Elargissement de l'UE, Pacte vert, subventions chinoises... Ce qu'il faut retenir du dernier discours sur l'état de l'Union du mandat d'Ursula von der Leyen

La présidente de la Commission européenne s'est montrée combative devant les députés européens, à neuf mois des élections. Elle n'a cependant pas annoncé si elle comptait se représenter pour un second mandat.
Article rédigé par Fabien Jannic-Cherbonnel
France Télévisions
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Temps de lecture : 4 min
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au Parlement européen à Strasbourg le 13 septembre 2023. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Un discours politique, à neuf mois des élections européennes. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prononcé mercredi 13 septembre son discours sur l'état de l'Union, le dernier de sa mandature, à Strasbourg, devant les députés européens. L'ancienne ministre de la Défense allemande a pris quarante minutes pour défendre son bilan, alors que, depuis son entrée en fonction en 2019, l'Union européenne (UE) a dû faire face à la crise liée au Covid-19 et à la guerre en Ukraine.

Celle qui n'a pas encore annoncé si elle comptait être candidate à un second mandat, a notamment défendu le Pacte vert,"juste et équitable", face aux réticences, notamment des conservateurs européens, et a appelé à préparer l'élargissement de l'UE. Contrairement à l'année dernière, l'Ukraine n'était pas le thème central de son discours, délivré en jonglant entre anglais, français et allemand. Franceinfo vous résume ce qu'il faut en retenir.

La défense du Pacte vert face aux critiques

Malgré l'adoption du plan climat, le Pacte vert, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2050, reste largement inachevé avec 37 textes encore en négociations, dont ceux, très disputés, sur la "restauration de la nature" et l'encadrement des pesticides, Ursula von der Leyen a annoncé sa volonté de "garder le cap" et de "rester ambitieux". Les législations environnementales suscitent des crispations croissantes chez certains Etats membres et des eurodéputés de son propre camp, le Parti populaire européen (droite), qui appellent à une "pause" réglementaire.

Un hommage aux agriculteurs

En allemand, Ursula von der Leyen a rendu "hommage aux agriculteurs" européens, tout en affirmant que rien n'oppose agriculture et protection de la nature. Elle a reconnu que ces derniers "sont soumis à l'impact croissant, sur leur travail et leurs revenus, de l'agression russe contre l'Ukraine, du changement climatique, avec les sécheresses, les incendies et les inondations que celui-ci provoque, mais aussi de nouvelles obligations". Elle a ainsi promis de "garantir une transition juste et équitable" avec "la promesse solennelle de ne laisser personne de côté", promettant également des "dialogues" avec les industriels.

L'accélération de la délivrance des permis pour l'éolien

Face aux "difficultés sans équivalent" des énergies éoliennes, la dirigeante prévoit d'"accélérer encore davantage la délivrance des permis", déjà facilités dans la loi en voie d'adoption sur les renouvelables. "Nous allons présenter un train de mesures européennes sur l'énergie éolienne, étroitement concerté avec l'industrie et les États membres", a-t-elle ajouté.

L'ouverture d'une enquête sur les subventions chinoises

La présidente de la Commission a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les subventions qu'elle juge illégales accordées par la Chine aux voitures électriques vendues en Europe. Elle a affirmé vouloir défendre l'industrie européenne face à des "prix artificiellement bas". "Les marchés mondiaux sont aujourd'hui inondés de voitures électriques chinoises bon marché, a-t-elle souligné. L'Europe est ouverte à la concurrence. Pas à un nivellement par le bas." L'annonce a été accueillie comme "un signal positif" par l'association des constructeurs européens d'automobiles.

La promesse de se battre contre "les vents contraires" qui menacent l'économie

Ursula von der Leyen a pointé les "forts vents contraires" assombrissant la conjoncture économique. Elle a ainsi cité les pénuries de main d'œuvre, des "goulets d'étranglement de la compétitivité", mais surtout la persistance d'une "inflation forte". Le retour à l'objectif d'une inflation à 2% en zone euro "prendra du temps", a-t-elle reconnu, alors qu'elle s'élevait à 5,3% sur un an en août dans l'UE.

Un appel à "finir le travail" sur la réforme de la politique migratoire

S'exprimant en français, la présidente de la Commission a appelé les eurodéputés et les Etats membres à faire aboutir la difficile réforme de la politique migratoire. "Montrons que l'Europe peut gérer les migrations avec efficacité et compassion. Finissons le travail !", a-t-elle exhorté. Ce pacte migratoire, présenté en septembre 2020 par la Commission, prévoit notamment un système de solidarité entre Etats membres dans la prise en charge des réfugiés et un examen accéléré des demandes d'asile de certains migrants aux frontières. Mais les négociations entre Parlement et Etats membres s'avèrent difficiles.

Le soutien à l'Ukraine réaffirmé face à la Russie

La dirigeante européenne a salué les "grandes avancées" réalisées par Kiev sur la voie de son adhésion à l'Union et réaffirmé le soutien des Européens "aussi longtemps que nécessaire" face à l'offensive russe. Elle a ainsi promis une nouvelle enveloppe de 50 milliards d'euros pour les quatre prochaines années. Ursula von der Leyen a également pris un moment pour rendre hommage à Victoria Amelina, écrivaine ukrainienne tuée lors d'une frappe russe à Dnipro en juillet. Les eurodéputés ont longuement applaudi pour saluer sa mémoire.

Un appel à avancer rapidement sur l'élargissement de l'UE

Les mots de la dirigeante sur le sujet étaient attendus, alors que président du Conseil européen, Charles Michel, avait appelé l'UE à se préparer à intégrer de nouveaux membres "d'ici à 2030". "Le futur de l'Ukraine est notre union. Le futur des Balkans occidentaux est notre union. Le futur de la Moldavie est notre union", a-t-elle lancé, réaffirmant son soutien à l'élargissement de l'UE.

Après avoir expliqué être convaincue que l'UE pourrait fonctionner à plus de 30 Etats membres, elle s'est dit en faveur de la modification des traités, tout en affirmant "qu'il ne fallait pas attendre" pour parler d'élargissement. "Il est temps pour l'Europe, encore une fois, de voir grand et d'écrire notre destinée", a-t-elle lancé.

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