Hamas, Jihad islamique, Hezbollah… Quels sont les groupes armés impliqués dans le conflit avec Israël ?
A la manœuvre de l'attaque massive qui a surpris Israël, le 7 octobre, le Hamas, l'organisation terroriste au pouvoir dans la bande de Gaza, peut compter sur l'appui d'autres groupes armés. Parmi eux, le Jihad islamique palestinien, ainsi que le Hezbollah, très puissant au Liban.
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Mercredi 11 et jeudi 12 octobre, le Hamas et le Jihad islamique ont fait état de "tirs de roquettes nourris" vers le sud et le centre d'Israël, notamment contre Tel Aviv. Quant au Hezbollah, il a déclaré avoir tiré vers Israël depuis le sud du Liban, en réponse à la mort de trois de ses militants. Retour sur l'origine et les méthodes de ces groupes armés, à l'implication variable dans cette guerre qui a déjà fait des milliers de morts en quelques jours.
Le Hamas
Le Hamas, ou Mouvement de résistance islamique, est la principale force derrière les attaques contre Israël. Il s'agit d'une organisation palestinienne comptant "une part politique, nationaliste, et une part religieuse, islamiste", explique Khaled Al Hroub, professeur à l'université Northwestern au Qatar et auteur de l'essai Le Hamas (Démopolis, 2008). En tant que mouvement islamiste, "il a cette croyance que l'islam offre une vision globale de la vie politique et sociale".
L'organisation est née en 1987 dans le sillage de la première intifada, le mouvement de révolte contre l'occupation israélienne à Gaza et en Cisjordanie. Le Hamas a été fondé par des membres du mouvement islamiste des Frères musulmans, "qui ont finalement fait du Hamas une organisation autonome avec sa propre charte et ses stratégies", précise le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR). A l'époque, l'intifada était "populaire, massive", souligne Khaled Al Hroub. "Des leaders islamistes se sont dit : 'nous devons rejoindre cet effort national'" de résistance palestinienne, poursuit le spécialiste du Hamas.
Avec sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, et ses actions violentes à l'encontre de civils sur le territoire israélien, le Hamas est considéré comme organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis. Les brigades al-Qassam, créées en 1991, sont menées par Mohammed Deif et Marwan Issa. Samedi matin, c'est Mohammed Deif qui a annoncé le lancement de l'opération "Déluge d'Al-Aqsa" contre Israël. Ces brigades sont le groupe armé "le plus important et le mieux équipé" de Gaza, pointe l'ECFR.
La première charte du Hamas, aux propos très religieux, évoquait ouvertement une "lutte contre les juifs" et appelait à libérer la Palestine de l'occupation israélienne. "Le jihad pour la libération de la Palestine est un devoir individuel", peut-on lire. Le ton change dans la nouvelle charte du Hamas, en 2017. "Sans reconnaître officiellement Israël, le Hamas accepte, indirectement, l'idée d'un Etat palestinien à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est", relève Khaled Al Hroub. Ce nouveau document assure que le Hamas ne lutte pas contre "les juifs parce qu'ils sont juifs", mais s'oppose aux "sionistes qui occupent la Palestine".
En 2017, le Hamas est alors depuis dix ans au pouvoir dans la bande de Gaza, après sa victoire aux élections législatives de 2006 dans les Territoires palestiniens. L'année suivante, après une guerre civile entre les islamistes et le Fatah, le Hamas s'est emparé de la zone par la force. En réaction, Israël – avec le soutien de l'Egypte – a mis en place un blocus de la bande de Gaza, affectant gravement la population gazaouie.
Le Jihad islamique palestinien
Lundi, la branche armée du Jihad islamique palestinien, les Brigades al-Qods, a annoncé une infiltration en Israël depuis le Liban, en soutien de l'attaque du Hamas. Le leader de l'organisation, Ziyad Nakhaleh, a affirmé que son groupe détenait plus de 30 otages israéliens dans la bande de Gaza, rapporte le journal Times of Israel. L'Etat hébreu a déclaré, de son côté, avoir tué "des suspects" de ce mouvement arrivés sur son territoire.
Comme le souligne le Conseil pour les relations internationales, un think tank indépendant, le Jihad islamique palestinien est également un mouvement islamiste et nationaliste, classé en 1997 comme organisation terroriste par le département d'Etat américain. L'organisation ne reconnaît pas Israël et s'oppose de manière violente à l'occupation des Territoires palestiniens, souligne Foreign Policy. A la différence du Hamas, désormais acteur politique, le Jihad islamique palestinien n'agit qu'à travers le recours aux armes. Il est notamment responsable d'attentats-suicides, comme celui de mars 1996 à Tel-Aviv (Israël), qui avait fait 13 morts et 75 blessés.
Ce mouvement a été fondé vers 1980 par Fathi Shiqaqi, "un Palestinien au départ proche de l'organisation des Frères musulmans, mais qui s'en est progressivement démarqué en dénonçant son absence d'engagement dans la lutte de libération nationale", rappelle auprès du Monde Leïla Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d'études politiques de Paris (Carep). Selon le Conseil européen pour les relations internationales, sa branche armée, les Brigades al-Qods, a été créée en 1992. Le mouvement, "à la fois sunnite et fortement inspiré par le chiisme" d'après Leïla Seurat, est largement soutenu par l'Iran.
Le Hezbollah
Depuis dimanche, le Hezbollah – "parti de Dieu" en arabe – revendique une série de tirs sur des positions israéliennes depuis le Liban. Les Etats-Unis se sont déclarés "profondément inquiets" face à cette escalade, et ont appelé l'organisation libanaise à ne pas ouvrir un "deuxième front" contre Israël. Le Hezbollah, défini comme une organisation terroriste par les Etats-Unis notamment (l'UE ne classe comme telle que sa branche militaire), affirme agir en soutien du Hamas dans cette offensive.
L'organisation chiite, appuyée notamment par l'Iran, soutient depuis longtemps les mouvements de résistance palestinienne et voit l'Etat hébreu comme son ennemi, rappelle Foreign Policy. Considéré comme "un Etat dans l'Etat" du fait de son influence politique et sociale, le Hezbollah est né en 1982, en pleine guerre civile libanaise. La milice, financée et appuyée par l'Iran, a alors pris les armes contre l'occupation israélienne dans le sud du Liban, décrit le Conseil pour les relations internationales. Dans son manifeste de 1985, le mouvement a appelé à la destruction de l'Etat d'Israël, tout en prêtant allégeance au guide suprême iranien. La guerre entre Israël et le Hezbollah, au cours de l'été 2006, a fait plus de 1 200 morts au Liban et 160 du côté israélien.
L'organisation chiite est aussi un acteur politique au Liban, avec huit élus au Parlement dès 1992 et actuellement 13 parlementaires. Comme le pointe Foreign Policy, le Hezbollah continue de contrôler des pans entiers du territoire libanais, comme dans le Sud ou dans la plaine de la Bekaa, dans l'est du pays. A l'origine de multiples attaques terroristes, il comptait, en 2020, "des dizaines de milliers de soutiens et de membres à travers le monde", selon le département d'Etat américain.
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