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Mort de Nahel : mairies incendiées, tirs de mortiers... Retour sur une nuit de violence à travers la France

Près de 160 personnes ont été interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi en France deux jours après la mort de Nahel, cet adolescent de 17 ans tué par un policier lors d'un contrôle routier, annonce sur Twitter le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La mairie de Garges-Lès-Gonesse (Val d'Oise) a été incendiée dans la nuit de mercredi à jeudi, aux alentours de 1h30 du matin, deux jours après la mort de Nahel. (WILLIAM DE LESSEUX / RADIO FRANCE)

Des tensions et des échauffourées ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi dans plusieurs villes de France deux jours après la mort de Nahel, jeune homme de 17 ans tué par un policier lors d'un contrôle routier mardi à Nanterre (Hauts-de-Seine). 150 personnes ont été interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi en France, annonce sur Twitter le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. 

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Le ministre de l'Intérieur déplore "une nuit de violences insupportables contre des symboles de la République", évoquant des "mairies, des écoles et des commissariats incendiés ou attaqués". Gérald Darmanin apporte son "soutien aux policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers qui font face avec courage" à ces violences survenues un peu partout en France. "Honte à ceux qui n'ont pas appelé au calme", ajoute-t-il.

159 personnes ont été interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi partout en France lors de la deuxième nuit de violences urbaines, a appris franceinfo de source proche du dossier. Parmi ces personnes, 87 ont été interpellées à Paris et en proche banlieue (zone préfecture de police de Paris) dans la nuit de mercredi à jeudi, ajoute cette source.

133 membres des forces de l'ordre ont été blessés, dont 123 policiers et 10 gendarmes. Il y a également sept blessés pris en charge par les pompiers parmi les émeutiers. Dans le détail, deux policiers ont été blessés dans les Hauts-de-Seine, un policier blessé en Seine-Saint-Denis a reçu un coup de barre de fer ou un jet de pavé. Deux policiers ont été blessés dans le Val-de-Marne.

A 7h30 ce matin, 27 attaques de locaux de la police nationale ont été recensées, 14 locaux de la police municipale, 22 bâtiments publics ont été attaqués, dont huit mairies incendiées ou dégradées. Six écoles et six bâtiments publics ont également été incendiés ou dégradés.

Nanterre sous tension

Des violences ont éclaté à Nanterre (Hauts-de-Seine), en particulier dans la cité Pablo Picasso. La ville se réveille, jeudi 29 juin, encore groggy de la nuit : une odeur de fumée est ressentie dans une partie de la municipalité, du mobilier urbain ainsi que des voitures ont été détruits.

Un incendie s'est par ailleurs déclaré dans un centre Enedis, rue Montesquieu, a indiqué le distributeur d'électricité. L'incendie a touché une dizaine de véhicules d'intervention qui étaient situées à l'extérieur du bâtiment, dans une cour et il s'est propagé à quelques bureaux du site, a constaté un journaliste de franceinfo sur place. Il est donc "sans conséquence sur la fourniture d'électricité", affirme Enedis qui précise qu'une enquête est en cours afin de déterminer si cet incendie est d'origine criminelle suite à une intrusion.

Ile-de-France : des bâtiments incendiés

Même scènes également à Issy-les-Moulineaux, Meudon et Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, où du mobilier urbain a été incendié, a constaté un journaliste de franceinfo. Selon la préfecture, plusieurs commissariats ont été visés par des feux, ainsi que dans une mairie annexe de Châtenay-Malabry. Toujours dans les Hauts-de-Seine, le tribunal d'Asnières-sur-Seine a également été visé par un incendie. À Clamart, une rame de tram (T6) a été brûlée à l'arrêt Georges-Pompidou. La ligne T6 ne reprendra pas avant 10 heures, indique France Bleu Paris. 

Des échauffourées ont également eu lieu à Paris et en petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-d'Oise et Val-de-Marne). Dans les Hauts-de-Seine, 32 personnes ont été interpellées dans la nuit. La mairie de Garges-lès-Gonesse (Val d'Oise) a été incendiée dans la nuit de mercredi à jeudi, aux alentours de 1h30 du matin, indique un journaliste de France Inter sur place. L'intérieur du bâtiment au niveau du rez-de-chaussée est détruit. Sur place, le calme est revenu et les équipes municipales installent des barrières autour du bâtiment pour sécuriser les lieux.

Des incidents sont aussi survenus à Argenteuil (Val-d'Oise), avec des tirs de mortier et des feux de poubelle, a appris franceinfo de source policière. À Montreuil (Seine-Saint-Denis), des tirs de mortier d'artifice ont été lancés sur la mairie, a constaté une journaliste de franceinfo. Un bus a été incendié à Viry-Châtillon (Essonne), indique le maire de la ville à France Bleu Paris.

