: Reportage Mort de Nahel : à Nanterre, des élus volontaires mobilisés pour "veiller au grain" et protéger les écoles et les bâtiments publics
Le jour d'après, et la peur d'un embrasement. Voitures en feu, tirs de mortiers, à Toulouse, Mons-en-Baroeul (Nord), Villeurbanne, Paris et la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-d'Oise et Val-de-Marne) et à Nanterre dans la nuit de mercredi à jeudi 29 juin. De nouvelles tensions et des échauffourées ont éclaté pour la deuxième fois dans plusieurs villes de France, après la mort de Nahel 17 ans tué par un policer après un refus d'obtempérer.
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À Nanterre, où le jeune conducteur a trouvé la mort mardi 27 juin, la nuit a une nouvelle fois été émaillée d'incidents, malgré quelque 2 000 policiers et gendarmes mobilisés en Île-de-France pour éviter les embrasements. Mais ils n'étaient pas seuls : la mairie de Nanterre, elle aussi, s'organise pour sécuriser sa ville. Depuis mercredi, des élus veillent sur les édifices publics. Ils attendent discrètement qu'on vienne leur ouvrir les portes de cette école primaire à la nuit tombée.
À quelques mètres, le quartier du Vieux-Pont est toujours sous tension. Une barricade est en feu. La mission de Caroline et Perrine, élues à la mairie, est de donner l'alerte si l'établissement est menacé par des émeutiers. "En cas de départ de feu, en cas d'intrusion, on est censées prévenir pour que ça aille plus vite", expliquent-elles. Un numéro d'astreinte relié à la mairie a été mis en place : si quelqu'un pénètre ou s'approche de l'école, elles le composeront immédiatement.
Une quarantaine d'élus mobilisés
Une quarantaine d'élus se sont ainsi portés volontaires pour devenir des sentinelles et sont déployés pour protéger écoles, centre de loisirs, ou d'autres bâtiments. Cette mobilisation s'est faite naturellement selon les deux femmes : "On a tous été très affectés par ce qu'il s'est passé, confient-elles. C'est important que les habitants sachent que les élus sont présents et veillent un peu au grain."
"Qu'on soit là à la fois pour soutenir la famille et les proches du jeune qui est mort, c'est important. Mais qu'on soit là aussi pour protéger la ville des débordements de l'autre côté, quand il faut y aller, il faut y aller."
Une élue de la ville de Nanterreà franceinfo
Ce qu'elles n'ont pas ou n'osent pas encore faire, c'est de parler aux jeunes révoltés. "Là, je ne sais pas qui peut leur parler. Je pense sincèrement qu'ils sont dans une colère où on ne peut pas leur parler", lâche l'une des femmes. "Même si c'est une colère mal dirigée, qu'on ne peut pas soutenir, on la comprend", glisse toutefois la seconde.
"Ce genre de chose ne doit plus arriver"
Gérald Darmanin, Élisabeth Borne, Emmanuel Macron... Après le drame qui s'est déroulé à proximité de la station de RER Nanterre-Préfecture, à la suite d'un contrôle routier, l'exécutif a très vite réagi. "Vu les images, il est difficile pour n'importe quel politique de nier et de continuer à protéger cet agent-là", commente une élue qui estime qu'il faudra "quelques jours" pour que la tension redescende et espère que la marche blanche sera "un moment d'apaisement". Elles en attendent "du calme, de la discussion" et le moment pour "dire que ce genre de chose ne doit plus arriver".
Les portes de l'école se referment, sous bonne garde. Jeudi après-midi, les élues s'habilleront en blanc pour suivre la marche blanche pour Nahel qui débute à 14 heures, à l'appel de sa mère.
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