Uber Files : "pillage du pays", "sidérant", "lobbyiste pour multinationale", Emmanuel Macron au coeur des critiques des oppositions
Après les révélations des "Uber Files" par la cellule investigation de Radio France avec le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), dimanche 10 juillet, les réactions politiques se multiplient.
La classe politique remuée par les Uber Files. Les révélations du consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ), dont fait partie la cellule investigation de Radio France, sur le "deal" entre Emmanuel Macron et l'entreprise Uber qui cherchait alors à s'implanter en France quand il était ministre de l'Economie, entre 2014 et 2016, fait sensation, au point que certaines voix s'élèvent et crient au "scandale d'Etat".
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Des révélations qui tombent juste avant le vote de la motion de censure de la gauche à l'Assemblée nationale, lundi 11 juillet. Ainsi, avant de prendre la parole dans l'hémicycle, les échanges ont commencé sur Twitter. Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI, dénonce "le pillage du pays" par Emmanuel Macron, le qualifiant "de lobbyiste pour multinationale états-unienne".
Il y a une collusion d'intérêts, il y a une réponse aux lobbies, il y a un ministre de l'Economie qui, contre son gouvernement, participe à installer une précarisation du travail. C'est grave ce qu'il s'est passé
Sandrine Rousseau, députée EELVfranceinfo
La gauche entend bien enfoncer le clou : des députés comptent se saisir des révélations lors du vote de la motion de censure qui doit débuter à 16h. "Nous avons emprunté une pente qui est extrêmement dangereuse, donc il faut en sortir", explique le communiste Pierre Dharréville. "Le président de la République travaille pour des puissants, pour celles et ceux qui tiennent le manche d'un point de vue économique et financier."
Vers une commission d'enquête parlementaire?
Le député des Bouches-du-Rhône réclame maintenant une commission d'enquête sur les "Uber Files", comme d'autres personnalités de gauche, notamment Fabien Roussel, Sandrine Rousseau et Alexis Corbière. C'est aussi le cas de la députée insoumise Danièle Obono : "Avoir des interventions appuyées pour favoriser une entreprise privée, ce n'est pas simplement une question morale, c'est aussi une question légale", dénonce-t-elle.
#UberFiles Nouveau scandale politico-économique au cœur de la Macronie : lorsqu'il était ministre de l'économie, le président de riches a conclu un accord secret avec la multinationale étatsunienne pour favoriser son installation en France et torpiller la loi. #MacronDemission https://t.co/81qu6Zqha7
— Députée Obono (@Deputee_Obono) July 10, 2022
Au Rassemblement national, qui ne compte toujours pas voter la mention de censure de la Nupes, les députés ne prévoient pas d'être à l'initiative d'une commission d'enquête. En revanche, ils pourraient s'y associer. "Tout cela est sidérant, on est sur une autre planète. Effectivement, il faut qu'il y ait enquête et il faut qu'il y ait des suites à cette enquête", souligne le député RN de l'Oise Philippe Ballard sur franceinfo. "On va pratiquer une opposition ferme et constructive. Face à un scandale comme celui-là, je crois qu'on va faire preuve de fermeté", précise l'élu.
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Emmanuel Macron "a décousu le code du travail" pour Uber
Côté syndicat, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a réclamé, ce lundi sur franceinfo, des explications au président de la République. "Le minimum, c'est qu'il explique comment il a contribué à ce qu'Uber s'implante en France et comment, grâce à la loi Macron, il a décousu le code du travail pour favoriser ce type d'activités avec des conséquences sociales sur les salariés", a demandé le syndicaliste.
L'ancien secrétaire d'État et ex-député PS Thomas Thévenoud est persuadé qu'Uber "continue son action de lobbying auprès du gouvernement français". Le socialiste avait préparé, en 2014, une loi pour réguler la cohabitation entre taxis et VTC. Il dénonce depuis la "bienveillance d'Emmanuel Macron à l'égard d'Uber".
Face à ce déferlement de commentaires et d'accusations, l'Élysée affirme qu'Emmanuel Macron était, en tant que ministre de l'Économie, amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services "qu'il convenait de faciliter en dénouant certains verrous".
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