Primaire populaire : pour les soutiens d'Anne Hidalgo, un résultat "rude" qui "inquiète pour la suite de la campagne"
Arrivée cinquième de la Primaire populaire, la candidate socialiste apparaît plus que jamais affaiblie politiquement. A 70 jours du scrutin, ses soutiens reconnaissent "un coup supplémentaire pour le moral des équipes".
C'est un nouveau coup dur pour Anne Hidalgo. Alors que sa campagne continue de patiner avec des sondages en berne, la candidate socialiste s'est classée à la cinquième position de la Primaire populaire dimanche 30 janvier. En obtenant la mention "passable+" lors de ce scrutin au jugement majoritaire censé désigné un candidat unique à gauche, la maire de Paris termine même derrière l'eurodéputé Pierre Larrouturou et loin derrière Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou encore Christiane Taubira, la grande gagnante de cette initiative citoyenne à laquelle près de 400 000 votants ont participé.
Une claque qui vient un peu plus affaiblir politiquement la candidate investie par le Parti socialiste. Cette dernière qui avait annoncé, comme la plupart de ses adversaires de gauche, qu'elle ne reconnaîtrait pas le verdict de ce vote en ligne, n'a pas tardé à réagir. "Ça aurait pu être un moment de rassemblement de la gauche pour une candidature unique, c'est une candidature de plus", a-t-elle taclé sur le plateau de France 5, dimanche soir, à propos de la victoire de l'ancienne garde des Sceaux.
"L'adversité elle connaît"
Dans son entourage, les éléments de langage sont de sortie depuis ce lundi matin. Mission ? Temporiser. "Anne Hidalgo est au travail et continue ses déplacements partout en France pour rencontrer les Français comme à Clermont-Ferrand dans la semaine ou à Lille dimanche aux côtés de Martine Aubry", lance Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat et porte-parole de la candidate. "Anne est déterminée et je peux vous dire que l'adversité elle connaît", complète Cédric Van Styvendael, le maire PS de Villeurbanne, chargé des questions d'éducation dans la campagne.
"Anne Hidalgo est insubmersible. La nuque raide, les mains fermes et le cœur vaillant, elle ira jusqu'au bout sans faillir et défaillir."
Patrick Kanner, président du groupe PS au Sénatà franceinfo
Si d'autres de ses lieutenants reconnaissent que cette cinquième place est "rude" et qu'elle porte "un coup supplémentaire au moral des équipes", tous préfèrent rejeter la faute sur leur nouvelle cible : Christiane Taubira. "Il y a zéro surprise pour nous. C'est la seule candidate qui voulait participer à cette primaire et la remporte, vous ne trouvez pas cela étrange ?" gronde Rémi Cardon, le sénateur PS de la Somme.
Patrick Kanner enfonce le clou : "Quand la table est dressée, Madame Taubira, qui ne représente qu'elle-même, décide de s'inviter. Je voudrais lui rappeler que ça fait six ans qu'elle est aux abonnés absents pendant que nous, on se bat au PS pour gagner les élections intermédiaires." Le porte-parole préfère se féliciter de "la victoire des sociaux-démocrates au Portugal dimanche, la ligne portée par Anne Hidalgo".
"Ça pourrait signer la mort définitive du PS"
Pourtant, en off, certains proches de la candidate commencent à douter. Si la plupart avouent "ne plus croire en la victoire" de leur championne en avril prochain, et assurent être conscients que la gauche "sortira de cette élection affaiblie et divisée comme jamais", d'autres craignent surtout qu'Anne Hidalgo entraîne l'ensemble du PS dans sa chute. "Si Christiane Taubira grimpe dans les sondages grâce à l'élan de la Primaire populaire, il faudra peut-être en tirer les conséquences pour l'avenir de la gauche. En tout cas, moi, je ne sacrifierai pas toute la stratégie de reconstruction de la gauche pour une seule et unique personne", prévient un fidèle soutien d'Anne Hidalgo, "très inquiet pour la suite de la campagne".
Parmi les principales craintes de plusieurs ténors socialistes : les finances du parti qui pourraient prendre un sacré coup si sa candidate ne parvenait pas à franchir la barre des 5% au premier tour de la présidentielle, condition obligatoire pour pouvoir rembourser les frais de campagne. "Ça pourrait signer la mort définitive du PS et je ne vous parle même pas des élections législatives de juin où nous ne pourrions même pas financer la campagne de nos candidats dans les circonscriptions", se projette un membre de l'équipe de campagne.
"Dire que ce n'est pas le bordel au PS serait vous mentir, mais je préfère rester loyal à ma candidate et à ma famille politique."
Un parlementaire socialisteà franceinfo
Les possibles défections d'élus socialistes qui pourraient rejoindre la campagne de Christiane Taubira font également souffler un vent de panique dans les rangs du PS. Pour le moment, seul Benoît Payan, le maire PS de Marseille, a confirmé à Libération qu'il donnera son parrainage à l'ex-ministre de la Justice. Mais des soutiens d'Anne Hidalgo craignent un appel d'air d'élus déçus par une candidature qui ne décolle pas. "Les 400 000 participants à cette primaire populaire sont une vraie force de frappe pour Christiane Taubira. Nous, nous sommes 50 000 à tout casser", fustige un proche de la socialiste.
Pour l'ex-député PS Patrick Mennucci, Anne Hidalgo ira jusqu'au bout quoi qu'il arrive. "L'enjeu, ce n'est pas d'aller chercher les 3% de Christiane Taubira. L'enjeu est d'aller récupérer les électeurs de François Hollande qui ont tendance à partir chez Emmanuel Macron. Nous voulons prouver aux Français que la social-démocratie est la seule ligne politique qui peut redresser notre pays", confie ce proche d'Hélène Geoffroy, la maire PS de Vaulx-en-Velin, qu'Anne Hidalgo a finalement convaincu de rejoindre sa campagne. Douze membres de l'équipe d'Arnaud Montebourg, l'ancien candidat à la présidentielle que tout le monde annonçait chez Christiane Taubira, viennent aussi de se rallier à la maire de Paris. Assez pour donner une dynamique nouvelle à sa campagne ?
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