Jérôme Cahuzac est-il pingre ou provocateur ?
L'ancien ministre du Budget, qui a menti sur l'existence de son compte en Suisse, a envoyé à l'Assemblée nationale une demande de remboursement de ses frais de déplacements. Mais ce n'est pas son premier coup d'éclat.
A quoi joue Jérôme Cahuzac ? Dans l'affaire qui porte son nom, des détails laissent entrevoir la personnalité de l'ancien ministre du Budget. Certains pourraient montrer que l'ex-chirurgien esthétique, qui a fait fortune dans les implants capillaires, est plutôt près de ses sous. D'autres laissent entendre qu'il pourrait verser dans la provocation.
"C'est presque de la schizophrénie chez cet homme à la fois brillant et d'un grand cynisme (...). Ça fait longtemps que j'ai arrêté d'essayer de comprendre les entrées et les sorties du cerveau de Jérôme Cahuzac", a déclaré, mardi 17 septembre, le député UMP Gérald Darmanin sur RTL. Francetv info revient sur trois coups d'éclat de l'ancien ministre, mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.
1Il envoie sa facture d'essence à l'Assemblée
Jérôme Cahuzac a été entendu à deux reprises par la commission d'enquête parlementaire sur l'action du gouvernement dans l'affaire qui porte son nom. France Inter a révélé, mardi 17 septembre, que pour la seconde audience, il a demandé le remboursement de ses frais de déplacements. Les membres de la commission d'enquête parlementaire ont découvert l'existence d'une demande portant notamment sur "un plein d'essence pour un voyage Villeneuve-sur-Lot-Paris", précise la station. Les députés ont décidé, à l'unanimité, de rejeter la demande de Jérôme Cahuzac, se disant "estomaqués" et "furieux".
2Il n'a pas renoncé à son salaire de ministre
Après sa démission, un ministre a le droit de toucher son salaire pendant six mois. La loi prévoit que "lors de la cessation de ses fonctions gouvernementales", un ancien ministre perçoit "une indemnité d'un montant égal au traitement qui lui était alloué en sa qualité de membre du gouvernement", soit 9 443 euros par mois.
Un député communiste avait demandé, en avril, "que ces indemnités ne soient pas attribuées" à l'ancien ministre du Budget. Une réclamation reprise par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Mais Jérôme Guedj, député socialiste de l'Essonne, avait renvoyé Jérôme Cahuzac face à ses responsabilités : "Si une décision de cette nature doit être prise, cela doit venir de lui-même." Un choix qu'il n'a pas fait. Près de deux mois après sa démission, l'ex-ministre du Budget touchait toujours ses indemnités, révélait RMC, le 16 mai.
3Il a hésité avant de lâcher son siège de député
Avant d'être ministre, Jérôme Cahuzac était député du Lot-et-Garonne. Un poste qu'il a pensé récupérer après avoir quitté le gouvernement. Mais il a fini par y renoncer, évoquant un "choix douloureux". Deux jours plus tard, il a expliqué avoir envisagé de se présenter aux législatives partielles de Villeneuve-sur-Lot, notamment pour s'expliquer auprès des électeurs et "dire, à l'occasion de cette campagne, ce qu'était pour [lui] l'état du pays, avec une liberté pleine et entière, puisque vous savez, la vérité rend libre".
Jérôme Cahuzac n'a pas encore dit son dernier mot. Il maintient le suspense sur la suite de sa carrière politique, et pourrait se présenter pour les élections municipales de 2014. Au mois de mai, il a conclu une interview accordée à La Dépêche du Midi avec cette phrase laconique : "Je reviendrai."
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