Témoignage "Il est mort entre nos mains" : un habitant de Gaza décrit la situation à Rafah

La trêve humanitaire qui doit durer quatre jours a démarré vendredi dans la bande de Gaza. Dans l'enclave, de nombreux habitants ont perdu des proches. Un employé de Médecins du monde témoigne du drame qu'il a vécu.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Selon un dernier bilan communiqué jeudi par le gouvernement du Hamas, 14.854 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza. (Photo d'illustration) (BELAL KHALED / ANADOLU)

Pour raconter son histoire, quand il trouve du réseau pour se connecter à Internet, Khaled, un employé de Médecins du monde, joint par franceinfo, envoie des vidéos. Il montre l'image d’une maison en brique grise de Rafah pulvérisée à 200 mètres de l’endroit où il se trouvait avec sa famille. C'est là que Mohamed, son ami, a été tué pendant l’explosion.

"J'ai entendu les cris de ma mère, de ma femme à l'intérieur et les éclats qui tombent sur le toit de l'endroit où je dors", raconte Khaled. Alors que la trêve humanitaire débute vendredi 24 novembre à Gaza, le bilan du nombre de victimes palestiniennes est hors norme. Plus de 14 000 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, selon le Hamas. 

"Je sentais que tout était détruit et que tous étaient sous les décombres."

Khaled, habitant de Gaza

à franceinfo

Pendant cette guerre Mohamed était devenu comme un frère pour Khaled. Il lui a sauvé la mise et ensemble ils ont affronté les événements. "On a aidé pas mal de gens. Soit avec ma voiture, soit avec sa camionnette. On a acheté de la farine, qu'on a distribuée. On a acheté du sel, on a ramené de l'eau", détaille-t-il.

Mais Mohamed, 35 ans, était dehors au moment de l’explosion de la maison voisine mardi soir. "Il est mort entre nos mains ici. Il a laissé derrière lui sa très jeune femme et ses trois enfants âgés de 2 à 7 ans", déplore-t-il. "Sa petite fille m'a dit : 'Où est mon père ? J'ai besoin de lui, je veux le voir'", poursuit Khaled des sanglots dans la voix. "Il était un bon camarade, un bon ami", résume-t-il. 

À Gaza, presque toutes les familles ont perdu un proche. Selon Khaled, cette guerre touche essentiellement les civils. "Les armes que les Israéliens utilisent détruisent toute la vie des gens, des dizaines de personnes, des histoires, des souvenirs, des rêves", relate l’ancien directeur administratif de Médecins du monde. Il est en ce moment déplacé à Rafah, au sud de Gaza mais assure qu'aucun endroit n’est sûr aujourd’hui dans l'enclave.

Gaza : témoignage recueilli par Etienne Monin

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