Mort d'Ebrahim Raïssi : "La situation ne va pas fondamentalement changer en Iran", explique un historien

"Le président de la République en Iran n'est finalement qu'un Premier ministre. C'est un exécutant", explique Jonathan Piron, historien et politologue spécialiste de l’Iran.
Article rédigé par franceinfo
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Le président iranien Ebrahim Raïssi, le 11 juin 2022. (- / IRANIAN PRESIDENCY)

"La situation ne va pas fondamentalement changer en Iran", a expliqué lundi 20 mai sur franceinfo Jonathan Piron, historien et politologue spécialiste de l’Iran, alors que le président iranien Ebrahim Raïssi est mort dans un accident d'hélicoptère. Dans un communiqué publié quelques heures après la nouvelle, le gouvernement a assuré que son décès n'allait pas entraîner "la moindre perturbation dans l'administration" du pays. 

"Le vrai détenteur du pouvoir en Iran, ce n'est pas le président de la République, c'est le guide de la Révolution, Ali Khamenei, qui lui, est toujours bien en place. Le président de la République en Iran n'est finalement qu'un Premier ministre. C'est un exécutant", a-t-il expliqué. Le Premier vice-président, Mohammad Mokhber, va prendre temporairement la place d'Ebrahim Raïssi avant une prochaine élection présidentielle. Selon Jonathan Piron, la séquence politique qui s'ouvre "pose beaucoup de questions" sur la façon dont "les différentes factions ultra-conservatrices qui maintenant dominent l'Iran vont rentrer en lutte pour essayer de récupérer le poste de la présidence de la République", a-t-il expliqué.

Un régime très impopulaire

Les ultra-conservateurs dominent le jeu politique en Iran. Les futures élections présidentielles "ne vont pas être un jeu ouvert dans lequel notamment des modérés pourraient être présents, mais ce sont les conservateurs et les radicaux qui vont en fait entrer encore en lutte pour occuper le pouvoir", assure-t-il. Le nom d'Ebrahim Raïssi était présenté comme un potentiel successeur au Guide Ali Khamenei, âgé maintenant de 84 ans : "Le jeu se décide en coulisses et notamment au sein des plus radicaux, ceux qui sont proches du guide actuel et aussi près du corps des Gardiens de la Révolution", a-t-il expliqué.

Selon Jonathan Piron, il suffit d'analyser les résultats des élections législatives et de l'Assemblée des Experts, en mars dernier, avec un taux de participation historiquement bas, pour comprendre que le régime iranien est très impopulaire. "Le président Raïssi était très impopulaire pour son côté répressif, mais aussi pour son incapacité à sortir le pays du marasme économique et social dans lequel il se trouvait", a souligné l'historien. Sa mort ne devrait pas raviver le mouvement "Femme, vie, liberté", selon lui. "La population est épuisée par la situation sociale, économique et par la brutalisation" du pouvoir, dit-il. "À court terme, ça ne va probablement pas relancer la manifestation puisqu'on est dans un cycle politique vis-à-vis duquel la population a une vraie désillusion", a-t-il expliqué.

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