Cet article date de plus de deux ans.

Etats-Unis : ce que l'on sait de la fusillade dans une école du Texas, où 19 enfants et deux adultes ont été tués

Le tireur a été abattu par la police mardi. Il a perpétré la deuxième tuerie la plus meurtrière dans un établissement scolaire de l'histoire du pays. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Des familles endeuillées dans une rue d'Uvalde (Texas, Etats-Unis), après la tuerie dans une école élémentaire de la ville, le 24 mai 2022. (JORDAN VONDERHAAR / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Le visage des très jeunes victimes hantera sans doute longtemps les Américains. Un tireur a tué 19 enfants et deux adultes dans une école primaire à Uvalde, au Texas, avant d'être abattu par la police, mardi 24 mai. Les élèves avaient entre 7 et 10 ans. Il s'agit de la deuxième fusillade la plus meurtrière à toucher un établissement scolaire dans l'histoire des Etats-Unis. Réagissant au drame, le président américain Joe Biden a promis "d'affronter le lobby des armes", relançant un débat récurrent aux Etats-Unis. Voici ce que l'on sait des faits.

Une tuerie au sein d'une école élémentaire

Vers 11h30, mardi, le tireur est entré dans l'école primaire Robb, à Uvalde. Son véhicule, un pick-up, a été retrouvé, manifestement accidenté, à proximité de l'établissement. L'homme portait une arme de poing, et peut-être un fusil d'assaut, a affirmé le gouverneur du Texas, Greg Abbott. Il a ouvert le feu, tuant ses victimes "d'une façon atroce et insensée", a poursuivi le gouverneur.

Les autorités n'ont pas détaillé le déroulement précis de l'attaque. Le scénario de l'intervention des forces de l'ordre reste flou. Deux policiers municipaux et un agent de sécurité de l'école ont tenté d'intervenir mais n'ont pas réussi à neutraliser le tireur, qui portait des protections pare-balles, a expliqué un responsable de la sécurité publique du Texas, Chris Olivarez, cité par NBC*.

Il a fallu attendre l'arrivée d'une "équipe tactique" pour que l'assaillant soit abattu. En entrant dans l'établissement, les forces de l'ordre ont été la cible de tirs de l'assaillant, barricadé à l'intérieur, a détaillé sur Twitter* une responsable du département de la Sécurité intérieure. Les agents "se sont placés entre le tireur et des enfants pour éloigner son attention de potentielles victimes", a-t-elle aussi raconté. 

Ville de 15 000 habitants, Uvalde est située dans le sud du Texas, à une centaine de kilomètres de la frontière du Mexique, à l'ouest, et de San Antonio, à l'est. L'école Robb accueille habituellement plus de 500 enfants de moins de 10 ans.

Vingt-et-un morts et des victimes déjà identifiées

Le nombre de victimes s'est alourdi au fil de la soirée pour atteindre, selon le dernier bilan, 21 morts dont 19 enfants. Les journalistes sur place décrivent les interminables heures d'angoisse des parents d'élèves de l'établissement, qui ont parfois dû attendre la fin de soirée et un test ADN pour apprendre la mort de leur enfant. L'identité des victimes n'avait pas été rendue publique mardi soir.

La tante d'une enseignante de l'établissement, Eva Mireles, a identifié cette dernière comme l'une des deux victimes adultes de la tuerie, auprès de plusieurs médias. Sa mort n'a toutefois pas été confirmée par les autorités. Sur le site internet de l'école élémentaire*, Eva Mireles disait enseigner dans la même classe, à un niveau équivalent au CM1, c'est-à-dire avec des élèves de 9 à 10 ans. Selon un responsable de la sécurité publique du Texas, Chris Olivarez, l'autre adulte tué enseignait également dans l'établissement.

Un responsable de l'unique hôpital d'Uvalde déclare au New York Times* que 16 personnes ont été transférées dans l'établissement : deux enfants sont morts à leur arrivée, quatre enfants légèrement touchés ont pu ressortir, mais les dix autres victimes (cinq enfants et cinq adultes) restaient hospitalisées dans la soirée. Parmi elles, cinq enfants et un adulte ont été transférés à San Antonio, la grande ville la plus proche. Un hôpital de San Antonio a affirmé sur Twitter* avoir reçu quatre patients d'Uvalde : une femme de 66 ans et une fillette de 10 ans dans un état critique, et deux enfants plus légèrement touchés.

Une responsable du département de la Sécurité intérieure a précisé qu'un agent de la police aux frontières avait été blessé dans un échange de tirs avec l'assaillant.

Un tireur de 18 ans aux motivations inconnues

L'homme qui a ouvert le feu dans cette école du Texas avant d'être abattu a été identifié par les autorités. Il s'appelait Salvador Ramos et avait 18 ans. De nationalité américaine, il habitait le comté où se trouve l'école, selon le gouverneur du Texas.

