: Infographies Inflation : rayon par rayon, où les prix ont-ils le plus augmenté depuis un an ?
Plus de 13% de hausse des prix sur un an. Voilà l'inflation à la caisse du supermarché, d'après NielsenIQ, cabinet de suivi de la consommation. Mais les hausses sont inégales selon le rayon où vous vous trouvez. Trois d'entre eux se distinguent particulièrement : les surgelés, le frais et les produits pour animaux. Poussez votre chariot de courses dans notre supermarché pour découvrir l'inflation de chaque rayon, et les produits les plus concernés dans chacun d'entre eux.
Le premier constat, que chacun a pu faire dans son supermarché, c'est que tout augmente bel et bien. "Au tout début, en mars 2022, on regardait le nombre de catégories inflationnistes et le nombre de catégories qui ne l'étaient pas encore", se souvient Emmanuel Fournet, expert au cabinet de suivi de la consommation NielsenIQ, notre partenaire pour ce projet. "On a très vite arrêté, poursuit-il, parce que 100% des catégories de grande consommation étant sinistrées."
Dans les rayons surgelés et frais, les prix s'électrisent
Ce sont donc les surgelés qui connaissent la plus forte augmentation sur un an (+20% entre mars 2022 et mars 2023), suivis par les produits frais (+16,5%). En cause dans les deux cas, la hausse du prix de l'énergie, évidemment nécessaire pour la production et pour le maintien de la chaîne du froid.
Dans le détail, ce sont les produits surgelés salés comme les pizzas qui ont le plus augmenté, alors que les surgelés sucrés eux ont pour l'instant progressé moins vite. En revanche, ils marquent une vraie accélération en ce début d'année avec les records battus par le cours du sucre sur les marchés internationaux depuis plusieurs mois.
Au rayon frais, Emmanuel Fournet de NielsenIQ, rappelle que les matières premières ont évidemment aussi joué un rôle. "Le lait est une matière première sanctuarisée en France, avec un prix reversé aux producteurs qui est très clairement fixé", explique l'expert. Les rayons charcuterie et jambon ont aussi beaucoup augmenté l'an passé "parce que pour nourrir un animal, il faut de la céréale, en particulier du blé", céréales dont les prix ont explosé après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Dans le rayon des produits animaux, les croquettes ne cessent de grimper
"Fabriquer de la nourriture pour animaux, c'est très énergivore. Et puis dans les produits pour animaux, il y a de la viande, des céréales, et ces produits-là ont beaucoup augmenté en 2022 et encore début 2023", détaille Emmanuel Fournet de NielsenIQ pour expliquer les hausses constatées sur les croquettes pour chiens et chats (+18% sur un an).
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Des hausses qui font mal au portefeuille : concrètement, le kilo de croquette pour chats a augmenté en moyenne de 50 centimes depuis mars 2022, celles pour chiens de 30 centimes. Au global, en incluant les litières par exemple, les prix des produits pour animaux ont augmenté de 15%. C'est le troisième rayon le plus inflationniste.
L'épicerie salée coûte de plus en plus de blé
Les mois se suivent et se ressemblent du côté de l'épicerie salée. Avec la guerre en Ukraine d'un côté pour le blé, les mauvaises récoltes de riz en Inde et au Pakistan de l'autre à cause des dérèglements du climat, le prix des céréales n'a cassé d'augmenter, causant des répercussions sur l'ensemble de la filière. Le kilo de farine premier prix, dont on suit l'évolution des prix dans le panier de courses franceinfo, a ainsi augmenté de 20 centimes en un an.
Au final, entre mars 2022 et mars 2023, les prix dans ce rayon ont bondi de 14,9%, une inflation repartie à la hausse en janvier, après une légère accalmie en décembre. L'anticipation puis l'application des résultats des négociations commerciales entre distributeurs et industriels, explique cette nouvelle hausse.
Épicerie sucrée, boissons... Le sucre cause une nouvelle hémorragie des prix
Gâteaux, glaces, sirops, confitures... Depuis le mois de janvier, l'inflation est fortement repartie à la hausse sur certains produits. L'inflation sur les rayons de l'épicerie sucrée et des boissons sans alcool a gagné plus de 3 points entre décembre et mars. En cause, la flambée des cours du sucre sur les marchés internationaux qui a des répercussions sur tous les produits qui en contiennent, en plus de conséquences très fortes sur le prix des paquets de sucre en grande surface.
Hygiène, bébé, entretien : des hausses moins fortes mais aux conséquences très dures
La précarité hygiénique progresse en France. C'est le constat fait par l'association "Dons solidaires", dans son baromètre annuel réalisé conjointement avec l'Ifop. Et si celle-ci gagne du terrain, c'est bien parce que les produits hygiéniques augmentent.
Les hausses de prix dans ces rayons sont toutefois plus modérées que dans l'alimentaire. Ces rayons "ne sont pas concernés par la loi qui oblige à revendre avec une marge de 10% les produits. Ça permet de limiter l'inflation", souligne Emmanuel Fournet. Quelques produits augmentent bien plus fortement, comme les couches bébé, l'essuie-tout ou le papier toilette. Tous ont en commun d'être produits à base de pâte à papier, une matière première dont le coût a très fortement augmenté en 2022, et de nécessité beaucoup d'énergie pour être produits.
Dans les rayons, cela se traduit par des hausses non-négligeables. Le paquet de couches pour bébé a ainsi augmenté, en moyenne, toutes marques confondues, de 1,25 euro sur un an. Côté protections périodiques, une boîte de tampons se vend aujourd'hui 25 centimes de plus qu'en mars 2022, une boite de serviettes coûte, elle, 30 centimes supplémentaires.
Le rayon alcool rattrape son retard
"L'alcool est un cas un peu particulier", concède Emmanuel Fournet. Comme les produits d'entretien ou d'hygiène, il n'est pas concerné par l'obligation de revendre avec 10% de marge. "La deuxième explication, c'est que souvent sur l'alcool, la production se fait vraiment longtemps en amont. La récolte, le fait que le produit est stocké un certain temps dans des caves, etc. fait que le coût de la matière première est bien en amont du moment où on retrouve le produit en rayon", explique encore l'expert de NielsenIQ.
"Depuis le début de l'année 2023, on commence à rentrer dans une période où les viticulteurs, les producteurs de spiritueux, ont été eux aussi concernés par des hausses de prix sur la matière première de leurs produits, poursuit-il, et donc, c'est pour ça qu'on commence à voir des hausses de prix." De fait, bien que très stable, autour de 6,7% en novembre et décembre 2022, l'inflation sur les alcools a pris deux points de pourcentage depuis la fin 2022. Aujourd'hui, l'inflation dans ce rayon s'établit à 8,7%. "Il y a un bel effet rattrapage", conclut Emmanuel Fournet.
Méthodologie
franceinfo et France Bleu se sont associés au cabinet NielsenIQ, spécialisé dans la consommation, pour suivre l'inflation au plus près du ticket de caisse. NielsenIQ a fourni à franceinfo les chiffres des hausses de prix sur des dizaines de milliers de catégories de produits, que nous avons regroupés pour reconstituer l'inflation sur les principaux rayons des supermarchés. Une opération que nous avons reproduite sur les données allant de novembre 2022 à mars 2023.
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