Pourquoi la pollution en hiver est-elle particulièrement nocive ?
La brume de pollution hivernale qui recouvre Paris et sa région depuis deux jours est due notamment à la circulation routière et au chauffage au bois. Elle contient de nombreuses substances nocives pour la santé.
Un épais brouillard enveloppe Paris ce vendredi 30 décembre. Alors que la capitale et sa région connaissent un nouveau pic de pollution, la préfecture de police a opté pour l’abaissement des limites de vitesse et la gratuité des places de stationnement à Paris, sans toutefois déclencher la circulation alternée, la situation étant moins critique que lors des précédents pics de pollution du début du mois de décembre. Néanmoins, cette série de pics peut avoir des conséquences sur la santé des plus fragiles. Voici pourquoi.
Elle est composée de "particules de combustion"
"La vague qui touche Paris est issue des émissions du trafic routier et du chauffage au bois", explique Charlotte Songeur, ingénieure à Airparif. Des petites "poussières" qui se fixent dans l'air et sont inhalées par des milliers de Franciliens.
"C'est le plus toxique qui soit", confie Thomas Bourdrel à franceinfo. Le radiologue et membre du collectif Strasbourg respire est catégorique : "On inhale des particules de combustion, qui sont les plus nocives." Pour le médecin, les pics de pollutions de mars sont, par exemple, plutôt liés aux épandages agricoles. "Il faut adapter les mesures aux particularités : à Bastia, le dernier épisode était lié aux poussières désertiques [venues du Maghreb]. Pourtant, une mesure de restriction de vitesse a été mise en place alors que les véhicules n'étaient pas en cause."
Les éléments toxiques qu'on trouve dans l'air parisien lors des pics du début du mois et en cette fin de semaine sont nombreux : particules fines, oxyde d'azote ou encore oxyde de soufre. Et tous ont un effet néfaste sur la santé.
Ces particules fines ont "des effets analogues à la cigarette"
Les particules fines sont particulièrement nocives. A cette saison, elles sont émises essentiellement par les pots d'échappement des voitures et par les feux de cheminée. "Il en existe de plusieurs tailles, explique le pneumologue Thierry Chinet. Les plus grosses, appelées PM 10, entrent dans le nez quand les plus petites, appelées PM 2,5, se fixent au fond des voies respiratoires."
Les impacts sur la santé sont nombreux : de l'inflammation aux risques de dégradation vers des maladies chroniques. Selon Thomas Bourdrel, ces particules transportent du benzopyrène, une substance extrêmement néfaste. "Elle est classée cancérigène de classe 1 : il n'y a pas pire pour le poumon." On trouve aussi ce composé dans les cigarettes.
Le médecin explique que de nombreux autres organes sont touchés, en plus du poumon. "De récentes études ont démontré que le cœur était particulièrement sensible aux épisodes de pollution, qui favorisent les infarctus et les AVC." Mais ce n'est pas tout : les particules fines touchent aussi le cerveau et traversent le placenta. "Le poids de naissance du foetus est inférieur dans les villes polluées", justifie Thomas Bourdrel. "Les particules fines ont le même effet que la cigarette", conclut-il.
Des oxydes d'azote font aussi partie du cocktail
Vos yeux vous piquent et votre gorge vous gratte ? Vous pouvez remercier les oxydes d'azote (NOx). Ces gaz, émis pour moitié (56%) en Ile-de-France par le trafic routier, selon Airparif (chiffres de 2012), sont parmi les plus nocifs pour la santé humaine. Chez les personnes sensibles comme les enfants ou les personnes âgées, ils peuvent entraîner des difficultés respiratoires, voire une sensibilité accrue des bronches aux infections.
"Il y a beaucoup d'autres substances que simplement ces polluants", explique Thierry Chinet. Pendant les pics, on trouve aussi pêle-mêle du dioxyde de soufre, issu des industries, et du monoxyde de carbone. Assimilés à petite dose, ils ont des effets analogues aux autres sur les bronches et sur la peau. "Les personnes fragiles, comme les enfants ou les personnes âgées, peuvent aller voir leur médecin pour renforcer leur traitement", conseille Thomas Bourdrel.
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