Pollution : huit réponses aux questions que pose le nouveau pic de particules fines
Le seuil d'alerte est dépassé dans de nombreux départements et des mesures sont prises sur les routes et dans les transports en commun pour tenter d'enrayer les effets ce phénomène sur lequel vous vous posez peut-être certaines questions.
Un pic de pollution persistant. Une bonne partie de la France est toujours touchée par un épisode de pollution aux particules fines, mercredi 25 janvier. La procédure d'alerte est activée dans de nombreuses zones de la moitié nord de l'Hexagone, notamment dans les régions Centre-Val de Loire, Bretagne mais aussi Auvergne-Rhônes-Alpes. La circulation des voitures reste limitée à Lyon, Grenoble et Paris, mais une possible amélioration est attendue en fin de semaine.
Si vous vous interrogez sur ce nouvel épisode de pollution, voici des éléments de réponse.
1Quelle est l'ampleur de ce pic de pollution ?
Ce nouvel épisode a commencé vendredi 20 janvier. Pendant le week-end, il a touché une large moitié nord de la France. Et lundi, ce nuage s'est étendu vers le Sud jusqu'à Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lyon et Grenoble. Il est même descendu le long du Rhône, jusqu'aux portes d'Avignon. La région Rhône-Alpes était particulièrement concernée mercredi.
Pour suivre l'évolution de ce nuage de particules fines, Prev'air, la plate-forme nationale de prévision de la qualité de l'air, répertorie les concentrations passées et les prévisions établies pour les prochains jours. Franceinfo a compilé ces données pour vous permettre de visualiser la progression des particules fines dans le ciel français.
>> En savoir plus - CARTE. Regardez le nuage de particules fines envahir la France
2Comment l'expliquer ?
La météo explique en grande partie cet épisode de pollution. Les polluants stagnent au-dessus du territoire en raison des "vents faibles" et des "conditions anticycloniques sèches et froides", selon Prev'air. Parce qu'il fait froid, la consommation de "chauffage résidentiel" augmente et les émissions polluantes avec.
>> En savoir plus - Ce qu'il faut savoir sur l'épisode de pollution qui étouffe la France
3Comment se forme un nuage de particules fines ?
Vous l'avez compris : le terrain est propice aux particules fines quand il fait beau et qu'il y a peu de vent. Mais comment se forme ce nuage jaunâtre que l'on voit apparaître lors d'un pic de pollution ? C'est assez simple : la nuit, le sol refroidit plus rapidement que l'air. Lorsqu'il fait beau, il fait donc plus chaud à basse altitude qu'au niveau du sol. Conjugué à une absence de vent, l'affrontement de l'air chaud et de l'air froid à 200 ou 300 mètres d'altitude crée une sorte de couvercle.
Au lieu de se disperser dans l'atmosphère, les particules fines (émises par les industries, les foyers, les bureaux, le trafic routier, l'activité agricole…) sont alors bloquées sous ce couvercle. Elles forment ainsi un nuage de pollution.
>> En savoir plus - INFOGRAPHIE. Comment se forme un nuage de particules fines ?
4C'est vraiment pire en hiver ?
Oui. Parce qu'en cette saison, les particules fines sont émises essentiellement par les pots d'échappement des voitures et par les feux de cheminée ou autres chauffages au bois. "C'est le plus toxique qui soit, avait expliqué fin décembre à franceinfo Thomas Bourdrel, radiologue et membre du collectif Strasbourg respire. On inhale des particules de combustion, qui sont les plus nocives."
>> En savoir plus - Pourquoi la pollution en hiver est-elle particulièrement nocive ?
5Quels sont les effets de la pollution sur mon corps ?
La pollution, vous vous en doutez, ce n'est pas très bon. Un chiffre donne une idée de la dangerosité du phénomène : environ 48 000 Français meurent, chaque année, à cause de la pollution de l'air aux particules fines, selon l'organisme Santé publique France. C'est autant que les morts dus à l'alcool.
