Eric Zemmour jugé pour ses propos sur les mineurs isolés : où en sont les procédures judiciaires contre le polémiste ?
Le chroniqueur de CNews se retrouve, mercredi, devant la justice pour deux affaires "d'injure" et de "provocation à la haine raciale". L'occasion de revenir sur les dossiers judiciaires accumulés depuis treize ans par Eric Zemmour, qui laisse planer le suspense sur son éventuelle candidature à l'élection présidentielle.
RECTIFICATIF. Une première version de cet article stipulait qu'Eric Zemmour avait été condamné pour "provocation à la haine raciale" et "diffamation" dans les deux procédures de février 2011. Or, il a été relaxé sur le volet "diffamation". Nous présentons nos excuses à l'intéressé et à nos lecteurs pour cette erreur.
Avant de confirmer ses ambitions présidentielles, Eric Zemmour joue la montre. La justice, elle, suit son propre rythme : le polémiste, tête d'affiche de l'émission "Face à l'info" sur CNews, se retrouve sur la scène judiciaire, mercredi 8 septembre, pour des accusations "d'injure" et de "provocation à la haine raciale". Ces deux affaires concernent des propos tenus en 2019 et en 2020, deux des nombreuses sorties controversées qui ont émaillé la carrière de l'écrivain. Sur une douzaine d'affaires, l'auteur du Suicide français a été condamné définitivement à trois reprises, et quatre sont toujours en cours. Franceinfo récapitule.
Un procès pour ses propos sur les mineurs isolés
C'est l'affaire qui vaut à Éric Zemmour une citation à comparaître devant le tribunal judiciaire de Paris, ce mercredi. Le 29 septembre 2020, lors d'un débat dans "Face à l'info" sur CNews, le chroniqueur s'était emporté au sujet des mineurs isolés : "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs (...)."
Plusieurs associations, comme la Ligue des droits de l'homme (LDH), se sont constituées partie civile, mais aussi de nombreux départements à qui incombe la gestion des mineurs isolés. Face à ce nombre de parties civiles inédit (38 selon Marianne), l'avocat d'Eric Zemmour, Olivier Pardo, a affirmé à franceinfo qu'il allait demander le renvoi du procès.
Un jugement en appel attendu après une diatribe sur l'islam
L'affaire pourrait également trouver son dénouement le 8 septembre. Lors de la "Convention de la droite" en septembre 2019, organisée par des proches de l'ex-députée d'extrême droite Marion Maréchal, le polémiste a prononcé un discours virulent. Il y affirmait, entre autres, que "tous nos problèmes aggravés par l'immigration sont aggravés par l'islam", qu'une "inversion de la colonisation" était en cours pour atteindre une "extermination de l'homme blanc hétérosexuel catholique". Il a été condamné à une amende de 10 000 euros pour "injure" et "provocation à la haine" en septembre 2020, mais a fait appel.
Condamnations pour "provocation à la haine raciale" et "provocation à la haine religieuse"
En février 2011, le polémiste a été reconnu coupable de "provocation à la haine raciale" dans deux procédures. Le 6 mars 2010, sur le plateau de l'émission de Canal+ "Salut les Terriens", Eric Zemmour avait réagi à des propos sur les contrôles au faciès : "Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ! C'est comme ça, c'est un fait..." Le même jour, sur France Ô, il avait expliqué que les employeurs "ont le droit" de refuser des Arabes ou des Noirs. Des propos qui lui ont valu 2 000 euros d'amende. Le tribunal correctionnel de Paris a cependant relaxé Eric Zemmour du délit de "diffamation publique", comme l'expliquait à l'époque Le Monde (article payant). Le polémiste n'a pas fait appel.
Une autre condamnation concerne des propos tenus sur France 5, dans "C à vous". Eric Zemmour affirmait, en septembre 2016, que la France subissait "depuis trente ans une invasion", avec dans certaines banlieues une "lutte pour islamiser un territoire", et qu'il faudrait donner aux musulmans "le choix entre l'islam et la France". Il a été condamné définitivement à 3 000 euros d'amende en septembre 2019 pour "provocation à la haine religieuse". Après avoir vu son pourvoi en cassation rejeté, il a saisi la CEDH (Cour européenne des droits de l'homme) en décembre 2019, affirmant que la France violait sa liberté d'expression. Au regard de la loi française, sa condamnation est toutefois considérée comme définitive.
Deux plaintes en cours pour "injures publiques" et "injures racistes"
Eric Zemmour est aussi poursuivi pour injure raciste par la chroniqueuse Hapsatou Sy, dont il avait qualifié le prénom "d'insulte à la France" sur le plateau de "Salut les Terriens", en septembre 2018. L'animatrice, qui a récemment quitté le groupe Canal+, a porté plainte pour "injure raciste". Le procès devrait avoir lieu en septembre 2022.
Le polémiste avait également qualifié le journaliste Taha Bouhafs de "militant islamiste" sur CNews, en novembre 2020. Celui-ci a porté plainte en février contre Eric Zemmour et la chaîne pour "injure publique". Selon Arié Alimi, avocat de Taha Bouhafs contacté par franceinfo, l'instruction est en cours.
Je suis encore une fois la cible du racisme écœurant de Eric Zemmour, avec la bénédiction de @christine_kelly et de @CNEWS.
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) November 30, 2020
Trop c'est trop je dépose plainte contre ce raciste et la chaîne qui le salarie. pic.twitter.com/KhPBRUneKi
Relaxé dans quatre affaires
Tous les procès n'ont pas débouché sur une condamnation : dans quatre affaires, Eric Zemmour a évité les sanctions. Dès 2008, il était poursuivi pour "diffamation" par l'ancien président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), Patrick Lozès. En 2014, c'est dans un journal italien qu'Eric Zemmour avait déclaré que les musulmans "ont leur Code civil, c'est le Coran", et qu'ils "vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s'en aller." Il avait été accusé de "provocation à la haine", avant d'être relaxé en 2018.
Il a également été relaxé pour "incitation à la haine raciale" en 2014 après ses propos sur des "bandes" d'étrangers "qui dévalisent, violentent ou dépouillent", sur RTL. Enfin, les poursuites engagées contre lui en 2019 pour "contestation de crimes contre l'humanité", après ses propos sur le maréchal Pétain qui aurait "sauvé" les juifs français durant l'Occupation, se sont aussi soldées par une relaxe en février dernier. La Licra a néanmoins fait appel de cette décision, et l'audience est fixée au 20 janvier 2022.
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