Reportage Bordeaux : plusieurs centaines de personnes manifestent contre un projet de nouveaux puits pétroliers en Gironde, qualifié de "suicidaire"

Parmi les manifestants, dimanche, plusieurs jeunes figures de la lutte contre le réchauffement climatique comme Greta Thunberg et Camille Etienne.
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des centaines de personnes manifestent, dimanche 11 février, à Bordeaux contre un projet de nouveaux forages pétroliers en Gironde. (GILLES PAPIN / FRANCE TELEVISIONS)

La présence de Greta Thunberg a-t-elle attiré plus de monde, notamment plus de jeunes, dans les rues de Bordeaux ? L'activiste écologiste suédoise s'est jointe, dimanche 11 février, aux centaines de personnes (3 000 selon les organisateurs, 1 200 selon la préfecture) qui ont défilé entre la place de la Victoire et le Miroir d'eau, après avoir participé samedi à une manifestation contre le chantier de l'A69 dans le Tarn. Une manifestation contre le forage de nouveaux puits de pétrole à La Teste-de-Buch, près d'Arcachon. La tête de liste d'Europe écologie-Les Verts, Marie Toussaint, était également présente. En décembre dernier, une première mobilisation avait rassemblé quatre fois moins de personnes.

"Nous ce qu'on veut c'est la fin du pétrole", ont scandé des jeunes présents dans le cortège. Parmi eux, la jeune militante écologiste Camille Etienne qui estime qu'on "ne peut pas autoriser de nouveaux puits de pétrole". Pour elle, "c'est simplement suicidaire", c'est même "criminel de faire ça".

"Comme le rappelaient certains scientifiques, on a déjà dépassé le budget carbone avec les puits existants, donc l'urgence c'est d'en fermer, pas du tout d'en ouvrir d'autres."

Camille Etienne, militante écologiste

à franceinfo

Et Camille Etienne de lister les derniers effets visibles du réchauffement climatique : "120 personnes qui ont perdu la vie dans des feux de forêt au Chili" ou encore "à Barcelone, en plein hiver, ils sont obligés d'envoyer, depuis Marseille, des camions d'eau pour donner à boire aux populations". L'activiste rappelle le "lien très direct" entre le réchauffement climatique et l'exploitation pétrolière qui "induit directement des pénuries d'eau, un dérèglement climatique et des sécheresses très grandes""C'est ça qu'on doit refuser", conclue-t-elle.

Une larme noire, "symbole des dernières gouttes"

Ce message est porté depuis des mois par des militants comme Bruno Hubert du collectif "Stop pétrole bassin d'Arcachon". Il a peint une larme noire sous ses yeux. "C'est le symbole des dernières gouttes jusqu'à la fin", explique-t-il. "C'est assez triste d'en arriver là quand on voit le site et qu'on est sur place avec la forêt qui a été incendiée, on sent tout le cynisme de cette décision et de ces huit nouveaux puits", estime-t-il.

"On ne prépare pas l'avenir en faisant ça, le bassin est tellement soumis à des pressions que c'est la goutte de trop."

Bruno Hubert du collectif "Stop pétrole bassin d'Arcachon"

à franceinfo

Le 20 novembre 2023, la comissaire-enquêtrice de l'enquête publique a rendu un avis favorable pour le groupe canadien Vermilion Energy qui demandait à forer huit puits de pétroles supplémentaires sur son gisement à La Teste-de-Buch, près d'Arcachon. Hermès, 21 ans, ne comprend que le gouvernement puisse accepter ce projet. "Ce qui me parait fou c'est un discours qu'on nous vend hyper tourné vers la transition, politique, mais aussi dans les entreprises, de toujours vouloir nous dire 'regardez on investit dans le renouvelable, regardez on construit des panneaux solaires, des éoliennes etc.', mais quand il faut se prononcer contre les puits de pétrole, personne ne se prononce", s'indigne le jeune homme. "C'est de l'hypocrisie de ne pas assumer sa position quand à côté on défend les énergies renouvelables", poursuit-il.

En 2017, une loi a été votée pour empêcher la création de nouvelles concessions pétrolières, mais dans ce cas précis le ministre de la Transition écologique Chrisotphe Béchu argumente qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle exploitation puisque ce champ de pétrole existe depuis 1959. Le préfet de la Gironde, Etienne Guyot, doit bientôt se prononcer. Il doit annoncer dans les prochaines semaines s'il donne ou non son feu vert à ces forages pétroliers.

Le reportage de Valentin Dunate à Bordeaux

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