À Montreuil (Seine-Saint-Denis), des tirs de mortier d'artifice ont été lancés sur la mairie. (LAURINE BENJEBRIA / RADIOFRANCE)

Auvergne-Rhône-Alpes : des policiers pris pour cible en Savoie

À Lyon (Rhône) et dans les communes de l'agglomération (Vénissieux, Bron, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin), les forces de l'ordre ont été visées par des mortiers d'artifice. 

A Romans-sur-Isère (Drôme), plusieurs feux de voitures et de poubelles ont été signalés dans le quartier de la Monnaie. D'autres incidents similaires ont été constatés à Saint-Vallier, Valence, mais aussi dans de plus petites communes comme Hostun ou Charpey sur les contreforts du Vercors, rapporte France Bleu Drôme Ardèche.

A Bourgoin-Jallieu (Isère), des tirs de mortier ont retenti et une camionnette a été incendiée dans le quartier Champfleury. En Savoie, des policiers pris pour cible à Annemasse, Annecy et Chambéry.

A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), des pompiers en intervention ont été pris pour cible. Des lacrymogènes et des LBD ont été utilisés comme riposte.

Bourgogne-Franche-Comté : des tirs de mortier à Dijon

En Bourgogne, dans des quartiers de Dijon (Côte-d'Or), les autorités ont fait état de containers de poubelles incendiés et de tirs de fusées d'artifice. Un véhicule a été incendié et deux autres ont été endommagés, rapporte France Bleu Bourgogne. D’après la préfecture, de nombreux tirs de mortiers ont visé la police et les pompiers. Ces affrontements ont provoqué des blessures légères pour neuf policiers, surtout des acouphènes. Une personne a été interpellée. 

Bretagne : des incendies à Brest 

A Brest (Finistère), une cinquantaine de jeunes ont allumé des incendies dans plusieurs quartiers selon la préfecture du Finistère, l'un s'est propagé à un commerce, rapporte France Bleu Breizh Izel.

Centre-Val-de-Loire et Pays de la Loire : un restaurant incendié à Laval

Des incidents ont été signalés dans plusieurs quartiers de Tours (Indre-et-Loire), rapporte France Bleu Touraine, et les pompiers ont dû intervenir pour plusieurs incendies.

Dans la Sarthe, la préfecture évoque "quelques dizaines de poubelles et deux voitures incendiées" au Mans et à Allonnes. A Laval (Mayenne), plusieurs bâtiments dont un restaurant McDonald's ont été incendiés, ainsi que des véhicules.

Grand Est : des véhicules incendiés

Des tensions avec les pompiers et les représentants des forces de l'ordre ont éclaté en Meurthe-et-Moselle, notamment à Vandœuvre-lès-Nancy et Mont-Saint-Martin, indique France Bleu Sud Lorraine. La bibliothèque de Mont-Saint-Martin a été incendiée, l'école maternelle a subi des dégradations et plusieurs véhicules ont été incendiés. A Vandœuvre, des policiers ont également été visés par des tirs de mortiers d'artifice, selon la préfecture. À Nancy, dans le quartier du Haut-du-Lièvre, des tensions ont éclaté, le bâtiment qui jouxte le poste de police a subi des dégradations, avec un départ de feu.

La nuit a également été très agitée en Moselle avec des tensions dans plusieurs villes du département. Selon les informations de France Bleu Lorraine, des voitures ont été incendiées et du mobilier urbain dégradé dans les quartiers sensibles de plusieurs villes de Moselle, à Metz, Thionville, Fameck, Forbach, Berhen-les-Forbach, Woippy, Uckange, Florange.

A Belfort, des poubelles et des voitures ont été incendiées, dans les quartiers des Résidences et des Glacis. Les pompiers précisent qu'il n'y a eu aucun incident lors de leur intervention. Le calme est revenu aux alentours de 4 heures du matin.

A Strasbourg (Bas-Rhin), des violences urbaines ont éclaté dans différents quartiers de la ville, avec des tirs de mortiers, de pétards, à Hautepierre, quartier Poteries, et à Schiltigheim, où de nombreux véhicules ont été incendiés, notamment sur le parking du supermarché E.Leclerc. En tout, selon le syndicat de police Alliance, une soixantaine de voitures ont été brûlées à Strasbourg et ses environs. Un bus un véhicule de police ont été caillassées, leurs vitres brisées. Trois personnes ont été interpellées.