Des responsables locaux, s'exprimant anonymement dans les médias américains, ont expliqué que l'homme était soupçonné d'avoir tiré sur sa grand-mère au domicile de cette dernière, peu avant la tuerie. Cette femme de 66 ans a été hospitalisée dans un état grave à San Antonio.

Les motivations de Salvador Ramos restent inconnues. Un sénateur du Texas, Roland Gutierrez, a dit avoir été informé par la police que le jeune homme avait acheté deux fusils d'assaut le jour de son 18e anniversaire, un point que les autorités n'ont pas confirmé publiquement. Des photos montrant deux fusils d'assaut et un chargeur de munitions avaient été postées sur son compte Instagram trois jours avant l'attaque, rapporte la chaîne CNN*.

Le manager d'un fast food local a raconté au New York Times qu'il y avait travaillé et avait démissionné il y a un mois. "Il faisait tout ce qu'il pouvait pour rester dans son coin. Personne ne le connaissait vraiment", témoigne-t-il.

Une tuerie annoncée sur Facebook

Le tireur avait annoncé sur Facebook qu'il allait perpétrer cette attaque, a rapporté mercredi le gouverneur de l'Etat, Greg Abbott. La plateforme a immédiatement précisé que le tireur avait publié ces avertissements dans le cadre de la messagerie privée de Facebook, et que par conséquent les messages n'avaient été découverts qu'après la tragédie.

Selon Greg Abbott, Salvador Ramos, 18 ans, a successivement publié un message prévenant qu'il allait tirer sur sa grand-mère, puis un autre précisant qu'il l'avait fait. "Le troisième message, sans doute moins de 15 minutes avant d'arriver à l'école, disait: 'Je vais ouvrir le feu dans une école primaire'", a précisé le gouverneur dans une conférence de presse.

Facebook a déclaré "coopèrer pleinement" avec la police chargée de l'enquête sur la tuerie, a assuré un porte-parole de Meta, la maison mère du réseau social.

Le débat sur les armes relancé, Biden promet d'agir

Le président américain Joe Biden a exprimé son émotion dans un discours à la Maison Blanche, mardi soir, à son retour d'une tournée en Asie. "Quand, pour l'amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes ?" a-t-il imploré, estimant qu'il était "temps de transformer la douleur en action". Sa vice-présidente Kamala Harris s'est adressée au Congrès, affirmant que "nous devons trouver le courage d'agir".

Ces dernières années, les tentatives de durcir la législation se sont heurtées aux blocages politiques. Un sénateur démocrate du Connecticut, Chris Murphy, a "supplié" ses collègues de les surmonter : "Dans aucun autre pays, les enfants vont à l'école en pensant qu'ils pourraient se faire tirer dessus", a-t-il rappelé. C'est dans son Etat, en 2012, qu'un homme de 20 ans avait tué 26 personnes dont 20 enfants dans l'école élémentaire Sandy Hook, la seule tuerie en milieu scolaire dont le bilan surpasse dans l'horreur celui d'Uvalde.

De son côté, le sénateur républicain du Texas Ted Cruz a réitéré sa conviction de l'inefficacité des restrictions du droit au port d'armes, estimant plus utile de déployer davantage de policiers armés autour des établissements scolaires.

Le sujet devrait faire l'objet de vifs débats autour du congrès annuel de la NRA, le puissant lobby de l'armement, qui doit s'ouvrir vendredi à Houston, au Texas, en présence du gouverneur de l'Etat. Cette tuerie a lieu à peine dix jours après un massacre raciste perpétré dans un supermarché de Buffalo, dans l'Etat de New York, qui avait fait 10 morts, et dont l'auteur avait délibérément visé des victimes noires.

Le drame d'Uvalde fait réagit bien au-delà de la politique américaine. En France, le président de la République Emmanuel Macron a affirmé dans un tweet que le pays partageait "le choc et la peine" du peuple américain. Le pape François a déclaré avoir le "cœur brisé" et a condamné le commerce "incontrôlé" des armes. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé ses condoléances aux familles des victimes, jugeant "horrible que des tireurs fassent des victimes en temps de paix"

Une des réactions les plus remarquées sur les réseaux sociaux est celle d'un entraîneur de basket, Steve Kerr, des Warriors de Golden State (Californie), qui s'est insurgé en conférence de presse : "Quand allons-nous faire quelque chose ?", s'est-il exclamé, accusant les sénateurs républicains de "faire passer leur désir de pouvoir avant la vie des enfants".

* Les liens suivis d'un astérisque renvoient vers des contenus en anglais.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.