Évacuation des campements de migrants à Paris : "L'État" doit "proposer une solution d'hébergement digne"
Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de solidarités, appelle à ce que les "évacuations de campements ne soient pas que des opérations de police, qu'il y ait derrière une mise à l'abri, un accompagnement, un hébergement".
"Il y a urgence à traiter ces campements qui ont trop duré, nous on estime qu'il y a en France environ 20 000 personnes exilées ou migrantes qui vivent dans la quasi-totalité des grandes villes", a réagi mercredi 6 novembre sur franceinfo Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de solidarités (FAS) qui regroupe plus de 800 associations et organismes de lutte contre l'exclusion. "A Paris, il y a 3 000 personnes, il y a aussi Nantes, Rennes, Bordeaux avec des campements ou des squats". Christophe Castaner, lors d'une conférence de presse sur la politique migratoire, a annoncé que les camps de migrants du Nord-Est parisien seraient évacués d'ici la fin de l'année.
"Nous attendons des propositions concrètes sur ce volet-là. Ça fait longtemps qu'on demande au gouvernement d'agir pour résorber ces campements. On ne peut fermer ces campements que si l'Etat est en capacité de proposer une solution d'hébergement digne à toutes les personnes qui y vivent", a-t-il ajouté.
Selon Florent Guéguen, "il faudrait créer plusieurs milliers de places d'hébergement pour accueillir dignement ces personnes et faire en sorte que ces évacuations de campements ne soient pas que des opérations de police, qu'il y ait derrière une mise à l'abri, un accompagnement, un hébergement. L'Etat, par le passé, a déjà procédé à des évacuations, notamment de campements parisiens, sauf que ce qui était proposé souvent c'étaient des places d'hébergement en gymnase, précaires, pendant une semaine ou 15 jours. Quand l'Etat fait cela, il ne règle aucun problème", dénonce Florent Guéguen.
"Ca coûtera plus cher à la collectivité"
Par ailleurs, "dans les annonces du gouvernement, il y a des atteintes très graves à l'accès aux soins des personnes migrantes, y compris des personnes qui vivent dans ces campements, puisqu'on nous annonce un délai de carence de trois mois pour que les étrangers malades puissent percevoir la PUMa, la protection universelle maladie".
"Ça nous paraît être une mesure particulièrement dangereuse pour la santé des personnes. Quand on va dans les campements on se rend compte que la majorité des personnes ont besoin d'accéder très rapidement aux soins avec des problématiques de tuberculose, de gale, de maladies respiratoires, continue Florent Guéguen. Des maladies qui sont liées au parcours de rue, d'exil, avec ces mesures il sera plus difficile de soigner les étrangers malades, ce qui va poser des problèmes de santé publique et ça coûtera plus cher à la collectivité". Il rajoute que ce sont "des mesures régressives de l'accès aux soins, nous regrettons que les politiques de santé soient instrumentalisées à des fins de régulation migratoires".
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