Hauts-de-France

Dans le Nord, plusieurs centaines de feu de poubelles et de voitures sont survenues à Lille, Roubaix et Valenciennes, rapporte France Bleu Nord. Plusieurs bâtiments publics, dont la mairie de Mons-en-Barœul, ont été incendiés. "La mairie et le poste de police municipale ont été complètement détruits", se désole le maire Rudy Elegeest, soulignant qu'aucun blessé n'est à déplorer. Aux alentours de 23h, "un grand nombre d'individus, extrêmement équipés" ont commencé à s'attaquer "aux bâtiments publics du centre-ville avec des tirs de mortiers d'artifice", décrit le maire. L'édile déplore des "dégâts absolument considérables" et dénonce les agissements d'une "horde sauvage". 

À Lille, des tensions ont aussi éclaté dans la soirée, a appris franceinfo de source policière. Les forces de l'ordre ont été caillassées par des manifestants qui s'étaient rassemblés devant la préfecture. Il n'y a pas eu de blessé. À Wattrelos, un supermarché et un centre social ont été incendiés, indique le maire de la ville.

Dans la Somme, des violences ont éclaté dans la nuit à Amiens. Le réseau de bus Ametis a annoncé qu'aucun bus ne circulera dans les quartiers Etouvie, Amiens-Nord et Salamandre jusqu'à nouvel ordre, rapporte France Bleu Picardie. Dans le quartier d'Etouvie, une médiathèque, en cours de construction, a été incendiée et la mairie d'Amiens-Nord a été prise pour cible.

Nouvelle-Aquitaine : des bâtiments incendiés en Gironde

Plusieurs bâtiments ont été pris pour cible dans l'agglomération de Bordeaux (Gironde). Une antenne de la mairie a été incendiée à Lormont, dans le quartier Montaigne. Une dizaine de voitures ont été incendiées, selon le maire-adjoint du quartier Bordeaux-Maritime, ainsi qu'à Floirac. D'autres dégradations ont été signalées à Bordeaux dans les quartiers de La Benauge, des Aubiers et du Grand Parc, selon France Bleu Gironde, ainsi que dans le quartier de Thouars, à Talence.

Occitanie : des pompiers caillassés à Toulouse

À Toulouse (Haute-Garonne), 13 personnes ont été interpellées et 20 véhicules brûlés, selon le dernier bilan de la préfecture communiqué à France Bleu Occitanie. Aucun blessé n'est à déplorer. Dans un communiqué, le maire Jean-Luc Moudenc "en appelle à la responsabilité de chacun" après les incendies. "Nous souhaitons tous que la lumière soit faite sur les circonstances du décès du jeune Naël, mais laisser prise à la violence et attiser les colères, qui plus est dans cette période de forte tension ambiante, ne permettra jamais de faire apparaître la vérité", ajoute-t-il.

Dans le quartier du Mirail à Toulouse, un grand incendie, provoqué par des feux de poubelles, a notamment démarré vers 19 heures, mercredi, rapporte France Bleu Occitanie. Au moins trois voitures ont été brûlées. Une cinquantaine de personnes s'étaient réunies vers 18 heures dans le quartier, avant que la situation ne se tende vers 19 heures. 

Les pompiers de la caserne de Toulouse-Carsalade ont été caillassés lors de leur intervention, tout comme des policiers présents sur place, indiquent les pompiers à France Bleu Occitanie. De nombreux effectifs de police ont été mobilisés, notamment des CRS, qui ont fait usage de gaz lacrymogène. 

Provence-Alpes-Côte d'Azur : un commissariat visé à Nice

Dans deux quartiers de la ville de Nice (Alpes-Maritimes), des échauffourées ont également éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi. Des tirs de mortiers en direction du commissariat des Moulins et dans le quartier de l'Ariane ont été constatés, selon France Bleu Azur. "Je veux condamner avec une extrême fermeté les tirs de mortier en direction du commissariat Saint-Augustin aux Moulins", a indiqué sur Twitter le maire de Nice Christian Estrosi, ajoutant qu'ils n'ont "heureusement pas fait de dégâts".

Normandie : des véhicules incendiés

Dans l'agglomération de Caen (Calvados), au moins sept voitures ont été incendiées. Les policiers ont aussi été visés par des tirs de mortiers d’artifice, mais aucun fonctionnaire n’a été blessé selon les premières informations communiquées ce matin. Dans l’Orne, des voitures ont aussi été détruites par des incendies volontaires.

Les agglomérations de l'Eure et de la Seine-Maritime n'ont pas été épargnées. Selon France Bleu Normandie, à Rouen (Seine-Maritime), un commissariat de quartier a été visé par un incendie. La mairie annexe de la ville a été incendiée dans le quartier du Châtelet. À Evreux (Seine-Maritime), de violents affrontements ont également eu lieu. Une école a fait l'objet d'un début d'incendie. Une centaine de personnes, selon le maire, ont affronté les forces de l'ordre à coups de tirs de mortiers. Le commissariat d'Elbeuf (Seine-Maritime) a été "pris à partie" et dégradé.

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