Ukraine : Ianoukovitch annonce une trêve, sous pression diplomatique
Viktor Ianoukovitch a annoncé avoir conclu une "trêve" avec l'opposition, mercredi 19 février, au lendemain d'une soirée meurtrière, place de l'Indépendance à Kiev. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est attendu dans la capitale avec ses homologues allemand et polonais, jeudi.
Une "trêve", faute de mieux. Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a annoncé "le lancement de négociations avec l'objectif de mettre fin aux effusions de sang et stabiliser la situation dans l'intérêt de la paix sociale", dans un communiqué diffusé mercredi 19 février, à l'issue d'un entretien avec plusieurs représentants de l'opposition. Cette décision intervient alors que de nombreux pays ont accru leur pression sur le pouvoir ukrainien, le menaçant d'éventuelles sanctions.
Le ministère de la Santé a fait état de 26 morts depuis le regain de violences à Kiev mardi, et de 241 blessés hospitalisés. Au moins dix policiers figurent parmi les tués, selon le ministère de l'Intérieur. Un journaliste ukrainien a aussi été abattu.
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Le régime d'abord intransigeant
Le pouvoir ukrainien a d'abord durci le ton, mercredi. Le service de sécurité nationale, le SBU, a annoncé une vaste opération antiterroriste dans toute l'Ukraine, arguant que "les groupes extrémistes et radicaux menacent par leurs actions la vie de millions d'Ukrainiens". Plus de 1 500 armes à feu et 100 000 munitions sont passées "entre les mains des criminels" depuis mardi, selon le SBU. Au passage, le président Viktor Ianoukovitch a remplacé le chef de l'Etat-major des armées qui était contre l'utilisation de l'armée "pour limiter les droits des citoyens".
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La pression de l'Union européenne
La Maison Blanche et plusieurs pays européens condamnent les violences et menacent de sanctionner le régime, jugé responsable de la répression. François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont dénoncé des "actes inqualifiables".
Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, et ses homologues allemand Frank-Walter Steinmeier et polonais Radoslaw Sikorski, sont attendus jeudi matin à Kiev. Puis en, début d'après-midi, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne doivent se réunir à Bruxelles, pour évoquer de possibles sanctions ciblées.
Selon des responsables de l'UE, le président Viktor Ianoukovitch ne sera pas visé par ces sanctions, pour ménager des possibilités de dialogue. En revanche, les avoirs de certains responsables pourraient être gelés, et leurs facultés à voyager pourraient être limitées.
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Pas d'assaut sur le Maïdan, dans l'immédiat
La trêve annoncée par Ianoukovitch suggère que les forces de sécurité, qui ont repris une partie de la place de l'Indépendance dans la nuit de mardi à mercredi, ne repassent pas à l'offensive, dans l'immédiat. "L'assaut sur 'Maïdan' que les autorités avaient prévu aujourd'hui n'aura pas lieu", a ainsi commenté Arseni Iatseniouk, figure de l'opposition. "Une trêve a été déclarée. L'essentiel est de protéger les vies humaines", a ajouté le chef du parti Batkivchtchina (Mère-Patrie). Mecredi soir, des détonations ont toutefois été entendues sur la place de l'Indépendance.
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