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Var : ce que l'on sait de la mort du maire de Signes, renversé par un fourgon

Le maire de cette commune du Var est mort alors qu'il s'opposait à un dépôt sauvage de gravats.

Article rédigé par franceinfo
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La devanture de la mairie de Signes (Var) au lendemain de la mort de Jean-Mathieu Michel, le maire de la commune.  (DOMINIQUE LERICHE / MAXPPP)

Il travaillait au service de sa commune de Signes (Var) depuis plus de quarante ans, dont trente-six comme maire. Jean-Mathieu Michel, est mort lundi 5 août dans la soirée, renversé par un fourgon qui déposait illégalement des gravats sur le bord de la route. "Ma seule politique, c'est Signes", avait l'habitude de dire ce maire divers droite, comme le rapporte Var Matin. 

Dans ce village varois de près de 3 000 habitants, l'édile était une figure locale "irremplaçable", selon les mots de son premier adjoint, Alain Reichardt, dans Le Parisien. Franceinfo fait le point sur cette affaire.

Une décharge sauvage à l'origine de l'accident

Les faits se sont déroulés lundi vers 16 heures sur une route départementale traversant Signes, une commune boisée du Var, qui se situe au cœur du parc naturel régional de la Sainte-Baume, entre Marseille et Toulon.

Alors qu'il revenait d'une inauguration de bacs de tri dans un lotissement, Jean-Mathieu Michel, accompagné de trois personnes, a surpris une camionnette en train de décharger illégalement des gravats sur un site naturel de la commune. Il aurait alors demandé aux deux hommes présents, deux employés de travaux publics, de recharger leur véhicule, ce qu'ils ont fait. Mais lorsque le maire leur a demandé d'attendre la police municipale, le conducteur a effectué une manœuvre en marche arrière et a roulé sur l'élu, qui se trouvait derrière le fourgon. 

"Jean-Mathieu Michel est mort en faisant son travail pour défendre l'environnement", explique Alain Reichardt, interrogé par France Bleu Provence. Le problème des décharges est très récurrent dans la commune. "Ces six derniers mois, il y a eu une recrudescence" de dépôts sauvages, a souligné mardi auprès du Figaro celui qui va succéder au maire de 76 ans. Le village voisin du Castellet accueille aussi quotidiennement des tonnes de déchets du BTP amenés par camions. Au niveau national, plus de 21 kg de déchets par habitant sont abandonnés illégalement dans la nature chaque année, selon une étude menée auprès des 36 000 communes françaises par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). 

La commune de Signes se trouve dans le département du Var dans la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur.  (CAPTURE D'ECRAN GOOGLE MAPS)

La piste accidentelle privilégiée 

Une information judiciaire pour "homicide involontaire" a été ouverte mercredi 7 août par le parquet de Toulon, qui a confié l'enquête à la brigade de recherches de la gendarmerie de La Valette.

D'après les premiers éléments de l'enquête, la piste accidentelle serait envisagée. "L'audition des témoins et des mis en cause laisse penser au caractère involontaire de l'homicide" avait précisé le parquet mardi. Le conducteur de 23 ans, qui avait été placé en garde à vue juste après les faits, a été déféré au tribunal de grande instance de ToulonIl aurait reconnu avoir involontairement percuté le maire lors de sa manœuvre. "Il n'y a pas eu de délit de fuite", a souligné une source proche de l'enquête. Le conducteur du fourgon qui a renversé le maire de Signes, dans le Var, a été libéré et placé sous contrôle judiciaire, a appris franceinfo de source proche de l'enquête.

Le passager du véhicule, un apprenti d'une vingtaine d'années, a lui été remis en liberté sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui à ce stade de l'enquête. 

Habitants et famille révoltés  

Même si la piste accidentelle est privilégiée, les circonstances de la mort de Jean-Mathieu Michel choquent. "Il ne méritait pas de finir comme ça", se désole un habitantMaire de la commune depuis 1983, Jean-Mathieu Michel était, avant son arrivée à la mairie, dessinateur industriel aux chantiers navals de la Seyne-sur-Mer puis responsable commercial. Un premier hommage lui a été rendu mardi dans la matinée par les agents de la ville et des fleurs ont été déposées sur le lieu de l'accident. 

"Accident ou pas, pour moi, c'est volontaire, ils n'avaient pas à redémarrer pour éviter une amende", s'indigne son fils, interrogé par Le Figaro. "ll n'y a pas assez de répression pour ces gens-là", poursuit-il dans une interview filmée sur le site de La Provence. Le drapeau tricolore a été mis en berne dans 134 autres communes du Var et une cérémonie de recueillement aura lieu devant la mairie, jeudi à 16 heures.

La commission des lois du Sénat a lancé une consultation des maires sur les violences auxquelles ils peuvent faire face, après la mort du maire de Signes. Cet événement met en lumière "l'insécurité à laquelle les maires peuvent être confrontés dans l'exercice de leurs missions quotidiennes", dénonce l'association des maires de France dans un communiqué. "Rien de ne peut justifier que le maire d'une commune perde la vie alors qu'il constate une infraction. (...) C'est inacceptable."  

Hommage et indignation de la classe politique

La mort du maire de Signes a provoqué de vives réactions de la part des élus locaux du Var. Certains dénoncent les décharges sauvages, considérées comme un fléau national. "De plus en plus de malfrats déversent leurs déchets sur la voie publique, à toute heure du jour et de la nuit", explique au Figaro Jean-Pierre Véran, président de l'association des maires du Var et édile de Cotignac.

Le président de la République, en vacances dans le département, au fort de Brégançon, a également réagi. Emmanuel Macron a salué "le dévouement inlassable de cet élu qui servait sa commune et ses habitants depuis plus de 40 ans et dont le dernier geste même traduisait le souci de son territoire et son implication à y faire respecter la loi pour le bien de tous". Le chef de l'Etat a adressé "un courrier à la famille pour lui témoigner ses sincères condoléances". Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a de son côté promis que "toute la vérité sera faite sur cet événement tragique". Le président du Sénat, Gérard Larcher, s'est lui dit "révolté"

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