Présidentielle américaine 2024 : avortement, immigration, Proche-Orient... Ce qu'il faut retenir du débat entre les colistiers J.D. Vance et Tim Walz
Un débat courtois dans une campagne jusqu'ici marquée par une rhétorique très violente. Le démocrate Tim Walz et le républicain J.D. Vance, colistiers de Kamala Harris et Donald Trump pour l'élection présidentielle américaine, se sont affrontés mardi 1er octobre lors de leur premier et unique débat, sur la chaîne CBS News. Durant les 90 minutes de ce face-à-face, leur micro n'a été coupé qu'à un seul moment.
Même si les débats entre les candidats à la vice-présidence ont généralement une faible influence sur le scrutin, celui-ci pourrait revêtir une importance particulière. Donald Trump ayant refusé d'affronter à nouveau Kamala Harris, ce duel télévisé pourrait être le dernier de la campagne. Et, selon plusieurs médias américains, c'est le colistier républicain qui a dominé la soirée, face à un Tim Walz manquant de charisme. Voici ce qu'il faut retenir de leurs échanges, à un mois du scrutin.
Tim Walz accuse son rival de "déshumaniser" les migrants
Alors que J.D. Vance a récemment relayé une théorie mensongère et raciste selon laquelle des migrants haïtiens mangeraient des chats et des chiens, Tim Walz a accusé son rival de "déshumaniser" les migrants. Le colistier républicain a balayé ces attaques et cadré sa réponse sur les conséquences, selon lui, de l'immigration sur le logement et les services de santé. "Vous avez des hôpitaux débordés. Vous disposez de logements totalement inabordables parce que nous avons fait venir des millions d'immigrants illégaux pour rivaliser avec les Américains pour des logements rares", a-t-il répondu.
J.D. Vance a également affirmé à deux reprises qu'il y avait "25 millions d'étrangers illégaux" aux Etats-Unis. Mais ces chiffres ne sont pas étayés par les données disponibles, souligne l'AFP. Le ministère de la Sécurité intérieure a estimé, dans un rapport publié en avril, que 11 millions d'immigrants se trouvaient de manière non autorisée aux Etats-Unis en janvier 2022. Le Migration Policy Institute, organisme qui travaille sur la question migratoire, livre pour sa part une estimation à 11,3 millions de personnes mi-2022.
Les démocrates décrits comme ayant des positions "pro-avortement radicales"
J.D. Vance a accusé mardi soir les démocrates d'avoir des positions "pro-avortement radicales", tout en appelant son parti à "regagner la confiance des Américains sur le sujet". En réponse, Tim Walz a affirmé que son parti était "pro-femmes (...) pour la liberté de faire ses propres choix". Le colistier démocrate a attaqué le bilan de l'ancien président Donald Trump sur cette question, et rappelé que, sous son mandat, la Cour suprême a révoqué le droit constitutionnel à l'avortement.
Il a ensuite évoqué les histoires de femmes victimes des conséquences de ce changement législatif, comme le cas d'Amanda Zurawski, qui, après avoir été renvoyée chez elle par les médecins d'un hôpital du Texas, a connu une complication à sa 18e semaine de grossesse qui aurait pu la tuer.
En avril, après des semaines d'ambiguïté, Donald Trump avait pris de nouvelles positions sur l'avortement, en excluant finalement tout projet de l'interdire à l'échelle du pays. Une mesure pourtant réclamée par ses partisans les plus radicaux, au sein de l'électorat chrétien ultra-conservateur. Sur X, mardi soir, il a répété cet engagement : "Tout le monde sait que je ne soutiendrai en aucun cas une interdiction fédérale de l'avortement". Le candidat républicain s'est par ailleurs redit favorable, "comme Ronald Reagan", à des avortements dans certaines circonstances : "Je soutiens pleinement les trois exceptions [pour avorter] en cas de viol, d'inceste ou de risque pour la vie de la mère."
J.D. Vance accuse à tort "l'administration de Kamala Harris" d'avoir soutenu l'Iran
Quelques heures après que l'Iran a lancé 200 missiles contre Israël, les candidats ont été interrogés sur leur soutien éventuel à une frappe israélienne sur l'Iran. "C'est à Israël de décider ce qu'il pense devoir faire pour assurer la sécurité de son pays. Et nous devons soutenir nos alliés où qu'ils se trouvent", a répondu J.D. Vance. Tim Walz n'a, de son côté, pas directement répondu à la question.
Le républicain a également accusé les démocrates d'avoir soutenu l'Iran. Téhéran "a reçu plus de 100 milliards de dollars en actifs débloqués grâce à l'administration de Kamala Harris". Cette affirmation est toutefois fausse. Dans le cadre d'un accord global conclu en 2015 sous Barack Obama et mis en place l'année suivante pour limiter le développement du programme nucléaire iranien, 100 milliards de dollars de recettes de ventes de pétrole iranien auparavant gelés par des sanctions ont été débloqués. Mais Kamala Harris, alors procureure générale de Californie, ne faisait pas partie de l'administration Obama.
Tim Walz est également revenu sur le caractère de Donald Trump, estimant qu'il était trop "volage" pour qu'on lui fasse confiance pour gérer cette guerre.
Le colistier républicain nie le lien entre les émissions de CO2 et la crise climatique
J.D. Vance a remis en question "l'idée que les émissions de CO2 sont à l'origine de tout le changement climatique" et accusé les démocrates d'évoquer ce fait avéré "pour le plaisir de l'argumentation". Il a rappelé que son parti entendait relancer "l'industrie américaine autant que possible", et "produire autant d'énergie que possible aux Etats-Unis."
De son côté, Tim Walz a martelé : "Le changement climatique est une réalité. Réduire notre impact est absolument essentiel". A propos de l'ouragan Hélène, qui a dévasté le sud-est des Etats-Unis et fait au moins 130 morts, il a exprimé sa profonde tristesse et affirmé qu'"il ne fait aucun doute que la crise climatique progresse plus rapidement et plus intensément que tout ce que nous avons connu jusqu'à présent".
Une passe d'armes sur la présidentielle 2020 et la démocratie américaine
Près de quatre ans après l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par des partisans de Donald Trump, Tim Walz a estimé que pour "la première fois dans l'histoire des Etats-Unis", un "président ou quiconque", avait "tenté de renverser une élection équitable et le transfert pacifique du pouvoir". Donald Trump "a-t-il perdu l'élection de 2020 ?", a-t-il même directement demandé à J.D. Vance, alors que l'ancien président a toujours refusé de reconnaître sa défaite dans les urnes. "Je suis concentré sur le futur", lui a répondu le sénateur républicain, ajoutant tout de même qu'il y avait eu "des problèmes en 2020".
Des candidats qui tentent de se montrer proches des électeurs
Les deux candidats ont cherché à se donner une image d'homme proche du peuple. "Je suis un chasseur, je possède des armes", a par exemple lancé Tim Walz. Dans son message de clôture, le colistier démocrate a également remercié les téléspectateurs ayant raté la populaire émission "Danse avec les stars" pour regarder le débat, et cité le soutien de Taylor Swift à sa candidate.
J.D. Vance a lui parlé plusieurs fois de son enfance. "Je me souviens quand ma grand-mère m'élevait, et qu'elle n'avait pas assez d'argent pour allumer le chauffage certains soirs, parce qu'il fait assez froid la nuit en Ohio et parce que l'argent venait souvent à manquer", a-t-il notamment raconté en conclusion du débat.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.