États-Unis : Donald Trump temporise sur l'avortement et déçoit la frange radicale de ses partisans

À sept mois de l’élection présidentielle américaine, le candidat républicain s’est montré prudent sur ce sujet inflammable. Les primaires en poche, il doit désormais parler à tous les Américains s'il veut l'emporter le 5 novembre prochain face à Joe Biden.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Donald Trump lors d'un meeting dans le Wisconsin, le 2 avril 2024. (ALEX WROBLEWSKI / AFP)

"Donald Trump prudent", ce ne sont pas des mots qu'on a l'habitude d'accoler. Et pourtant, après des semaines d’ambiguïté, l'ancien président, qui aspire à le redevenir, a pris position sur l'avortement. Dans une vidéo, publiée lundi 8 avril sur sa plateforme Truth Social, il exclut finalement tout projet d'interdire l'avortement à l'échelle des États-Unis. C'est pourtant ce que lui réclamaient ses partisans les plus radicaux, au sein de l'électorat chrétien ultra-conservateur.

Le candidat républicain préfère laisser la main à chaque État. "Ce seront eux qui décideront, par référendum ou par la loi", si l'IVG est légale et au bout de combien de semaines de grossesse, explique Donald Trump. Vous connaissiez le proverbe politique : "pour enterrer un problème, créez une commission". Version Trump, ça donne : "pour enterrer un problème, renvoyez-le vers les États". Immédiatement, Joe Biden a moqué la position d'équilibriste de son rival. "Il s'est empêtré", estime le président démocrate.

Bien sûr, Donald Trump a tout de même donné des gages aux militants anti-avortement. Dans la vidéo, il rappelle qu'il a lui-même nommé des juges très conservateurs à la Cour suprême. Ce qui a déjà permis de détricoter la législation sur l'IVG dans plusieurs États. Mais l'association SBA, farouchement anti-avortement, a fait part de son "une immense déception" après la prise de position de l’ancien président.

"Un champ de mines" pour Donald Trump

Si Donald Trump a choisi de faire preuve de tempérance sur ce dossier, au risque de mécontenter ses fans, c'est d'abord une question de calendrier. La primaire républicaine est pliée en sa faveur. Donald Trump n'a donc plus besoin de s'adresser spécifiquement à l'électorat le plus conservateur. Il doit désormais parler à tous les Américains et convaincre des électeurs modérés, s'il veut l'emporter le 5 novembre prochain face à Joe Biden.

Donald Trump sait aussi que ce thème de l'avortement, "un champ de mines" dit-il en privé, divise son camp et unifie celui d'en face, les démocrates. D'ailleurs, dans les urnes, ces derniers mois, à chaque fois qu'un vote local s'est joué sur le thème de l'avortement, ses défenseurs l'ont emporté. Y compris dans des États conservateurs, comme l'Ohio et le Kansas. Voilà pourquoi, dans un autre passage de sa vidéo moins commenté, Donald Trump s'est justifié auprès de la frange dure de son électorat : "Certes, sur ce sujet [l'avortement], il faut écouter son cœur, mais n'oubliez pas qu'il faut aussi gagner l'élection".

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