: Infographies Inflation : la précarité menstruelle et le renoncement aux produits d'hygiène progressent fortement
"Comment se sentir digne lorsqu'on manque de produits aussi essentiels que des protections menstruelles ?" La question est posée par Dominique Besançon, déléguée générale de l'association Dons solidaires. "2,8 millions de femmes sont confrontées de façon régulière à la précarité menstruelle, c'est-à-dire que chaque mois, elles se trouvent sans protection menstruelle suffisante durant leurs règles. Elles étaient 1,7 million à le déclarer dans le baromètre 2021", dit-elle en détaillant les résultats du dernier baromètre que l'association mène en partenariat avec l'Ifop sur l'hygiène des Français.
>> INFOGRAPHIES. Inflation : rayon par rayon, où les prix ont-ils le plus augmenté depuis un an ?
La cause de cette progression ? L'inflation, au moins en grande partie, qui continue de progresser mois après mois depuis le début de l'année. Car le rayon de l'hygiène n'est pas épargné par la hausse des prix. Même s'il est celui où l'inflation est la plus faible dans vos supermarchés, à 8,6% sur un an en mars 2023 d'après les données fournies par notre partenaire, le cabinet NielsenIQ, les augmentations de certains produits peuvent peser lourdement dans le budget. Ainsi, les boîtes de serviettes hygiéniques ont augmenté en moyenne, toutes marques confondues, de 25 centimes par boîte depuis mars 2022. Et sur la même période, les boîtes de tampons ont vu leur prix grimper de 30 centimes.
Des hausses expliquées à la fois par l'augmentation du prix du papier et celles des emballages cartons et plastiques, détaille Emmanuel Fournet, directeur analytique chez NielsenIQ. "Les témoignages que nous avons des femmes que nous interrogeons montrent la réalité de cette précarité au quotidien. Certaines disent 'je me prive pour laisser plus de protection mensuelle à mes filles', 'je mets personnellement du papier toilette', raconte Dominique Besançon. La précarité menstruelle gagne très clairement du terrain."
"Des femmes vont se dépanner avec du coton, des mouchoirs, du papier sopalin, des gants de toilette. Au-delà du problème sanitaire, c'est une réelle atteinte à l'estime de soi, à la dignité."
Dominique Besançon, déléguée générale de l'association Dons solidairesà franceinfo
Un Français sur trois a renoncé à acheter des produits d'hygiène à cause de leur prix
Outre la précarité menstruelle, c'est la précarité hygiénique dans son ensemble qui progresse. Car lorsque tout augmente, des pâtes aux croquettes pour animaux, de l'électricité aux couches bébé, les produits d'hygiène sont souvent une variable d'ajustement. Un Français sur trois dit ainsi avoir limité sa consommation de produits d'hygiène, d'après ce même baromètre de Dons solidaires et l'Ifop. "C'est le constat vraiment très alarmant de ce troisième baromètre", regrette Dominique Besançon.
"La précarité hygiénique n'est plus l'apanage des personnes les plus précaires, des bénéficiaires des associations. Elle s'immisce aujourd'hui toujours plus dans les foyers français."
Dominique Besançon, déléguée générale de l'association Dons solidairesà franceinfo
La responsable de Dons solidaires souligne d'ailleurs le dilemme souvent posé aux parents, "qui font des arbitrages en faveur de leurs enfants", "qui renoncent aux produits d'hygiène pour que leurs enfants puissent avoir un gel douche, un shampoing, un savon". Et avec l'explosion du prix des couches et aliments pour bébé, cette nécessité d'arbitrer s'accentue particulièrement pour les jeunes parents de mois en mois.
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