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Réforme des retraites : ce que l'on sait des appels malveillants visant des députées RN à l'Assemblée nationale

Plusieurs élues du parti de Marine Le Pen ont reçu des appels anonymes les incitant à quitter l'hémicycle avant un vote crucial, lundi après-midi.
Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen donne une conférence de presse à l'Assemblée nationale, le 6 février 2023 à Paris. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Des députées du Rassemblement national dénoncent des tentatives d'intimidation, survenues lundi 6 février, à l'occasion du début de l'examen de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale. Trois parlementaires expliquent avoir reçu des appels malveillants destinés, selon elles, à les empêcher de siéger alors qu'elles devaient être présentes dans l'hémicycle, sous peine de voir un texte du groupe d'extrême droite annulé.

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La présidente du groupe, Marine Le Pen, a fustigé une "manœuvre" et plusieurs plaintes déposées sont en cours d'analyse, selon le parquet de Paris. Franceinfo récapitule. 

Plusieurs appels avant un vote important

Avant de débattre du fond de la réforme des retraites, les députés du Rassemblement national ont déposé une motion référendaire, lundi, visant à suspendre l'examen du texte avec lequel ils sont en désaccord. Pour que cette motion soit votée, il fallait que tous les parlementaires signataires de la motion – soit l'ensemble des membres du groupe RN – soient présents dans l'hémicycle. Or, selon Marine Le Pen, plusieurs députées ont reçu des communications malveillantes pour leur faire quitter les bancs de l'Assemblée nationale à ce moment-là.

Dans l'enregistrement vocal que la députée de la Haute-Marne Laurence Robert-Dehault a fait écouter aux journalistes, lundi soir à l'Assemblée nationale, une voix d'homme annonce que "l'un de [ses] proches vient d'être hospitalisé". Cet homme dit travailler dans un "centre hospitalier".

Anaïs Sabatini, députée RN des Pyrénées-Orientales, a diffusé auprès de plusieurs médias un message vocal d'un homme tenant des propos similaires. Egalement visée, la députée RN du Pas-de-Calais Christine Engrand raconte à France Bleu Nord avoir reçu "un appel masqué à 16h45". "J'ai aussitôt appelé l'hôpital de Calais. J'ai appelé ma fille aussi, car je pensais qu'elle avait un problème. Ma fille allait bien et personne n'était au courant d'une hospitalisation", détaille la parlementaire.

Le RN dénonce une "manœuvre" et soupçonne la Nupes, qui se défend

Très vite, le groupe comprend que plusieurs élues ont été contactées au même moment. De retour dans l'hémicycle, Marine Le Pen prend le micro pour dénoncer "un fait extrêmement grave" et évoque "quatre ou cinq députées femmes" visées. Elle déclare qu'il s'agit d'une "manœuvre qui vise à empêcher ou à distraire les députées Rassemblement national de leur présence pour voter cette motion référendaire".

La présidente Renaissance de la commission des affaires sociales, Fadila Khattabi, lui emboîte le pas. "Une fois n'est pas coutume, je vais être tout à fait d'accord avec madame Le Pen. En ce moment, nous sommes plusieurs à recevoir des lettres d'intimidation – j'en ai reçu une –, avec des menaces sur nos familles, nos enfants", a-t-elle déploré.

"Je crains, hélas, que ce soit un coup interne à cette assemblée", commente ensuite Marine Le Pen devant la presse. Le président du RN, Jordan Bardella, soupçonne à demi-mot la gauche. "Je ne veux pas accuser l'extrême gauche et la Nupes sans preuve", déclare-t-il sur BFMTV lundi soir, avant de pointer du doigt des "techniques de zadistes auxquelles s'est livrée une grande partie de l'extrême gauche pour empêcher le RN de soumettre ce texte à référendum".

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, dénonce de son côté des "pressions" et "intimidations inqualifiables". Mis en cause, la Nupes s'est défendue d'être à l'origine de ces appels. "Nous, on combat à la loyale, on n'utilise pas ça... Techniquement, je ne vois pas comment nous pourrions le faire. C'est assez scandaleux comme procédé", a fustigé le député LFI de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière au micro de franceinfo"Je ne sais pas de qui ça vient, je peux vous dire qu'aucun d'entre nous n'aurait eu l'idée d'éloigner les députées du RN par des moyens aussi odieux", a pour sa part balayé le patron du PS, Olivier Faure, mardi sur LCI.

Quatre plaintes reçues et analysées par le parquet

Dès lundi, les différentes députées visées par ces appels malveillants ont assuré qu'elles allaient porter plainte. "Nous allons trouver qui a commis cette infraction, car nous allons évidemment déposer plainte et faire analyser les messages", a promis Marine Le Pen, lundi soir. Le groupe RN précise à franceinfo que les trois députées visées par ces communications malveillantes n'ont pas été placées sous protection.

Mercredi après-midi, le parquet de Paris a confirmé à franceinfo avoir reçu "quatre plaintes émanant de députées RN", dont Marine Le Pen, en qualité de présidente du groupe. Deux concernent des SMS et une des appels malveillants. Ces plaintes, qui mentionnent des faits d'intimidation sur des parlementaires, sont en cours d'analyse, précise le parquet.

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