Les particules fines favorisent le stress oxydatif qui détériore les cellules, la diminution de l'afflux sanguin et l'inflammation des organes, ce qui contribue au développement de pathologies chroniques telles que des maladies cardiovasculaires, respiratoires ou encore neurologiques, ainsi que des cancers. Bref, la liste des effets est longue.
>> En savoir plus - INFOGRAPHIE. Quels sont les effets de la pollution sur votre corps ?
6Quelles sont les bonnes pratiques que je peux adopter pour limiter ces effets ?
Quand on connaît les effets de la pollution sur son corps, on se demande ensuite quels sont les bons comportements à adopter pour se protéger. Sachez qu'il est conseillé de continuer à aérer votre intérieur, quand la pollution est moindre. En général tôt le matin, ou tard le soir.
En revanche, jogging, vélo et autres sports en extérieur sont déconseillés. D'autant plus si vous êtes une femme enceinte. Y compris si vous portez un masque, car le pouvoir filtrant des masques proposés dans le commerce n'est pas suffisant.
>> En savoir plus - Crit'Air : à Berlin, les vignettes anti-pollution sont en vigueur depuis bientôt dix ans
7Les vignettes anti-pollution vont-elles changer quelque chose ?
Collées sur le pare-brise des voitures ou sur la fourche des motos, les vignettes colorées doivent permettre d'identifier les véhicules en fonction de leur niveau de pollution. Elles sont obligatoires depuis le 16 janvier à Paris. Mercredi, dans la capitale, l'interdiction de circuler concernait tous les véhicules portant une vignette Crit'Air 5 et non classés, c'est-à-dire avant 1997 pour une voiture.
A Lyon et Villeurbanne, où ces macarons ne sont pas obligatoires, c'est encore l'alternance quotidienne des plaques d'immatriculation paires et impaires qui prévaut. A Grenoble, les voitures vieilles de plus de 20 ans - 8% du parc - ne peuvent pas circuler, de même que les poids lourds, bus et autocars immatriculés avant octobre 2001 et les deux-roues d'avant juin 2000. Si le pic de pollution persiste jeudi, l'agglomération iséroise a prévenu que l'interdiction de circuler s'étendrait aux vignettes Crit'Air 4 et 5.
Ces mesures sont-elles efficaces ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais on peut regarder du côté de nos voisins allemands. Un système d'éco-vignette est en vigueur depuis bientôt dix ans à Berlin et, désormais, dans la plupart des grandes villes. Résultat, en dix ans, les émissions de particules fines ont baissé de 60%, mais beaucoup reste à faire, estime Dorothee Saar, spécialiste transports de l'ONG Deutsche Umwelthilfe, interrogée par franceinfo.
>> En savoir plus - Tout ce qu'il faut savoir sur les vignettes anti-pollution à Paris
>> En savoir plus - Les vignettes en vigueur depuis bientôt dix ans en Allemagne
8La France est-elle plus touchée que les autres pays ?
Il ne faut pas croire qu'en allant à la campagne ou à la montagne, on évite totalement la pollution. L'air n'y est pas forcément plus pur. La vallée de l'Arve, située au pied du Mont-Blanc, est, par exemple, soumise à une pollution chronique et régulièrement au bord de l'asphyxie.
Actuellement, c'est donc toute une partie de la France, urbaine et rurale, qui est touchée. Au total, une centaine de villes françaises ont déjà présenté des concentrations de PM10 supérieures à la limite de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), fixée à 20 µg/m3.
Pourtant, ces villes ne figurent pas dans le palmarès des 500 villes les plus polluées de la planète. C'est Onitsha, située sur les rives du Niger, qui remporte la palme. Cette cité portuaire du Nigeria est la plus polluée du monde avec un taux de PM10, les particules fines, en moyenne 29 fois supérieur à la limite établie par l'OMS (593,7 µg/m3). Bien loin de Paris (28 µg/m3) ou de Pantin (36 µg/m3), en Seine-Saint-Denis.
>> En savoir plus - CARTE. Voici les 500 villes les plus polluées du monde
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.