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Pourquoi la France est désormais favorable à un élargissement de l’Union européenne

En déplacement à Bratislava mercredi 31 mai, Emmanuel Macron, a soutenu publiquement l’intégration des pays de Balkans à l’Union européenne. Sur ce sujet, le président français a changé d’avis.
Article rédigé par franceinfo, Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Emmanuel Macron au  Forum de sécurité régional Globsec à Bratislava (Slovaquie), le 31 mai 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Faut-il accueillir de nouveaux membres dans l'Union européenne ? Pendant longtemps, pour Emmanuel Macron, la réponse était non. Le président français connaît trop bien les blocages, les mésententes à Bruxelles : difficile de se mettre d’accord à 27 et impensable d’ajouter de nouvelles chaises autour de la table. "[Avec les Balkans, l’objectif n’est pas] un processus d’élargissement. C’est un choix d’investissement en matière économique, éducative, linguistique dans ces pays, disait Emmanuel Macron il y a encore quatre ans. C’est un agenda stratégique qu’il faut avoir, avec des partenaires, pas forcément des futurs membres". Position très ferme, donc, en octobre 2019 mais mercredi 31 mai, changement de ton pour le président français. Il était à Bratislava, en Slovaquie, pour un forum sur la sécurité européenne. Désormais, pour Emmanuel Macron, l’Europe doit s'élargir : "Oui elle doit s’élargir, oui elle doit être repensée (…) c’est le seul moyen de répondre à l’attente légitime des Balkans occidentaux (…) qui doivent entrer dans l’Union européenne" clame Emmanuel Macron.

 

Bienvenue au club, donc, pour les six pays des Balkans qui frappent à la porte : Albanie, Bosnie, Montenegro, Macédoine du Nord, Serbie et Kosovo. Ce changement de pied s'explique d’abord par un certain réalisme. La position française du refus était devenue minoritaire. D’autres États, l’Allemagne et l’Italie, sont très favorables à l’entrée des Balkans, région avec laquelle ils ont des liens historiques, culturels et commerciaux. Mais la raison principale de ce changement d'avis français, c’est la guerre en Ukraine.

Retour de la logique des blocs et des sphères d'influences

Il faut éviter que la Serbie, la Bosnie et leurs voisins, fatigués de trouver porte close à Bruxelles, ne se tournent vers la Russie ou vers la Chine. Mais la France pose tout de même des conditions. Ces adhésions prendront du temps ; les pays-candidats doivent se rapprocher des critères exigés par Bruxelles sur l'État de droit, la lutte contre la corruption. Pour la France, il faut sans doute revoir la règle de l’unanimité de tous les États-membres, qui est aujourd'hui obligatoire sur certains sujets comme la fiscalité et la défense. Paris veut pousser la création d’une Europe à plusieurs vitesses, plusieurs cercles, "plusieurs formats", selon les mots du président français à Bratislava.

En somme, pour Emmanuel Macron : d'accord pour élargir l'Union européenne... à condition qu'elle ne soit plus vraiment la même.

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