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Guerre en Ukraine : comment le conflit s'est déplacé dans l'est du pays

Depuis plusieurs jours, les autorités ukrainiennes anticipent une offensive russe majeure dans les régions du Donbass, et appellent les habitants à les évacuer.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La ville de Sievierodonetsk, dans la région de Louhansk, dans l'est de l'Ukraine, le 6 avril 2022. (FADEL SENNA / AFP)

"Les prochains jours sont peut-être la dernière chance pour partir." Le message du gouverneur de la région ukrainienne de Louhansk, Sergueï Gaïdaï, est révélateur de l'inquiétude des responsables ukrainiens. Après avoir atteint la région de Kiev, au centre de l'Ukraine, le front s'est progressivement déplacé vers l'est, et les autorités ukrainiennes redoutent une attaque massive sur les régions de Donetsk et de Louhansk.

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Ces craintes s'appuient notamment sur les déclarations de Moscou, qui avait annoncé, dès le 25 mars, son intention de concentrer son offensive sur l'est du pays. Après avoir échoué à s'emparer de la capitale ukrainienne, la Russie a pourtant affirmé que "les principaux objectifs de la première phase de l'opération ont été remplis", selon les mots de l'adjoint au chef de l'état-major russe. Et d'ajouter que l'armée russe allait désormais "concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal : la libération du Donbass".

Ce territoire inclut les régions de Donetsk et de Louhansk, où le conflit entre forces gouvernementales et séparatistes pro-russes fait déjà rage depuis 2014. Des régions dont la Russie n'avait pas encore pris le contrôle avant son recentrage sur l'est du pays. Selon Julien Théron, chercheur à Sciences Po Paris interrogé par franceinfo le 26 mars, "le territoire de Louhansk est presque totalement contrôlé par la Russie, mais ce n'est pas le cas pour celui de Donetsk". 

Les forces ukrainiennes dans le Donbass bientôt prises en tenaille

Cet état de fait pourrait changer, puisque l'armée russe se redéploie massivement vers l'est de l'Ukraine. Selon un haut responsable du Pentagone cité par l'AFP, les deux tiers des forces russes qui occupaient la région de Kiev depuis le début de l'invasion se sont repliées en Biélorussie, en vue, selon lui, d'un nouvel assaut ailleurs en Ukraine. "Nous voyons que des équipements arrivent de différentes directions, qu'ils [les Russes] amènent des hommes, qu'ils apportent du carburant", a déclaré le gouverneur de Louhansk, Sergueï Gaïdaï, dans un message vidéo diffusé le 4 avril.

Les attaques russes se sont depuis intensifiées. "Toutes les villes libres de la région de Louhansk sont sous le feu ennemi", ajoute Sergueï Gaïdaï. Selon lui, les bombardements russes ont fait un mort, un blessé et sept disparus, le 6 avril, dans la ville de Roubijne. Cinq autres personnes ont été blessées dans le bombardement d'un centre humanitaire à Sievierodonetsk. 

L'armée ukrainienne dans le Donbass est également sur le point d'être prise en tenaille depuis le nord et le sud par les forces russes, comme l'expliquent les envoyés spéciaux de France Télévisions sur place. Pour freiner leur avancée, les obstacles antichars ukrainiens se multiplient sur la route stratégique de Krasnopillya, dans la région de Donetsk, mais elles ont déjà progressé de sept kilomètres en quelques jours. Tout près de là, la ville ukrainienne de Sloviansk est sous alerte aérienne permanente.

Pour éviter de nouveaux massacres de civils, comme à Boutcha dans la région de Kiev, les autorités ukrainiennes appellent depuis plusieurs jours les habitants de ces régions à partir vers l'ouest du pays. Jeudi, Sergueï Gaïdaï a annoncé la mise en place de couloirs humanitaires pour les habitants de sept villes orientales, dont Sievierodonetsk. Les policiers parcourent les bâtiments à la recherche d'habitants à escorter sous le claquement des balles. La consigne d'évacuation semble avoir été entendue : le maire de Dnipro, une ville située plus à l'ouest, a annoncé jeudi qu'un "très grand nombre de personnes" étaient arrivées depuis le Donbass ces derniers jours. Mais beaucoup d'habitants ont aussi fait le choix de rester.

Des évacuations de plus en plus difficiles

Avec des offensives qui s'intensifient, ces évacuations sont de plus en plus périlleuses. D'après Sergueï Gaïdaï, les 1 200 personnes évacuées mercredi l'ont été en l'absence de tout cessez-le-feu. Plus au sud, le convoi humanitaire organisé par la Croix-Rouge pour Marioupol a déjà été repoussé à plusieurs reprises, notamment en raison du manque de garanties sécuritaires. "Nous ne pourrons plus aider" la population en cas d'attaque russe, a averti la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, mercredi.

La responsable, qui coordonne l'organisation des couloirs humanitaires, rappelait mercredi 6 avril qu'"il faut évacuer tant que cette possibilité existe. Pour l'instant, elle existe encore". Avec la progression des troupes russes dans le Donbass, la situation pourrait s'aggraver rapidement.

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