes qui ont été mobilisées par l'équipe d'Albéric Dumont pour la sécurisation du meeting de Villepinte, dont 80 agents de sécurité professionnels employés directement par son entreprise. 

"Les membres du pôle de la protection rapprochée qui travaillent avec moi sont tous des anciens militaires et donc de vrais professionnels de la sécurité", explique Albéric Dumont. "Lors du meeting, comme Beauvau [le ministère de l'Intérieur] voulait directement assurer la sécurité rapprochée d'Eric Zemmour, mon chef d'équipe, qui est un ancien parachutiste, s'est alors rabattu sur la sécurité de Sarah Knafo", la compagne et proche conseillère du candidat.

"Grâce au travail minutieux de toutes mes équipes, nous avons vraiment évité le drame."

Albéric Dumont, responsable de la sécurité d'Eric Zemmour

à franceinfo

Un service de sécurité officiel et professionnel qui n'aurait donc rien à voir avec ces groupuscules d'ultradroite ? C'est également ce qu'assure Antoine Diers, l'un des porte-parole d'Éric Zemmour : "Nous demandons à nos soutiens de ne pas intervenir eux-mêmes face à des antifas provocateurs. Nous avons un service de sécurité très compétent qui a évité que ça soit encore plus grave durant ce meeting."

Des identitaires prêts à passer de nouveau à l'acte

Selon les équipes de sécurité d'Eric Zemmour, des cocktails Molotov auraient en effet été interceptés à l'extérieur du bâtiment, et des armes comme des couteaux ou des barres de fer retrouvées scotchées sous plusieurs sièges dans la salle. Un appel téléphonique anonyme au 17 aurait par ailleurs signalé une fausse alerte à la bombe juste avant l'ouverture des portes du parc des expositions de Villepinte, toujours selon les proches du candidat. 

"C'est vrai que les images de violences que nous avons pu voir dans ce meeting sont plus que condamnables, mais nous avons tout de même exfiltré 44 personnes au total, dont des personnes qui faisaient l'apologie du terrorisme en plein meeting, des militants d'ultragauche et en effet ces jeunes identitaires très violents qui n'ont rien à voir avec notre candidat", se félicite Albéric Dumont. 

Pourtant, le soir du meeting, plusieurs militants de ces groupes de jeunes d'extrême droite avaient affirmé à franceinfo que le service de sécurité officiel d'Éric Zemmour n'avait à aucun moment condamné leurs agissements. "Je suis intervenu dans la bagarre car je voulais protéger mes camarades et Eric Zemmour", assurait un jeune homme, cheveux ras et encagoulé. Un autre participant au tabassage des activistes antiracistes assurait fièrement, ce soir-là, qu'il "referait exactement la même chose" si la sécurité du candidat venait à nouveau à être menacée.

Une réévaluation de la menace

Les prochains meetings de l'ancien éditorialiste d'extrême droite ne devraient pas avoir lieu avant 2022. Mais pour les déplacements du candidat en Arménie du 11 au 13 décembre, à Strasbourg le 16 ou encore dans la région lyonnaise le 21, la sécurité devrait être très largement renforcée. Selon les informations de franceinfo, le ministère de l'Intérieur a accepté que des agents supplémentaires soient déployés, en fonction des déplacements et des activités du candidat.

"Nous allons mener une réflexion globale pour limiter les points d'accès lors des prochains meetings, visionner toutes les images de ces violences et demander au gouvernement une réévaluation de la menace qui pèse contre Eric Zemmour", prévient Albéric Dumont. Interrogé, le ministère de l'Intérieur souligne avoir rappelé à l'équipe d'Eric Zemmour qu'il fallait "avant toute chose muscler son service d'ordre qui n'était manifestement pas au niveau".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.