Reportage "J'en ai marre de faire barrage" : dans le Val-de-Marne, les abstentionnistes ne sont pas tous prêts à se mobiliser pour les législatives

L'un des enjeux de ce nouveau scrutin sera de mobiliser les abstentionnistes, alors que près d'un électeur sur deux ne s'est pas déplacé dimanche pour les élections européennes. Illustration dans le Val-de-Marne, où l'abstention s'élève à 52,66%.
Article rédigé par Benjamin Recouvreur - édité par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Un citoyen tend sa carte d'électeur. Photo d'illustration. (LOIC VENANCE / AFP)

Ces nouvelles élections vont-elles mobiliser les abstentionnistes ? Une campagne éclair commence à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron après les résultats des élections européennes du dimanche 9 juin. Depuis 2017, Camille a toujours été fidèle à Emmanuel Macron, mais pour la première fois elle ne s'est pas déplacée dimanche dans le Val-de-Marne, en région parisienne. "Cette fois je n'ai pas été voté parce que je n'y crois plus en fait, explique-t-elle. C'est difficile aujourd'hui d'être optimiste. Faire le pas d'aller voter, ça me coûtait, juste d'y aller."

Désabusée, elle ira voter tout de même le 30 juin pour le 1er tour des élections législatives anticipées. Tout comme Véronique, 63 ans, attablée au café de Bonneuil-sur-Marne où il y a eu 54% d'abstention dimanche. Cette électrice de gauche n'a pas non plus voté pour la première fois : "J'aurais pu voter parce qu'effectivement, je suis passée devant le bureau de vote, mais je ne voyais pas vraiment pour qui voter. J'en ai marre de faire barrage. J'irai voter la prochaine fois pour ceux qui ont des chances de gagner, qui ne sont pas forcément du côté d'Emmanuel Macron."

"On va manquer de temps"

À Bonneuil-sur-Marne, il y a aussi les endurcis de l'abstention. Fabrice, 48 ans, n'y croit plus et comprend le vote Rassemblement national. "De toute façon, à chaque fois que l'on vote, on ne nous écoute pas donc ça nous intéresse plus de voter, indique Fabrice. Et puis en fin de compte, même si on voulait aller voter on voterait blanc, mais le vote blanc n'est pas reconnu. Je pense que les gens en ont ras le bol et le seul vote 'ras le bol' qu'ils ont à l'heure d'aujourd'hui, c'est le RN. Je subis ce que les autres auront voté."

La dissolution ne change donc rien pour lui mais résonne en revanche comme un électrochoc pour certains jeunes, les plus absents des bureaux de vote, comme ces deux amis de 25 ans peu habitués des bureaux. "Ça change la donne, affirme l'un d'eux. Je ne serai pas là, mais je donnerai procuration pour donner ma voix contre la tendance actuelle." 

"C'est alarmant et j'ai beaucoup plus envie maintenant de m'intéresser au sujet. Pour l'instant, sans parti de préférence."

un jeune homme qui s'est abstenu aux européennes

à franceinfo

Convaincre ces abstentionnistes est la mission principale que se donne le député Renaissance de la 1e circonscription du Val-de-Marne. Frédéric Descrozaille est à nouveau candidat et le défi est grand selon lui : "L'arc républicain est une rhétorique que je ne reprends pas à mon compte. Maintenant, est-ce que ça va marcher pour mobiliser les abstentionnistes ? Bien sûr que non. Le problème, c'est qu'on va manquer de temps. Mais la première chose à faire, c'est de se taire pour écouter, c'est quelque chose qu'on ne fait pas assez."

"S'en remettre aux Français, c'est très bien. Le faire avec une campagne éclair, c'est quand même passer à côté de quelque chose", déplore cependant Frédéric Descrozaille. L'équipe du député de la majorité est déjà sur le pont pour prévoir les premiers évènements de campagne.

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