Infographies Législatives 2024 : 215 candidats se sont désistés pour faire barrage au RN au second tour

La date limite de dépôt des candidatures pour le second tour était fixée mardi à 18 heures. Le 7 juillet, il n'y aura que 86 triangulaires avec un candidat du parti d'extrême droite ou de ses alliés, au lieu de 299.
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Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, ici à gauche de Gabriel Attal sur la photo, s'est désistée le 2 juillet 2024 pour le second tour des législatives. (ROMAIN GAUTIER / HANS LUCAS / AFP)

CORRECTIF : Contrairement à ce que nous avons initialement écrit mardi 2 juillet au soir, sur la base de notre décompte, il n'y a pas eu 211 désistements dans des triangulaires avec un candidat RN ou allié à l'extrême droite, mais 215, selon les informations communiquées mercredi par le ministère de l'Intérieur. Nous avons également actualisé le deuxième graphique de cet article, qui sous-estimait le nombre de désistements et de maintiens de candidatures. Nous présentons toutes nos excuses à nos lecteurs.


Ils avaient jusqu'à 18 heures, mardi 2 juillet, pour se décider. D'après les chiffres définitifs du ministère de l'Intérieur, 215 candidats qualifiés pour le second tour dans une triangulaire ou une quadrangulaire ont finalement choisi de se désister dans 214 circonscriptions, afin de faire barrage au Rassemblement national. Le parti de Marine Le Pen, avec l'aide de ses alliés, a réalisé une percée historique lors du premier tour des législatives anticipées, faisant élire 39 députés dès dimanche soir et se qualifiant pour le second tour dans 446 circonscriptions.

Pour empêcher le parti d'extrême droite d'obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale (soit 289 sièges), des dizaines de candidats ont décidé de retirer leur candidature au second tour.

Le nombre de triangulaires divisé par trois

Cette vague de désistements fait nettement baisser le nombre de triangulaires comprenant un candidat du Rassemblement national et ses alliés : dimanche 7 juillet, il n'y aura donc que 86 circonscriptions concernées par ce cas de figure, contre 299 prévues initialement. Finalement, deux quadrangulaires auront lieu dans la 8e circonscription du Rhône et la 4e circonscription de la Vendée.

Des désistements systématiques à gauche

Dès dimanche, les partis du Nouveau Front populaire avaient demandé à leurs candidats arrivés en troisième position de se retirer en cas de triangulaire avec un candidat du RN. La consigne a été très largement suivie : au total, 129 candidats du NFP ont choisi de se retirer. Si l'on prend en compte les circonscriptions dans lesquelles, au premier tour, les candidats du RN et ses alliés sont soit arrivés dans les deux premiers, soit avec 5 points ou moins derrière le candidat en tête, ce sont 125 candidats du NFP qui se retirent.

Rare exception : dans l'Hérault, la candidate insoumise Magali Crozier se maintient dans la 6e circonscription, quasiment acquise à l'extrême droite, car elle sera opposée à Julien Gabarron (RN), arrivé en tête devant Emmanuelle Ménard (soutenue par le RN en 2022).

La France insoumise exigeait le retrait seulement si le RN était arrivé en tête. Ainsi, le candidat insoumis de la 10e circonscription des Yvelines, Cédric Briolais, a opté pour le maintien au second tour face à la députée sortante et ministre Aurore Bergé et à Thomas Chalard (RN). Dans un communiqué, il justifie son choix par le risque selon lui "négligeable" d'une victoire du RN dans ce territoire. Plusieurs insoumis arrivés troisièmes se désistent au profit de la majorité, comme dans la circonscription d'Elisabeth Borne.

Certains sont au contraire allés au-delà de la consigne, comme Leslie Mortreux : dans la 10e circonscription du Nord, c'est le ministre de l'Intérieur qui est arrivé en tête, talonné par le candidat RN Bastien Verbrugghe. La candidate insoumise a toutefois choisi de retirer sa candidature, appelant à "ne pas voter pour le Rassemblement national".

De nombreux retraits chez les macronistes

Au sein du camp présidentiel, Gabriel Attal a appelé lundi ses candidats arrivés en troisième position à se retirer pour empêcher l'extrême droite d'obtenir "les pleins pouvoirs". Malgré une certaine cacophonie au sein de l'alliance présidentielle, plusieurs dizaines de candidats ont fini par se retirer.

Les membres du gouvernement concernés par cette consigne ont donné l'exemple, en l'appliquant à la lettre : quatre ministres et une secrétaire d'Etat ont ainsi décidé de se retirer

En dépit des vives critiques des macronistes envers LFI, plusieurs candidats de ce bloc se retirent au profit d'insoumis, comme dans le Gard ou les Côtes-d'Armor. Malgré l'appel d'Edouard Phillipe à ne donner "aucune voix pour le RN, ni LFI", plusieurs candidats investis par son parti Horizons se retirent pour peut-être permettre à des insoumis de battre le RN. C'est le cas de Clément Tonon, en Dordogne, qui se désiste au profit de la députée sortante LFI Pascale Martin.

Dans les circonscriptions où, au premier tour, les candidats du RN et ses alliés sont soit arrivés dans les deux premiers, soit avec 5 points ou moins derrière le candidat en tête, ce sont au total 80 candidats qui se sont désistés. Dans ces circonscriptions, près d'un candidat sur cinq a toutefois décidé de se maintenir. C'est le cas de Graig Monetti (du parti Horizons) dans la circonscription d'Eric Ciotti, président contesté des Républicains qui a choisi de s'allier avec le RN. Même cas de figure dans la 1re circonscription du Val-d'Oise, où Emilie Chandler a choisi de se maintenir malgré une candidate RN arrivée en tête.

Une majorité de maintiens chez LR et ses alliés

Du côté des candidats des Républicains et divers droite, le maintien est la norme. Sur les neuf candidats concernés par un éventuel retrait dans des circonscriptions gagnables par le RN, Anthony Vadot, candidat en Saône-et-Loire, a annoncé son désistement, laissant place à un duel entre le RN et le Nouveau Front populaire. Situation similaire dans la 6e circonscription de Seine-et-Marne, où le divers-droite Régis Sarazin se retire : le second tour opposera donc le RN à LFI.

Quelques désistements sans lien avec le RN

D'autres candidats renoncent à être présents au second tour pour des motifs bien différents. Ainsi, la frondeuse Raquel Garrido, non-investie par La France insoumise, a jeté l'éponge en Seine-Saint-Denis, laissant place à un duel entre Aly Diouara, le représentant officiel du Nouveau Front populaire, et Aude Lagarde, candidate divers droite.

Le député sortant Gilles Le Gendre, dissident macroniste à Paris, s'est lui aussi désisté et appelle à voter pour une candidate socialiste contre Jean Lassucq, investi par Renaissance.

Par ailleurs, quatre candidats du RN ou de ses alliés se retirent de la course : Sylvie Jouart en Haute-Corse et Ludivine Daoudi dans le Calvados, après la diffusion d'une photo d'elle coiffée d'une casquette de nazi. Deux autres le font d'ans l'optique d'empêcher un LFI de remporter le scrutin : Sébastien Meurant, dans la 4e circonscription du Val-d'Oise, et Victoria Doucet, dans la 11e circonscription des Yvelines.

En prenant en compte ces désistements, ce sont au total 223 candidats qui ont décidé de se retirer, dans 222 circonscriptions. Le tableau ci-dessous vous permet de consulter la liste des triangulaires et des quadrangulaires, ainsi que des désistements annoncés. Vous pouvez taper le nom d'un candidat ou du département de votre choix.

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