Élections législatives en Iran : "Même ceux qui ont été très fidèles à la République islamique s'en détournent", affirme l'écrivaine Fariba Hachtroudi

"Le Mur de Berlin n'est pas tombé en un jour", rappelle la journaliste iranienne qui assure que, "la peur a changé de camp : les Iraniens n'ont plus peur malgré la répression qui est effrayante".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Fariba Hachtroudi, écrivaine et journaliste iranienne, le 11 décembre 2019. (GILLES GALLINARO / FRANCK MATHEVON / RADIO FRANCE)

Les Iraniens ont voté vendredi pour les élections législatives, renouvelant le Parlement et l'Assemblée des experts, chargée notamment de désigner le Guide suprême, la plus haute autorité de la République islamique. Malgré les appels au boycott, les conservateurs sont assurés de conserver une large majorité. "Il y a eu, pour la première fois, des boycotts par des personnalités politiques en vue écrites et signées", souligne samedi 2 mars sur franceinfo l'écrivaine et journaliste iranienne Fariba Hachtroudi.

Premier scrutin national depuis la mort en septembre 2022 de Mahsa Amini, après son arrestation par des gardiens de la révolution pour non-respect du strict code vestimentaire du pays, le principal enjeu est celui de la participation. "Ce matin (samedi) dans le journal réformateur, Shargh, il y a 24% de taux de participation à Téhéran", rapporte l'écrivaine, soit "le plus faible taux (de participation) depuis le début de la révolution" islamique en 1979. Les opposants en Iran et de la diaspora ont appelé depuis des semaines à un boycott, présentant toute participation comme un signe de compromis avec le système.

"Tôt ou tard, ça va changer"

Selon Fariba Hachtroudi, "même ceux qui ont été très fidèles à la République islamique s'en détournent, même ceux qui veulent garder la République islamique ne veulent plus de la théocratie de monsieur Khamenei", le guide suprême âgé de 84 ans, en poste depuis 1989. "Cela va à l'encontre de toute l'évolution de la société civile iranienne, à l'encontre aussi de l'évolution à l'intérieur de ce pouvoir", poursuit-elle. La journaliste conditionne la "fin de cette théocratie" à un mouvement de "bascule au sein des Gardiens de la révolution", l'armée idéologique de la République islamique. "C'est un pouvoir opaque" mais "tôt ou tard, ça va changer parce qu'au sein des Gardiens de la révolution, il y a tellement de dissensions", croit la militante. "Le mur de Berlin n'est pas tombé en un jour, on va vers ça, ce n'est pas possible autrement", assure-t-elle. "La peur a changé de camp : les Iraniens n'ont plus peur malgré la répression qui est effrayante", ajoute-t-elle.

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