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Violences urbaines : comment se sont déroulées les émeutes de 2005 ?

Après la mort d'un adolescent, tué lors d'un contrôle routier dans les Hauts-de-Seine, des violences urbaines ont éclaté. Des émeutes qui rappellent celles qui ont éclaté à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), puis dans le reste du pays, en 2005, après la mort de Zyed et Bouna.
Article rédigé par Stéphane Pair, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Images d'octobre 2006 de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-Sous-Bois. (CHRISTOPHE ENA / AP / SIPA)

Deux nuits sous haute tension. Après la mort de Nahel, cet adolescent de 17 ans tué par un tir d'un policier lors d'un contrôle routier, mardi à Nanterre (Hauts-de-Seine), des violences urbaines ont éclaté dans plusieurs villes de la région parisienne, et dans d'autres villes françaises. Au total, dans la nuit de mercredi à jeudi, il y a eu 159 interpellations, 133 policiers et gendarmes ont été blessés, 27 locaux de police ont été attaqués et 22 bâtiments publics, dont 8 mairies, ont été incendiés ou dégradés. 

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Des violences qui ne sont pas sans rappeler les émeutes urbaines de 2005. Tout était parti de la Seine-Saint-Denis après la mort de deux adolescents, Zyed et Bouna, électrocutés le 27 octobre dans un transformateur de Clichy-sous-Bois après une course-poursuite avec la police.

Nicolas Sarkozy tente de calmer la situation

La mort de Zyed et Bouna provoque aussitôt une vague d'émeutes dans le quartier du Chêne Pointu. Des centaines de jeunes incendient des voitures. La rumeur accuse la police de Livry-Gargan d'avoir poursuivi les victimes. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, tente de calmer la situation et dément la course-poursuite : "Les premiers éléments qui m'ont été communiqués montrent que ces jeunes n'étaient pas physiquement poursuivis par la police. Ils se sauvaient et voulaient échapper à un contrôle, mais les policiers n'étaient pas derrière eux".

Sur place, les propos du ministre ne font pas revenir le calme. Le 28 octobre à Clichy-sous-Bois, des émeutiers tirent à balles réelles sur les CRS. Le 30 octobre, une grenade lacrymogène tirée par des CRS explose dans la mosquée de Clichy. Le maire de la ville, Claude Dilain, demande à la justice d'ouvrir une information judiciaire : "Ce qu'on doit aux familles et à la ville, c'est que les circonstances de ce drame soient parfaitement explicitées, et de manière incontestable".

L'état d'urgence déclaré

Une semaine après les faits, la nomination d'un juge indépendant ne calme pas les émeutiers. Les violences se propagent à toute la Seine-Saint-Denis puis à l'Ile de France et au reste du pays. Aux quatre coins de la France, des voitures, du mobilier urbain, des commerces et même des églises sont pris pour cibles.

À l’époque, le gouvernement, par la voix de son Premier ministre Dominique de Villepin, choisit la fermeté et proclame l'état d'urgence. Cela permet aux préfets locaux de décréter des couvre-feux. Une mesure d'exception qui vise surtout les mineurs mais ne change pas vraiment la donne pour les forces de l’ordre.

Peu d'évolution dans le rapport police-population

Sur les 11 000 policiers et gendarmes déployés au plus fort des émeutes, plus de 220 sont sérieusement blessés. Puis, au 21ᵉ jour des émeutes, la colère s'éteint presque d’elle-même. Les dégâts restent et se chiffrent à plus de 200 millions d'euros, plus de 10 000 véhicules sont déclarés brûlés.

Dix ans après, les deux policiers jugés pour la mort de Zyed et Bouna sont relaxés. Aujourd’hui comme en 2005, les premiers temps de la réponse judiciaire et politique sont déterminants. La nouveauté c’est l’usage de la vidéo et des réseaux sociaux dans la propagation de la colère et l’organisation de la violence. Depuis le début des années 2000, le rapport entre la police et la population ainsi que la doctrine d’emploi des forces de l’ordre dans les quartiers n’ont pas vraiment évolué.

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