: Témoignages Faux certificats, disparitions et menaces : face à la répression en Iran, des médecins travaillent sous la menace constante des autorités
Depuis le début de la contestation en septembre dernier, des médecins iraniens se retrouvent sous pression pour soigner les blessés lors des manifestations.
Peur d'être arrêtés, peur d'être condamnés... Les médecins iraniens ne sont pas à l'abri de la répression du régime de Téhéran, bien au contraire. Alors que 476 personnes sont mortes depuis le début de la contestation le 16 septembre d'après l'ONG Iran Human Rights et plus de 18 000 autres arrêtées, une centaine de soignants franco-iraniens s'est regroupée dans un collectif pour dénoncer le traitement subi par leurs collègues. Ils réclament qu'ils puissent exercer leur métier sans être sous la menace directe des autorités iraniennes et un libre accès aux soins pour tous les blessés de la répression.
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Aujourd'hui, les médecins iraniens travaillent "dans la peur", explique Reza Kianmanesh, chef de service de chirurgie générale digestive au CHU de Reims. Les soignants s'occupent des blessés des manifestations anti-régime en dehors des hôpitaux, qui ne sont plus considérés comme des sanctuaires. Ils se voient par ailleurs contraints d'établir de faux certificats médicaux sous la pression des autorités. "Quand il y a des décès ou des tortures, ils sont obligés de délivrer de faux certificats de décès pour que ces informations ne puissent pas parvenir au peuple, précise Reza Kianmanesh. C'est quelque chose d'inacceptable, qu'on puisse mentir sur les raisons de la mort."
"Ils sont obligés de dire qu'une personne qui a plusieurs fractures est tombée du cinquième étage, que les blessures sont en règle... "
Reza Kianmaneshà franceinfo
Des médecins "risquent leur peau"
A cette peur d'être arrêtés, s'ajoute la peur d'être tuée. "Le docteur Aida Rostami, une jeune médecin qui a essayé de soigner des blessés à leur domicile, a disparu pendant 48h", relate le professeure Tabassome Simon, chef de service de pharmacologie à l'hôpital Saint-Antoine à Paris. "Sa famille a été appelée. On leur a dit au début que c'était un accident de voiture, mais, en réalité, elle a été tuée et en plus, on lui a enlevé un œil. Donc ça m'étonnerait que ce soit un accident de voiture..." Pour la praticienne, "il y a vraiment des médecins qui risquent leur peau en essayant de rester fidèles à leur serment d'Hippocrate".
La menace d'être condamnés à la peine capitale à l'issue d'un procès expéditif plane aussi au-dessus des médecins iraniens. Récemment, un médecin radiologue a été condamné à mort après avoir participé à une manifestation au cours de laquelle un bassidji, un membre des forces armées paramilitaires iraniennes, a été tué. La sentence d'exécution a été suspendue grâce à une forte mobilisation en Iran et à l'extérieur.
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