Guerre entre Israël et le Hamas : ce que l'on sait de l'ordre israélien d'évacuer immédiatement la ville de Gaza

Article rédigé par franceinfo
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Des Palestiniens transportent leurs affaires personnelles à la recherche de lieux sûrs après des bombardements israéliens à Gaza, le 13 octobre 2023. (MAHMUD HAMS / AFP)
Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, rejette l'ordre d'évacuation et demande à la population de rester chez elle. Pour l'ONU, une telle opération apparaît "impossible sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices".

Un nouvel ordre d'évacuation imposé aux Gazaouis. Les habitants de la ville de Gaza ont pour consigne de quitter leur domicile d'ici samedi matin, "pour leur propre sécurité", exige l'armée israélienne, vendredi 13 octobre, dans un message diffusé aussi sur ses réseaux sociaux. Elle appelle à "l'évacuation de leurs maisons par tous les civils de la ville de Gaza vers le sud".

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Environ un million de Palestiniens (la moitié de la population de l'enclave) habitent cette zone sommée d'évacuer. L'armée israélienne a justifié cette mesure, décidée en urgence, par la présence des "terroristes" du Hamas qui "utilisent [les civils palestiniens] comme boucliers humains". Les Gazaouis sont également menacés par Israël, qui avertit : "dans les jours qui suivront, Tsahal poursuivra ses opérations de manière significative dans la ville de Gaza".

L'ordre d'évacuation a été donné par Israël vendredi à l'aube

"Tous les civils" résidant à Gaza ont été sommés, vendredi, par l'armée israélienne, de quitter "immédiatement" leur logement. Tsahal a notamment largué des tracts sur la ville pour informer la population. Cet ordre intervient au septième jour de sa guerre contre le Hamas. Il annonce une intensification des bombardements ou une possible offensive terrestre de Tsahal dans l'enclave palestinienne. L'armée précise que cette évacuation, au nom de la "propre sécurité" des Gazaouis, doit s'opérer "vers la zone au sud de Wadi Gaza", un ruisseau situé au sud de la ville. Elle a admis un peu plus tard dans la matinée que l'évacuation "prendrait du temps", sans confirmer le délai de 24 heures, initialement communiqué par l'ONU.

La carte montrant le plan d'évacuation de la population de Gaza, tel que voulu par l'armée israélienne, le 13 octobre 2023. (ASTRID AMADIEU / FRANCEINFO)

L'objectif affiché est de boucler Gaza et de vider le nord du territoire palestinien. Et ce, pour une durée indéterminée puisque les forces israéliennes précisent que les résidents gazaouis ne seront "autorisé[s] à retourner dans la ville de Gaza que lorsqu'une autre annonce le permettant sera faite", ajoute Israël, qui n'exerce pas d'autorité dans cette zone.

Le siège de l'ONU à Gaza était, vendredi matin, en cours d'évacuation, a appris la rédaction internationale de Radio France de source diplomatique. En conformité avec les instructions israéliennes, les Nations unies ont prévu de se réinstaller près de Rafah, le poste-frontière qui sépare le sud du territoire palestinien de l'Egypte.

Le Hamas refuse l'ordre d'évacuation et dénonce une "fausse propagande"

Dans son message posté vendredi, l'armée israélienne justifie cet ordre imposé aux Palestiniens par le fait que "les terroristes du Hamas se cachent dans la ville de Gaza". Tsahal a énuméré des cachettes "dans des tunnels situés sous les maisons et à l'intérieur de bâtiments peuplés de civils gazaouis innocents".

Des tracts sont largués par l'armée israélienne sur la ville de Gaza, dans la bande de Gaza, le 1 octobre 2023. Ils invitent la population locale à fuir immédiatement vers le sud. (MOHAMMED ABED / AFP)

"Notre peuple palestinien rejette la menace des dirigeants de l'occupation et ses appels à quitter leurs maisons et à fuir vers le sud ou l'Egypte", a réagi le Hamas. Le porte-parole du groupe islamiste a dénoncé "une fausse propagande" destinée à "semer la confusion" à Gaza et à nuire à la "cohésion interne". Dans un communiqué cité par l'AFP, l'organisation terroriste, au pouvoir dans la bande de Gaza, appelle les habitants à ne pas se plier à cette injonction. "Il n'y aura pas de déplacement", affirme le Hamas, disant ses membres "inébranlables sur [leurs] terres, dans [leurs] maisons, et dans [leurs] villes".

L'ONU demande l'annulation de l'ordre d'évacuation

Confrontés à des bombardements ces derniers jours, près de 423 000 habitants de la bande de Gaza ont déjà dû quitter leur logement, mais beaucoup restent piégés par les frappes, sans savoir où aller. En conséquence, de nombreux Palestiniens sont réfugiés dans les écoles et les hôpitaux de la ville, pourtant dépassés par l'afflux de patients blessés. "Le ministère palestinien de la Santé a informé l'OMS qu'il est impossible d'évacuer les patients vulnérables des hôpitaux du nord de Gaza", a expliqué un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé.

Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric estime que cet ordre d'évacuation concerne plus d'un million d'habitants de la bande de Gaza. Il juge l'opération "impossible sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices". Evacuer totalement la ville reviendrait à concentrer plus de deux millions d'habitants, présents dans la bande de Gaza, dans les 325 kilomètres carrés restants de ce territoire.

Les Gazaouis ne peuvent pas s'approcher de la frontière avec Israël, a également menacé Tsahal. Par ailleurs, la frontière entre le territoire palestinien et l'Egypte a été bombardée, à plusieurs reprises. Le président égyptien les a exhortés, jeudi, à "rester sur leur terre". Cet ordre d'évacuation est donc "totalement irréaliste" et "les autorités israéliennes le savent", a commenté sur franceinfo Johann Soufi, ancien responsable juridique de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

Dans ces circonstances, "les Nations unies appellent fortement à ce que cet ordre (...) soit annulé pour empêcher de transformer ce qui est déjà une tragédie en une situation calamiteuse", a martelé son porte-parole, vendredi, depuis New York. Une nouvelle réunion d'urgence doit se tenir, dans la journée, à huis clos au Conseil de sécurité de l'ONU.

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