Témoignages À Gaza, les médecins veulent profiter de la trêve pour enfin soigner correctement les milliers de blessés

"On espère qu'on ne recevra plus de nouveaux blessés, qu'on aura enfin du temps pour s'occuper des patients qu'on a déjà", confie un médecin de Gaza, alors que ce samedi marque le deuxième jour de cessez-le-feu.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
L'hôpital al-Chifa dans la ville de Gaza, le 3 novembre 2023. (DAWOOD NEMER / AFP)

Au deuxième jour de trêve entre Israël et le Hamas, et alors que de nouveaux otages doivent être libérés samedi 25 novembre, la population civile de Gaza profite du répit, après six semaines de bombardements intenses. C'est le cas notamment dans les hôpitaux, où les médecins, en première ligne depuis le début du conflit, espèrent pouvoir soulager un peu leurs services surchargés par le nombre et la gravité des blessures.

Car depuis le début des bombardements israéliens sur l'enclave palestinienne, le système de santé gazaoui tient grâce à une chose : le dévouement sans faille des professionnels. Depuis le début de la guerre, Salah el-Shami travaille non-stop pour limiter les dégâts dans l'hôpital européen, tout au sud de l’enclave. Il y a parfois deux blessés par lit dans cet etablissement, raconte-t-il. "La nuit, je reste à l'hôpital pour dormir. Je travaille 24 heures d'affilée et je rentre voir ma famille chez moi."

"Depuis que la guerre a commencé, on n'est pas payés. Et vous savez maintenant, dans cette situation, on ne dort pas bien la nuit."

Salah el-Shami, médecin à l'hôpital européen du sud de Gaza

à franceinfo


Un peu plus au nord, dans l'hôpital Nasser, Nedal Abdel dit que le personnel médical est exténué. Lui est palestinien et travaille avec l'ONG Médecins Sans Frontières. Les besoins, dit-il, sont à tous les niveaux. "On a besoin de beaucoup de place, de beaucoup de renforts en docteurs qui pourraient venir de l'extérieur, confie le médecin. On espère que la guerre va s'arrêter et qu'on ne recevra plus de nouveaux blessés, pour qu'on ait enfin du temps pour s'occuper des patients qu'on a déjà et qui ont besoin de chirurgie."

"Ils ont attaqué tous les hôpitaux"

Nedal Abdel ne rentre chez lui que tous les trois jours. Il raconte qu'il doit marcher sept kilomètres à pied, faute de carburant pour sa voiture. Comme lui, les médecins ont le sentiment de beaucoup donner, sans véritable protection. En effet, plusieurs hôpitaux ont été bombardés dans l'enclave palestienienne. "Dans la ville de Gaza, il y a eu quelque chose d'exceptionnel parce qu'ils ont attaqué tous les hôpitaux, fustige Nedal. Des médecins ont été tués dans le nord, donc même ici, on ne pense pas que les hôpitaux soient protégés."

Les hôpitaux du sud de la bande de Gaza, déjà surchargés, reçoivent désormais des blessés venus du nord de l'enclave qui, faute de soins pendant plusieurs jours, sont en très mauvais état. Dans les hôpitaux de Gaza, la trêve sera surtout l'occasion de redoubler d'efforts.  

Le difficile quotidien des médecins à Gaza : témoignages recueillis par Etienne Monin

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